Les habitants ont perdu bien plus que des biens matériels lors de la tempête de vendredi. Ils ont également perdu leur sentiment de sécurité dans leurs foyers ainsi que leur confiance dans les infrastructures publiques.
Publié le 13 août 2024 • Dernière mise à jour il y a 11 heures • Lecture de 4 minutes
Les débris laissés par Debby jonchent les trottoirs de Montréal, plusieurs jours après que les restes de la tempête tropicale aient frappé la région, déversant l’équivalent d’un mois de pluie en quelques heures.
Des sacs poubelles noirs s’accumulent. Des plaques de plâtre arrachées et des tapis imbibés d’eaux usées sont empilés aux côtés de canapés moisis. Des boîtes détruites contenant des souvenirs précieux, soigneusement rangées avant que les sous-sols ne soient inondés, témoignent du chagrin causé par la tempête.
Sur l’île de Montréal et dans les régions environnantes, les scènes sont identiques. Les sentiments de tristesse, d’impuissance et de frustration se font ressentir chez ceux qui ont été touchés et qui continuent de faire face aux conséquences.
De l’arrondissement de St-Laurent à St-Lin-Laurentides, de Pincourt à Dollard-des-Ormeaux, le changement climatique s’est manifesté de manière à la fois prévisible et personnelle.
Les habitants n’ont pas seulement perdu des biens matériels lors des pluies diluviennes qui ont frappé la ville. Ils ont également perdu leur sentiment de sécurité dans leurs foyers, leur confiance dans les infrastructures publiques et leur foi dans les systèmes qui devraient les protéger matériellement et financièrement en cas de catastrophe.
Des Montréalais ont dû être secourus lorsque des sous-passages se sont remplis d’eau si rapidement que les autorités n’ont pas eu le temps d’ériger des barricades.
Le pont Île-aux-Tourtes a dû être fermé en raison de l’inondation dans la zone de construction. L’autoroute 13 reste fermée à Dorval, près de l’aéroport Trudeau.
Ce ne sont là que quelques-unes des routes notables devenues impraticables. Des routes ont été emportées ou transformées en rivières dans des communautés à travers le Québec.
Alors que ces catastrophes deviennent de plus en plus intenses, fréquentes et étendues — et que le réchauffement climatique perturbe de plus en plus les modèles météorologiques — nos filets de sécurité ne parviennent pas à suivre. Tout le monde est débordé, des propriétaires individuels aux ressources municipales, en passant par les infrastructures provinciales et les compagnies d’assurance.
Que ce soit pour une pompe de puisard dans un sous-sol ou pour les égouts, les autoroutes ou les ponts de la ville, les experts en assurance ou les équipes de démolition, tous les systèmes sont mis à rude épreuve.
On parle de résilience et d’adaptation pour faire face aux ravages de la crise climatique. Mais ces efforts ne peuvent rivaliser avec la rapidité de ce changement dévastateur.
Montréal met en place des parcs et des rues « éponges » pour absorber les eaux de ruissellement des fortes pluies qui peuvent déborder des drains pluviaux, mais la construction de ces infrastructures ne progresse pas assez vite. Pourtant, il existe encore une pression à travers le Québec pour construire des développements sur des zones humides, des forêts, des champs et d’autres espaces naturels, y compris des terrains de golf, qui remplissent déjà cette fonction essentielle.
Cette fois-ci, 55 villes et villages ont été touchés par les inondations. Combien seront touchés la prochaine fois ? Car il y aura une prochaine fois. Ce n’est pas une question de « si », mais de « quand ». Ce qui était autrefois la tempête du siècle, de la décennie ou de l’année est désormais un événement presque saisonnier.
Récemment, nous avons oscillé entre incendies et inondations selon les régions du Canada. Jusqu’à présent, 2024 a été une année marquée par des tornades et des pannes de courant au Québec. L’année dernière, le nord du Québec envoyait des panaches de fumée provenant d’incendies de forêt jusqu’à des endroits aussi éloignés que New York. Nous peinons à nous remettre d’une urgence avant qu’une autre ne survienne.
Les pertes assurables dues au changement climatique ont dépassé 3 milliards de dollars au Canada pour la deuxième année consécutive en 2023.
Les coûts d’assurance en hausse : un fardeau croissant pour les Canadiens
Les primes d’assurance continuent d’augmenter, un phénomène qui touche tous les Canadiens, comme l’indique le Bureau d’assurance du Canada. Cette hausse des coûts est souvent le résultat de catastrophes naturelles, et ceux qui subissent des dommages à leur domicile peuvent faire face à des surprises désagréables. Même avec une assurance, il est possible que certaines formes de dommages causés par l’eau ne soient pas couvertes, en raison des clauses spécifiques des contrats.
Les conséquences des catastrophes climatiques
À mesure que les catastrophes se multiplient, la responsabilité est souvent attribuée à divers acteurs. Les assureurs commencent à remettre en question le paiement des réclamations, surtout lorsque des inondations causées par des égouts municipaux débordants se produisent. Dans de tels cas, ils exigent que les municipalités prennent des mesures pour résoudre ces problèmes avant d’indemniser les sinistrés. Cependant, la réparation des infrastructures, comme les conduites d’eau, représente un coût élevé et nécessite un temps considérable, ce qui complique la situation.
Les défis des municipalités
Les villes ne peuvent pas assumer seules le coût de ces réparations. En 2022, les municipalités du Québec ont demandé plus de 2 milliards de dollars pour s’adapter à la crise climatique, mais la province n’a accordé qu’une fraction de cette somme. Cette situation met en lumière le manque de ressources financières pour faire face aux défis croissants liés aux changements climatiques.
Une réalité partagée
Si votre domicile n’a pas été touché par des événements climatiques récents, il est probable que vous connaissiez quelqu’un qui a subi des pertes. Les catastrophes liées au climat, qu’il s’agisse d’inondations, d’incendies ou d’autres phénomènes extrêmes, affectent de plus en plus de personnes. Même ceux qui ont jusqu’à présent échappé à ces impacts doivent se préparer à d’éventuelles conséquences futures.
Conclusion
La montée des coûts d’assurance et les défis d’infrastructure auxquels font face les municipalités soulignent l’urgence d’une action collective. Il est essentiel que les gouvernements, les assureurs et les citoyens collaborent pour trouver des solutions durables face à la crise climatique qui s’intensifie.