La tendance de la « stretchflation », où la taille d’un produit augmente mais son prix grimpe de manière disproportionnée, semble avoir fait son apparition au Canada.

Publié le 13 août 2024  •  Dernière mise à jour il y a 14 heures  •  Lecture de 3 minutes

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La stretchflation, d’abord signalée en Europe, consiste à augmenter la quantité d’un produit tout en faisant grimper son prix de manière disproportionnée. Photo par Kelly Clark /La Presse canadienne

Il existe la « shrinkflation », que tout le monde déteste — lorsque la quantité diminue mais que le prix reste le même — et la « shelflation », où la durée de conservation d’un produit est compromise en raison de problèmes d’approvisionnement.

Ces phénomènes, présents depuis des décennies, contribuent à l’augmentation des prix des courses. Cependant, la « stretchflation » semble être une nouvelle tendance dans nos supermarchés.

La stretchflation, initialement observée en Europe, implique une augmentation de la quantité d’un produit, tandis que son prix augmente de manière disproportionnée. C’est une méthode plus insidieuse pour tromper les consommateurs.

Un exemple non vérifié concerne le provolone tranché de Saputo vendu chez Costco. La taille de l’emballage est passée de 620 grammes à 750 grammes, soit une augmentation de 20 %. Cependant, le prix des 750 grammes dépasse 15 $, ce qui représente une hausse de plus de 25 %, selon certaines sources. Il semble que certains produits de boulangerie aient également été touchés récemment par ce phénomène.

La stretchflation est difficile à détecter car son approche est assez subtile.

Pour l’instant, ces cas sont rares dans nos allées de supermarché, mais nous pourrions en voir davantage à l’avenir. Le récent mécontentement des consommateurs face à la shrinkflation pousse les fabricants et les distributeurs à offrir plus, mais ils semblent également demander davantage en retour avec la stretchflation.

Le dénominateur commun de toutes ces stratégies est le contexte économique des matières premières. Le prix du sucre a augmenté d’environ 50 % par rapport à il y a cinq ans, et le cacao a connu une hausse de 103 %. Les prix du jus d’orange atteignent des sommets historiques.

Il y a toujours un ingrédient dont le prix connaît une flambée pour une raison ou une autre. Soit certains ingrédients augmentent de manière exponentielle, soit les prix fluctuent énormément, comme on l’a vu avec le blé et d’autres matières premières au début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022.

Les fabricants doivent s’adapter pour maintenir leur part de marché. Mais la stretchflation est différente.

La motivation principale est probablement de défendre l’image de l’industrie, et non seulement de réduire les coûts et d’offrir moins. Pendant environ 20 ans, à partir de la phase inflationniste du début des années 1980, l’achat en gros était à la mode. « Le grand était roi », comme on dit.

Depuis lors, il y a eu deux grands cycles de shrinkflation : en 2008-09 et plus récemment, de 2022 à aujourd’hui. Le cycle récent de shrinkflation a probablement pris fin plus tôt cette année, mais la réponse de l’industrie semble être la stretchflation.

On pourrait toujours souhaiter légiférer pour empêcher les entreprises de modifier les quantités. Mais cela risque d’entraîner une augmentation des prix, et il n’y a rien d’illégal à cela.

Cependant, ces tactiques sont une nuisance pour nous tous. L’aspect le plus préoccupant de ces stratégies de réduction ou d’augmentation des quantités est leur impact sur nos factures et la manière dont Statistique Canada mesure leur effet sur l’inflation alimentaire.

Bien que l’agence fédérale nous assure qu’elle surveille l’effet de ces stratégies sur l’inflation alimentaire, elle fournit rarement des exemples clairs de la manière dont elle ajuste sa méthodologie en conséquence.

Un autre problème concerne les taxes sur les ventes au détail. De nombreux produits alimentaires perdent leur statut d’exemption fiscale si la quantité est trop réduite. C’est le cas pour les glaces, les puddings ou même les barres de granola, par exemple.

Lire les règles sur ce qui est taxable ou non dans les supermarchés est compliqué. Avec les changements de quantité, de nombreux produits deviennent taxables simplement parce que la quantité a été réduite, ou vice versa.

En plus de vouloir légiférer, le manque de transparence sur nos factures de supermarché concernant les taxes est probablement le problème le plus pressant à résoudre.

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