Publié le 10 août 2024 • Dernière mise à jour il y a 1 heure • Lecture de 4 minutes
Pour la sénatrice Paula Simons, l’emplacement de l’ancien Musée Royal de l’Alberta (RAM) représente un symbole de l’histoire riche et complexe de l’Alberta, en particulier pour les générations d’Albertains qui ont visité ses expositions.
Depuis que le gouvernement UCP a annoncé son projet de démolir le bâtiment du RAM, Simons et de nombreux Albertains ont exprimé leur tristesse et leurs inquiétudes face à cette décision. Selon elle, cette structure de 56 ans, construite en pierre de Tyndall du Manitoba, mérite d’être préservée et reconnue comme site patrimonial.
« Ce bâtiment appartient à chaque Albertain. C’est une œuvre architecturale magnifique, ornée d’art sculpté dans ses murs. Que sommes-nous en train de faire ? » a-t-elle déclaré.
Le 1er août, Alberta Infrastructure a annoncé son intention de transformer le site du RAM en un espace vert où « les familles pourront se retrouver à nouveau ». Le projet prévoit la démolition du bâtiment principal du RAM tout en préservant les structures de la Maison du Gouvernement et de la Carriage House.
Simons a exprimé son sentiment que cette annonce a été faite de manière stratégique, un jeudi après-midi avant un long week-end, dans l’espoir qu’elle passe inaperçue.
« Je pense simplement que cela a été oublié par le public. Les gens n’y ont pas pensé depuis un moment et, à moins de vivre dans le quartier, cela ne leur vient pas à l’esprit. Si vous avez moins de 25 ans, vous n’y êtes même jamais entré », a-t-elle ajouté.
Marlene Wyman, ancienne historienne de la ville d’Edmonton et ancienne archiviste au RAM, s’oppose également à la démolition. Elle fait partie des nombreux citoyens qui ont écrit à Postmedia pour exprimer leur déception.
« Dans une province aussi jeune que la nôtre, je ne pense pas que nous valorisons suffisamment notre histoire », a déclaré Wyman.
Coûts de l’Entretien des Bâtiments Inutilisés
Le ministère des Infrastructures de l’Alberta a révélé qu’il consacre chaque année 700 000 $ à l’entretien d’un bâtiment qui reste inoccupé.
Des défis tels que l’élimination de l’amiante et d’autres besoins de maintenance rendent les coûts de rénovation ou de réaffectation du bâtiment du RAM excessivement élevés, atteignant environ 150 millions de dollars, dont 75 millions de dollars pour des travaux d’entretien différés. En revanche, le coût de démolition du bâtiment est estimé entre 22 millions et 48 millions de dollars.
Cependant, cette justification ne convainc pas des personnes comme Simons ou Wyman.
Wyman, qui a travaillé pendant 25 ans dans les archives du RAM, a également été membre du comité de santé et de sécurité du bâtiment. Elle a déclaré que le comité avait engagé un spécialiste de l’amiante pour réaliser une enquête de sécurité, qui a conclu que le bâtiment était sûr tant que l’amiante n’était pas perturbée. Wyman craint que cela ne se produise inévitablement si le bâtiment est démoli.
Une page web de la ville d’Edmonton sur la gestion de l’amiante dans les bâtiments municipaux précise que « l’amiante est inoffensive si elle est contenue, mais devient un danger pour la santé lorsque les fibres sont perturbées et deviennent aériennes. Les fibres peuvent être libérées dans l’air lorsque des produits contenant de l’amiante se dégradent ou sont altérés par le perçage, la découpe, le meulage, le polissage, etc. »
Débat sur la Sécurité et la Démolition
« Une partie de l’argumentation du gouvernement repose sur le fait qu’il est trop coûteux d’éliminer l’amiante en toute sécurité, » a déclaré Wyman. « Cependant, même avec la démolition, l’amiante devra être retirée avant que celle-ci ne soit effectuée. Ainsi, réaffecter le bâtiment sans exposer l’amiante serait plus sûr que de procéder à sa démolition. »
Le Patrimoine en Danger : Le Cas du Royal Alberta Museum
En 2016, le National Trust du Canada a inscrit le Royal Alberta Museum (RAM) sur sa liste des dix espaces menacés, soulignant l’intention du gouvernement NPD de transformer le site en un espace vert ouvert. Ils ont décrit le bâtiment comme un « exemple remarquable de l’architecture moderne du milieu du siècle », mettant en avant sa façade sud ornée de reproductions de gravures de pétroglyphes des Premières Nations.
Bien que le toit du bâtiment nécessite des réparations, il est par ailleurs en excellent état. Selon les experts, une réutilisation de ce bâtiment de grande qualité, très apprécié, serait sans aucun doute une option plus durable.
Pour Simons, le RAM représente bien plus que les matériaux qui le composent. À ses yeux, ce musée est une occasion pour les Canadiens de réfléchir à la beauté et à la laideur de notre histoire nationale.
Réflexions sur notre Histoire Coloniale
« Nous faisons face à un défi en tentant de comprendre notre passé colonial et le racisme qu’il véhicule. Il est plus facile d’effacer les éléments problématiques. Nous devons trouver comment intégrer ce passé dans notre avenir. C’est là le véritable rôle d’un musée », déclare-t-elle.
Le ministère des Infrastructures de l’Alberta a mis en place un sondage en ligne pour permettre aux Albertains de participer à la conception du nouvel espace vert, bien qu’il n’y ait pas d’option pour s’opposer à la démolition. De plus, le ministère affirme collaborer étroitement avec les communautés autochtones dans la planification du site.
Cependant, Wyman considère que ces initiatives manquent de sincérité. « Je pense que la consultation est une formalité, surtout qu’il n’y a aucune possibilité de donner son avis sur le bâtiment lui-même, seulement sur ce que nous souhaitons pour l’espace vert », ajoute-t-il.
Mobilisation pour Sauver le Bâtiment
Parallèlement, une pétition en ligne a été lancée pour ceux qui souhaitent préserver l’ancien bâtiment du RAM. Cette mobilisation témoigne d’un intérêt croissant pour la sauvegarde du patrimoine architectural et culturel de la région.
Coûts de Démolition et Réactions
Le gouvernement de l’Alberta estime que la démolition du bâtiment coûtera entre 22 et 48 millions de dollars. Cette décision suscite des débats passionnés parmi les citoyens, certains la qualifiant de gaspillage et de manque de vision à long terme.
Les discussions autour de la démolition du RAM soulèvent des questions cruciales sur la préservation du patrimoine et la manière dont nous choisissons de raconter notre histoire collective. La nécessité de trouver un équilibre entre le développement urbain et la conservation du patrimoine est plus pressante que jamais.