Vingt Ans Après l’Attaque du Camp de Réfugiés de Gatumba : Les Victimes Poursuivent en Justice
Des survivants et des proches des victimes de l’attaque survenue en 2004 au camp de réfugiés de Gatumba, au Burundi, ont déposé des plaintes pénales contre les présumés responsables dans leurs pays d’origine, à savoir le Burundi, le Rwanda et la République Démocratique du Congo. Ces démarches, qui évoquent des allégations de génocide et de crimes contre l’humanité, visent à obtenir justice deux décennies après les faits. L’avocat impliqué dans ces affaires a également informé la Cour Pénale Internationale à La Haye de cette situation.
Les Détails de l’Attaque
Le 13 août 2004, les Forces Nationales de Libération (FNL) ont ciblé principalement des réfugiés Banyamulenge, des Tutsis congolais de la province du Sud-Kivu, au camp de Gatumba, situé près de la frontière congolaise. Plus de 150 civils ont perdu la vie et 106 autres ont été blessés. Ces réfugiés avaient fui les combats en République Démocratique du Congo. Le FNL, un mouvement rebelle burundais majoritairement hutu, a ouvert le feu et a incendié les réfugiés Banyamulenge, tout en épargnant ceux d’autres groupes ethniques ainsi que les Burundais présents dans le camp.
Inaction des Forces Armées et de l’ONU
Des recherches menées par Human Rights Watch à l’époque ont révélé que les forces armées burundaises n’ont pas intervenu, malgré la proximité de camps militaires. Les soldats de la force de maintien de la paix des Nations Unies n’ont pas pu protéger les réfugiés, ayant été informés de l’attaque uniquement après qu’elle ait eu lieu.
Responsabilité et Conséquences
Peu après le massacre, le FNL a revendiqué l’attaque. Cependant, quelques années plus tard, son porte-parole de l’époque, Pasteur Habimana, a nié avoir fait cette déclaration. En 2009, le groupe armé a déposé les armes et s’est transformé en parti politique, marquant ainsi la fin de la guerre civile.
Les Procédures Judiciaires et les Retards
En 2004, les autorités burundaises avaient émis des mandats d’arrêt contre deux dirigeants du FNL, dont Agathon Rwasa, une figure de l’opposition. Cependant, il n’a jamais été appréhendé. En septembre 2013, les autorités judiciaires ont annoncé l’ouverture d’une enquête contre Rwasa pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis à Gatumba, mais les procédures ont été suspendues indéfiniment.
Les nouvelles plaintes impliquent explicitement Rwasa et Habimana, selon l’avocat en charge des affaires. Malgré les années de retard, poursuivre les responsables de ce massacre atroce pourrait apporter un certain apaisement aux victimes et prouver que la justice peut être rendue pour les pires atrocités de la région des Grands Lacs.