La lutte contre la violence de genre : Un appel à l’action

À l’occasion de la Journée internationale des femmes, il est crucial de reconnaître que la société sud-africaine demeure un environnement dangereux pour les femmes et les filles. La domination masculine et la violence, en particulier dans les relations intimes, continuent de frapper notre communauté.

Un constat alarmant

Malgré les millions investis dans des campagnes et des initiatives visant à éradiquer la violence basée sur le genre (VBG), y compris le féminicide et les agressions sexuelles, les changements significatifs dans les comportements et les mentalités se font toujours attendre. Il est évident que nous devons adopter une nouvelle approche, en commençant par la valorisation de chaque individu.

Éduquer dès le plus jeune âge

Nous avons perdu de vue notre humanité commune. Il est impératif de changer cette dynamique en éduquant les enfants dès leur plus jeune âge, avant qu’ils ne deviennent des produits de leur environnement social. De nombreux garçons grandissent en observant que les hommes sont valorisés au-dessus des femmes, et que l’agression et la domination sont des comportements acceptables. Beaucoup d’entre eux sont exposés à la violence domestique, ce qui leur fait percevoir cette situation comme normale.

Programmes éducatifs structurés

Pour remédier à cette situation, il est essentiel de développer et de mettre en œuvre des programmes éducatifs qui soulignent la valeur de chaque être humain. Ces programmes doivent enseigner aux enfants à se respecter mutuellement et à comprendre que, peu importe leur identité de genre, tous sont égaux. À mesure qu’ils grandissent, il est crucial de continuer à leur rappeler que la dévaluation des femmes engendre l’inégalité et d’autres formes de violence, y compris la VBG et le féminicide.

Initiatives de transformation à l’université

Au sein du Bureau de transformation de l’Université Nelson Mandela, nous sommes conscients de l’impact de la socialisation et nous travaillons sans relâche pour changer cette réalité. Nous proposons des programmes, des ateliers et des services destinés à nos étudiants et au personnel pour aborder la VBG et promouvoir la dignité humaine, l’égalité, l’équité, le non-sexisme et le non-racisme. Nous collaborons également avec diverses institutions éducatives et ONG pour aborder des questions telles que la masculinité positive et l’inclusion sociale, y compris pour les personnes LGBTQI.

Soutien aux victimes de violence

En réponse aux traumatismes causés par la VBG et d’autres formes de discrimination, nous offrons un accompagnement aux survivants et d’autres formes de soutien. Nos politiques universitaires affichent une tolérance zéro envers toutes les formes de comportements discriminatoires, y compris la VBG. Notre objectif est que chaque étudiant et membre du personnel s’engage à réfléchir sur ses attitudes et comportements, devenant ainsi des agents de changement dans la société.

Campagnes de sensibilisation

Nous avons mis en place plusieurs campagnes, comme la campagne « Memeza! Yellow Whistle », qui utilise des sifflets en cas d’urgence. Sur le campus, nous avons désigné des premiers intervenants, y compris des membres des comités de résidence, et des agents de sécurité formés pour répondre aux alertes. Nous surveillons également les zones à risque de VBG autour du campus, et bien que nous progressions, il reste encore beaucoup à faire.

Challenger les attitudes toxiques

Lors de mes échanges avec des étudiants masculins, je constate que beaucoup d’entre eux conservent des attitudes toxiques, profondément ancrées dans la croyance de leur domination sur les femmes. Cette situation rappelle l’apartheid, où un groupe jouissait d’un privilège injuste. Bien que cela soit inacceptable, il est difficile de renoncer à ce pouvoir.

Un héritage de déshumanisation

L’effet déshumanisant de l’apartheid a contribué à créer une société violente et traumatisée. Cette normalisation de la violence doit être déconstruite. Notre Bureau de transformation s’engage à inverser cette tendance et propose des ressources accessibles à tous. En tant qu’université au service de la société, nous collaborons avec nos communautés pour réparer les dommages causés dès l’enfance.

Intégration de la pensée critique dans l’éducation

Je suis convaincu qu’il est essentiel d’intégrer des programmes de pensée critique dans tous les cursus pour aider les jeunes à comprendre les dynamiques de la socialisation et les comportements qui favorisent la violence.

Statistiques préoccupantes

Entre le 1er janvier et le 31 juillet de cette année, la majorité des plaintes reçues concernaient des agressions sexuelles de la part d’hommes envers des femmes, avec une augmentation alarmante des cas de violence entre partenaires intimes, passant de 11 % l’année dernière à 20 % cette année. Les résidences hors campus demeurent des zones à risque.

Mesures de réponse et de prévention

Toutes les plaintes sont examinées et traitées. Selon la gravité des comportements, nous proposons des médiations, des conseils ou nous les orientons vers nos services juridiques et les comités disciplinaires. En cas de condamnation pour des infractions graves, comme le viol, l’étudiant est expulsé et la victime peut engager des poursuites. Nous disposons également d’un refuge pour les victimes de VBG.

Encourager la réflexion et le changement

Pour modifier les schémas de violence, nous avons intensifié les discussions où les participants réfléchissent à des moments de leur vie où ils ont été violents. Nous incitons nos étudiants masculins à remettre en question les attitudes héritées de domination et d’intimidation.

Promouvoir des relations saines

Nous explorons les normes de genre et les attentes sociétales, en examinant comment elles conduisent à l’acceptation de l’abus et à des comportements toxiques. Pour instaurer un nouveau modèle, nous organisons des sessions sur la masculinité positive et son rôle dans l’établissement de relations saines et égalitaires. Nous abordons également la vulnérabilité et encourageons un dialogue ouvert sur l’expression émotionnelle et la santé mentale.

Engagement continu et sécurité sur le campus

Nous poursuivrons toutes ces initiatives et, en parallèle, nous devons être proactifs pour protéger nos étudiants. Nous proposons des cours d’autodéfense et avons récemment lancé le Forum de sécurité communautaire du campus en collaboration avec la police sud-africaine sur nos sept campus.

Vers un avenir plus sûr

Cette initiative fait suite à l’appel du président Cyril Ramaphosa pour un programme national visant à sécuriser les campus. Des projets futurs incluent la création d’un espace de sécurité pour les étudiants qui doivent quitter leur résidence en raison de menaces de violence.

Il est souvent dit que nos campus sont un microcosme de la société, et c’est indéniablement vrai. Nos étudiants et notre personnel sont le reflet de notre société, avec des croyances et des comportements ancrés dès le plus jeune âge. Notre souhait le plus cher est de déconstruire la violence et les préjudices normalisés, et c’est pourquoi je réitère l’importance d’un changement proactif des normes, en commençant par nos jeunes enfants.

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