Préoccupations Renouvelées aux Îles Aru : Le Projet de Ranch de Bétail
L’arrivée du navire J7Explorer, propriété du magnat du charbon Haji Isam, a ravivé des inquiétudes aux Îles Aru concernant un projet de transformation des forêts en un ranch de bétail de 60 000 hectares. Haji Isam, un homme d’affaires influent avec des liens familiaux étroits au sein du gouvernement indonésien, est venu pour réaliser une étude de terrain.
Un Passé Troublé par la Déforestation
Les Îles Aru ont déjà été confrontées à une menace similaire lorsque l’ancien dirigeant de district, Theddy Tengko, a cédé des terres pour une plantation de sucre. Tengko, qui a été condamné pour avoir détourné près de 5 millions de dollars, avait annulé le statut de conservation des forêts tropicales sans consulter les populations autochtones.
Des militants, notamment ceux derrière la campagne internationale #SaveAru, ont réussi à s’opposer à la plantation de sucre, utilisant les réseaux sociaux et le soutien international pour dénoncer les illégalités. Aujourd’hui, les efforts se concentrent sur la prévention de nouveaux projets de déforestation, avec des communautés locales et des activistes unis contre toute tentative de défrichement.
Une Arrivée Inquiétante
Le 13 mai, lorsque le J7Explorer a accosté, certains habitants des Îles Aru ont d’abord pensé qu’il s’agissait d’un navire de guerre indonésien. En s’approchant, le navire, bien plus grand que les SUV garés à proximité, a suscité des interrogations. Theo Pekpekay, un jeune activiste, a exprimé ses craintes : « C’est un signe clair qu’une nouvelle menace se profile. »
Les inquiétudes persistent quant à la possibilité que cette petite archipel soit bientôt déboisée pour faire place à un ranch de bétail. Le propriétaire du navire, Andi Syamsuddin Arsyad, connu sous le nom de Haji Isam, est un homme d’affaires influent originaire de Kalimantan.
Un Contexte Historique de Corruption
Dans les années 2000, Theddy Tengko, alors élu des Îles Aru, avait signé la conversion de la majorité des terres de l’archipel en plantations de sucre. Accusé de corruption, il a été condamné en 2012, mais a échappé à la prison jusqu’en 2013. Il est décédé en détention l’année suivante. Pendant son mandat, Tengko avait discrètement annulé le statut de conservation des forêts sans consulter les populations locales.
Les habitants des Îles Aru ont d’abord protesté contre le projet de canne à sucre, mais ce n’est qu’avec l’aide d’activistes d’Ambon que leur cause a gagné en visibilité. La campagne #SaveAru a utilisé les réseaux sociaux pour mobiliser un soutien international, révélant des pratiques douteuses de la part de l’entreprise impliquée, le Menara Group.
Mobilisation des Communautés Locales
Les femmes ont joué un rôle essentiel dans cette lutte, renforçant le lien de la communauté avec leur terre et leurs ressources. Leur mobilisation a été si forte qu’elle a conduit à l’annulation du projet de plantation de sucre. Depuis, l’attention s’est tournée vers les projets de développement d’un hub d’élevage.
Inquiétudes Renouvelées avec l’Arrivée d’Haji Isam
Les préoccupations ont de nouveau émergé après qu’Haji Isam a accueilli le président élu Prabowo Subianto à l’aéroport de Kalimantan du Sud, peu après son élection. L’arrivée d’Isam aux Îles Aru a intensifié les craintes que le développement du ranch de bétail soit relancé.
Beni Alatubir, porte-parole d’une organisation de jeunes, a soulevé des questions sur la signification de l’accostage d’un yacht dans un port habituellement réservé aux ferries. Le chef élu des Îles Aru, Johan Gonga, a rencontré Isam, mais a d’abord nié connaître l’objet de la visite avant d’admettre qu’ils étaient là pour une étude sur l’île de Trangan.
Protestations Étudiantes et Résistance Communautaire
Le 22 mai, des étudiants se sont rassemblés pour protester contre les projets d’élevage sur Trangan, affirmant que l’agriculture industrielle nuirait à l’agriculture traditionnelle et empiéterait sur les terres coutumières de la communauté autochtone Popjetur. « Nous rejetons la culture et l’élevage de bétail dans le village de Popjetur », ont-ils scandé lors d’une manifestation.
Dace Faturey, un activiste de la communauté traditionnelle Fanan, a souligné que les terres de savane à Trangan n’étaient pas adaptées à l’élevage. En 2022, il a été rapporté que plusieurs entreprises du groupe Jhonlin d’Isam avaient reçu des permis préliminaires, mais le projet nécessitait encore des approbations gouvernementales.
Mufti Fathul Barri, directeur exécutif de Forest Watch Indonesia, a suggéré que la visite d’Isam pourrait viser à explorer d’autres opportunités d’investissement dans la région.
Conclusion
Les Îles Aru se trouvent à un carrefour critique, où la lutte pour la préservation de l’environnement et des droits des populations autochtones est plus pertinente que jamais. Les actions des communautés locales, soutenues par des alliés nationaux et internationaux, continueront de jouer un rôle déterminant dans la protection de cet écosystème unique.