Les Manifestations Contre la Mauvaise Gouvernance au Nigeria

Manifestations au Nigeria

À partir du 1er août, des manifestations massives sous le slogan #EndBadGovernance ont secoué le Nigeria pendant dix jours. Ce mouvement n’est pas le premier à s’opposer au néolibéralisme, et il ne sera certainement pas le dernier. Tant que le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM) continueront d’imposer leurs politiques néfastes, la résistance populaire persistera.

Les années 1980 ont été marquées par des soulèvements populaires contre le Programme d’Ajustement Structurel (PAS) des deux institutions, mis en œuvre par les élites militaires et politiques locales.

En 1986, le régime militaire dirigé par le général Ibrahim Babangida a imposé le PAS, malgré le rejet de cette politique par la population lors d’un débat national. Les Nigérians avaient exprimé leur volonté de faire des sacrifices pour relancer l’économie, à condition que le FMI et la BM ne soient pas impliqués.

Le régime a interdit l’Association Nationale des Étudiants Nigérians (NANS) en 1986, mais cette dernière a décidé de se rétablir. En mars 1988, le régime a dissous le Congrès des Travailleurs Nigérians (NLC) et a procédé à l’enlèvement et à l’expulsion d’universitaires étrangers, tels que Catharine Adelugba et Patrick Wilmot, sous prétexte qu’ils enseignaient des matières non rémunérées. Ces actions visaient à faciliter l’application du PAS.

Raffinerie Dangote

Ces mesures militaires ont suscité la colère des étudiants, renforçant leur détermination à organiser des luttes populaires contre le FMI, la BM et le régime de Babangida. La première grande manifestation nationale contre le PAS, orchestrée par NANS, a eu lieu du 13 au 16 avril 1988, en réponse à l’augmentation du prix du carburant.

NANS a fait valoir que cette hausse aggraverait les conditions de vie des plus vulnérables, nuirait à la carrière académique des étudiants et renforcerait le pouvoir des classes dirigeantes, tout en soumettant le Nigeria aux exigences des puissances occidentales.

Les manifestations ont pris de l’ampleur, provoquant des réactions inattendues des forces de sécurité. Elles ont marqué le début d’une série de manifestations de rue contre le PAS et le néolibéralisme. Les leaders syndicaux et les militants ont profité de cette dynamique pour organiser des grèves à l’échelle nationale.

Ces mouvements ont joué un rôle crucial dans la libération de leaders syndicaux emprisonnés, la réhabilitation du NLC et l’adoption de plusieurs mesures de « soulagement du PAS ». Cependant, NANS a rejeté ces mesures, insistant sur la nécessité d’abolir le PAS et de rompre les liens avec le FMI et la BM, ce qui a mis à mal la propagande gouvernementale sur les prétendus « avantages du PAS ».

Malgré cela, le gouvernement, comme l’ont souligné Adebayo Olukoshi et Isah Aremu, n’a pas compris l’ampleur de la détermination des Nigérians à résister aux politiques d’ajustement du FMI et de la BM. En 1989, NANS a de nouveau organisé une révolte nationale contre le PAS.

Les manifestations ont ravivé la volonté des Nigérians de lutter contre le FMI, la BM et le régime militaire. Par exemple, des étudiants de l’Université de Benin chantaient des chansons engagées, exprimant leur désir de justice et d’égalité.

Le NLC n’a pas soutenu cette révolte dirigée par les étudiants, mais les manifestations ont contribué à démystifier le pouvoir militaire.

Un rapport de l’African Concord du 17 juillet 1989 a souligné que l’institution militaire était de plus en plus contestée, avec des accusations de privilèges et de déconnexion avec les souffrances des civils. Les soldats, autrefois respectés, étaient désormais confrontés à une méfiance croissante de la part de la population.

Du 29 mars au 2 avril 1990, des étudiants des universités Ahmadu Bello et Obafemi Awolowo ont manifesté contre un prêt de la BM destiné aux universités nigérianes, considéré comme un « cadeau empoisonné ». Les conditions de ce prêt incluaient l’augmentation des frais de scolarité et la commercialisation des services éducatifs.

Bien que la manifestation nationale prévue ait été suspendue en raison d’un coup d’État avorté, NANS a affirmé que les problèmes du pays étaient d’ordre socio-économique et nécessitaient une transformation démocratique plutôt qu’une lutte fondée sur des passions ethno-religieuses.

Le président de NANS de l’époque, Mahmud Abdul Aminu, a averti que le coup d’État menaçait l’unité des étudiants nigérians et la lutte des peuples opprimés.

Les manifestations populaires contre les politiques du FMI et de la BM continueront sous différentes formes et avec de nouveaux acteurs. Les forces engagées dans la lutte pour l’émancipation doivent se préparer à cette réalité.

Il n’existe pas de solution facile pour contrer le néolibéralisme du FMI et de la BM dans des pays comme le Nigeria, où les classes dirigeantes sont souvent perçues comme non patriotiques et corrompues. Cependant, la lutte populaire pour la démocratie et le développement reste la meilleure option.

Les luttes « dérégulées » sont plus significatives que l’absence de lutte. L’objectif est d’organiser les forces populaires au niveau national, avec un agenda commun, et de construire des alliances mondiales avec d’autres mouvements similaires.

Il est essentiel de sensibiliser la population nigériane aux dangers du FMI et de la BM, ainsi qu’à leurs complices locaux, pour progresser vers un changement significatif.

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