Élections au Venezuela : Vers un avenir incertain

Le lendemain des élections présidentielles très attendues du 28 juillet au Venezuela, le Conseil National Électoral a fait face à une situation délicate. Il a annoncé qu’il ne pouvait pas fournir les résultats réels du vote en raison d’une prétendue « cyberattaque terroriste étrangère ». Pourtant, il a tout de même proclamé de manière « irrévocable » la victoire de l’autocrate Nicolás Maduro, qui aurait obtenu 51,2 % des voix contre 44,2 % pour le candidat de l’opposition, Edmundo González Urrutia.

Réaction de l’opposition face à la fraude électorale

L’opposition, consciente des risques de fraude, s’était préparée à contrecarrer une élection volée. Elle a affirmé avoir collecté 73,2 % des reçus émis par les machines de vote électroniques du pays. Des photos de ces bulletins, rassemblées par leurs partisans dans de nombreux bureaux de vote, ont été publiées sur un site internet créé le lendemain des élections. Selon leurs calculs, González aurait remporté les élections avec une majorité écrasante de deux tiers.

La lutte pour le contrôle du récit

Alors que les tensions montent au Venezuela, le contrôle de la narration et la légitimité morale sont devenus cruciaux. L’opposition tente de convaincre le pays et la communauté internationale qu’elle a été spoliée d’une victoire écrasante, tandis que le gouvernement soutient que son succès a été obscurci par une coalition « fasciste » dirigée par les États-Unis. Cette dernière affirmation est largement considérée comme peu crédible.

Une démocratie en crise

La démocratie vénézuélienne est en crise depuis longtemps. Ce qui a commencé comme un mouvement politique populaire sous le président socialiste Hugo Chávez en 1999 a progressivement dérivé vers l’autocratie. L’économie vénézuélienne, dépendante du pétrole, n’a pas pu soutenir les programmes sociaux généreux qui avaient rendu le chavisme populaire, surtout après les nationalisations de 2007 qui ont poussé de nombreuses entreprises pétrolières étrangères à quitter le pays. La chute des prix du pétrole en 2014 a plongé l’économie dans une spirale descendante, et Maduro, au pouvoir depuis 2013, a de plus en plus recours à la répression pour maintenir son autorité.

Une coalition face à l’adversité

L’opposition, bien consciente que cette élection ne serait ni libre ni équitable, a formé une coalition de partis anti-chavistes appelée la Plateforme Unitaire Démocratique. Elle a mené une campagne en affichant sa confiance dans le pouvoir des urnes tout en se préparant au pire.

Répression et tensions croissantes

Suite à l’indignation suscitée par les résultats officiels, le gouvernement de Maduro a intensifié ses accusations selon lesquelles la démocratie vénézuélienne serait menacée par des interventions étrangères. Les souvenirs d’une tentative de coup d’État liée aux États-Unis en 2002 et le mécontentement face aux sanctions américaines continuent de galvaniser les partisans de Maduro. Le gouvernement a également intensifié la répression des manifestations, entraînant des dizaines de morts et des milliers d’arrestations au cours de la semaine écoulée. Des vidéos montrant des leaders de l’opposition arrêtés par les forces de sécurité circulent également sur les réseaux sociaux.

L’avenir incertain du Venezuela

Maduro semble désireux de donner l’impression de respecter le processus démocratique, en remettant une plainte officielle aux tribunaux contrôlés par le gouvernement pour qu’ils se prononcent sur les résultats des élections. Cependant, il a tendance à exagérer ses actions. Pendant la campagne, son gouvernement a interdit à María Corina Machado, la candidate de l’opposition, de se présenter, ce qui a fait d’elle une martyre politique et a renforcé le mouvement contre son régime. Les tentatives d’interrompre les événements de campagne de l’opposition ou de fermer la frontière pour empêcher le retour de la diaspora vénézuélienne, qui compte 7,7 millions de personnes, ont également échoué.

Pression internationale et soutien à l’opposition

L’opposition continue d’appeler les Vénézuéliens à garder leur calme, et sa préparation face à une élection volée commence à porter ses fruits. Les États-Unis ont exprimé leur soutien à González, le qualifiant de vainqueur des élections. L’Union européenne, quant à elle, a déclaré ne pas reconnaître la victoire de Maduro et exige une vérification indépendante. Même des gouvernements latino-américains traditionnellement amicaux comme le Brésil, la Colombie et le Mexique exercent des pressions sur lui pour qu’il clarifie la situation. Bien que Maduro ait des alliés puissants comme la Russie et la Chine, il semble de plus en plus isolé. Machado et González, après avoir été contraints à la clandestinité suite à des appels à leur arrestation, ont organisé une grande manifestation à Caracas. Le procureur général du pays a annoncé une enquête criminelle après qu’ils ont appelé l’armée à abandonner son soutien à Maduro, mais les deux leaders semblent déterminés à poursuivre leur lutte.

Conclusion : Un avenir incertain

La situation au Venezuela reste incertaine. Cependant, les événements marquants des derniers jours sont le résultat d’un long processus.

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