Rencontre entre le Premier ministre britannique et son homologue italien sur l’immigration illégale
Lors de sa première visite en Italie depuis la victoire écrasante de son parti travailliste de centre-gauche en juillet, Keir Starmer a salué les efforts de Giorgia Meloni pour réduire l’immigration illégale, affirmant que son gouvernement souhaitait un retour à un « pragmatisme britannique » dans ses approches sur cette question.
Starmer a exprimé son intérêt pour les politiques d’immigration de Meloni, notamment ses projets d’ouvrir des centres pour migrants gérés par l’Italie en Albanie, tout en soulignant l’importance de la coopération transfrontalière.
Lors d’une conférence de presse conjointe à Rome, il a déclaré : « Vous avez réalisé des progrès remarquables en travaillant avec les pays le long des routes migratoires pour aborder les causes de la migration à la source et lutter contre les réseaux de passeurs. » Il a également noté que les arrivées irrégulières par mer en Italie avaient diminué de 60 % depuis 2022.
Cette visite a eu lieu un jour après un naufrage tragique dans la Manche, qui a coûté la vie à huit personnes, portant à 46 le nombre de décès cette année parmi ceux tentant de rejoindre les côtes britanniques.
Collaboration transfrontalière
Starmer a rejeté le plan de l’ancien gouvernement conservateur d’expulser tous les migrants sans papiers vers le Rwanda pendant l’examen de leurs demandes d’asile. En tant qu’ancien procureur en chef, il a souligné l’importance de la collaboration internationale pour lutter contre le terrorisme, affirmant : « Je n’ai jamais accepté que nous ne puissions pas faire de même avec les réseaux de passeurs. » Il a ajouté qu’avec les efforts de l’Italie, il était désormais possible d’agir efficacement.
Les traversées périlleuses de la Manche, tentées par des migrants depuis le nord de la France, ont constitué un défi complexe pour les gouvernements successifs au Royaume-Uni. Samedi dernier, environ 800 personnes ont traversé la Manche, le deuxième chiffre le plus élevé depuis le début de l’année, selon le ministère de l’Intérieur britannique.
Pragmatisme britannique
Starmer a également discuté d’un accord signé par l’Italie avec l’Albanie en novembre, visant à ouvrir deux centres gérés par l’Italie pour accueillir les migrants en attente de traitement de leurs demandes d’asile. Interrogé sur la possibilité d’un tel plan pour le Royaume-Uni, il a noté que ces centres n’étaient pas encore opérationnels et que les résultats restaient à déterminer.
Il a attribué la baisse des arrivées de migrants en Italie aux efforts de Meloni, notamment grâce aux accords avec la Tunisie et la Libye, où des fonds sont fournis en échange d’une aide pour limiter les départs vers l’Italie. « J’ai toujours soutenu que prévenir les départs de leur pays d’origine est bien plus efficace que de gérer ceux qui sont déjà arrivés », a-t-il déclaré.
Dans le cadre du plan migratoire de l’Italie avec l’Albanie, les migrants dont les demandes d’asile sont rejetées seront renvoyés dans leur pays d’origine, tandis que ceux dont les demandes sont acceptées pourront entrer en Italie. En revanche, le plan de l’ancien gouvernement britannique pour le Rwanda stipulait que les migrants envoyés dans ce pays d’Afrique de l’Est ne pouvaient jamais s’installer au Royaume-Uni, quel que soit le résultat de leur demande.
Les deux centres en Albanie, initialement prévus pour ouvrir début août, ont été retardés, Meloni indiquant lundi qu’il ne s’agissait que de « quelques semaines ».
Changements dans les tendances migratoires
La visite de Starmer en Italie a suscité des critiques, même au sein de son propre parti. La députée travailliste Kim Johnson a exprimé son inquiétude, soulignant qu’il était « préoccupant que Starmer cherche à tirer des leçons d’un gouvernement néo-fasciste, surtout après les émeutes anti-réfugiés et le terrorisme raciste d’extrême droite qui ont frappé la Grande-Bretagne cet été ».
En plus de l’accord avec la Tunisie, le gouvernement de Meloni a renouvelé un accord controversé avec le gouvernement libyen soutenu par l’ONU, datant de 2017, dans lequel Rome fournit formation et financement à la garde côtière libyenne pour aider à dissuader les départs de migrants ou à renvoyer ceux déjà en mer vers la Libye. Les groupes de défense des droits de l’homme affirment que cette politique pousse des milliers de migrants à retourner en Libye, où ils risquent la torture et les abus en détention arbitraire.
Les arrivées de migrants en Italie par voie maritime ont considérablement diminué, selon le ministère de l’Intérieur. Entre le 1er janvier et le 13 septembre, 44 675 personnes sont arrivées en Italie, contre 125 806 au cours de la même période en 2023. Parallèlement, le nombre de traversées de migrants à travers toutes les frontières de l’UE a chuté de 39 %, selon l’agence de frontière Frontex. Cependant, les experts soulignent que plusieurs facteurs expliquent ces tendances, de nombreux migrants ayant modifié leur itinéraire pour entrer dans l’UE. Les traversées de la Manche ont augmenté de 13 % cette année, selon Frontex.