La lutte d’Oaxaca contre la flambée des prix immobiliers

Une ville en mutation

Les habitants d’Oaxaca, une ville coloniale mexicaine, expriment leur mécontentement face à l’augmentation vertigineuse des prix de l’immobilier, exacerbée par la gentrification et le tourisme de masse. Cette situation a été qualifiée par certains résidents de « Disneylandisation » de leur territoire, une référence à la transformation de leur ville en une attraction touristique.

Un patrimoine culturel menacé

Oaxaca, reconnue par l’UNESCO pour ses églises majestueuses et ses places élégantes, ne se limite pas à son histoire. La ville est également célèbre pour son art de rue satirique, ses marchés animés et ses bars bohèmes, offrant une richesse culturelle unique. Cependant, cette popularité croissante auprès des touristes étrangers a engendré une crise du logement, rendant la vie de plus en plus difficile pour les habitants.

Une hausse alarmante du tourisme

Selon le Centre d’Études Sociales et d’Opinion Publique d’Oaxaca, le nombre de touristes, tant nationaux qu’internationaux, a augmenté de 77 % depuis 2020. Cette affluence a entraîné une flambée des prix, rendant l’accès au logement de plus en plus difficile pour les résidents de longue date.

Des manifestations pour la justice sociale

Au début de cette année, des centaines de citoyens ont manifesté dans les rues pour dénoncer les coûts de logement insupportables et la gentrification croissante. Des pancartes affichaient des messages tels que « Oaxaca n’est pas une marchandise », soulignant la lutte pour préserver l’identité locale face à la pression touristique.

L’impact des nouvelles infrastructures

L’inauguration imminente d’une autoroute reliant Oaxaca à Puerto Escondido, un lieu prisé des surfeurs, suscite des craintes quant à une augmentation encore plus marquée du tourisme. Andrea Bel Arruti, militante des droits humains, a déclaré à Bloomberg : « Nous continuerons notre travail de défense des droits humains. »

Un tournant inattendu

L’essor du secteur touristique à Oaxaca est en partie le résultat de manifestations massives au début des années 2000, qui ont incité le gouvernement mexicain à investir dans de nouvelles infrastructures. L’arrivée de vols à bas prix et l’ouverture d’établissements haut de gamme ont transformé cette petite ville en une destination de vacances internationale prisée.

Les conséquences de la pandémie

La pandémie de COVID-19, durant laquelle le Mexique a maintenu ses frontières ouvertes aux touristes américains et canadiens, a également contribué à l’augmentation de l’intérêt pour la région. De nombreux touristes cherchant à échapper à la crise sanitaire, ainsi que des nomades numériques, ont afflué à Oaxaca, provoquant un changement radical dans le paysage local.

Une culture en péril

L’explosion du tourisme soulève des inquiétudes quant à la préservation des traditions locales et à l’impact environnemental. Laura Jacqueline Ramírez Espinosa, chercheuse sur les effets de la gentrification, a averti que la pénurie d’eau, déjà aggravée par le changement climatique, est exacerbée par les besoins des hôtels et des services alimentaires, affectant ainsi l’approvisionnement en eau pour les résidents.

Vers une marchandisation de la culture

Les traditions d’Oaxaca sont menacées par ce phénomène de « Disneylandisation », où l’authenticité culturelle est modifiée pour répondre aux attentes des visiteurs. Les habitants craignent que leur patrimoine ne soit réduit à une simple marchandise, perdant ainsi son essence et sa signification.

Conclusion

Oaxaca se trouve à un carrefour critique, où la lutte pour préserver son identité culturelle et son accessibilité pour les résidents se heurte à la réalité d’un tourisme en pleine expansion. Les habitants continuent de se battre pour un avenir où leur ville peut prospérer sans sacrifier ses valeurs fondamentales.

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