Analyse des Tests VIH : Lacunes dans les Directives Actuelles

Une étude récente a révélé que les tests de charge virale VIH positifs peuvent souvent donner de faux résultats chez les personnes utilisant le cabotégravir à action prolongée (Apretude) dans le cadre de la prophylaxie pré-exposition (PrEP). Ces résultats proviennent de l’essai d’extension en ouvert HPTN 083.

Selon les données présentées par le Dr Raphael Landovitz de l’Université de Californie à Los Angeles lors de la Conférence internationale sur le VIH/SIDA à Munich, un test isolé positif pour l’ARN VIH chez les individus ayant reçu une injection de cabotégravir au cours des six derniers mois avait une valeur prédictive positive de seulement 9,1 % (IC à 95 % 1,6-30,6).

En revanche, lorsque la dernière injection de cabotégravir remontait à plus de six mois, cette valeur prédictive augmentait à 60 % (IC à 95 % 17-92,7). En moyenne, la valeur prédictive positive d’un test unique était de 18,5 % (IC à 95 % 7-38).

Le Dr Landovitz a conclu que cette analyse préliminaire montre que les tests isolés positifs pour l’ARN VIH réalisés dans le cadre de l’étude ne sont pas fiables pour détecter une infection VIH chez les utilisateurs de PrEP au cabotégravir. Cependant, des tests ARN répétés, seuls ou en combinaison avec des tests antigène-anticorps, pourraient confirmer avec certitude si un test positif isolé était un faux positif ou une véritable infection.

Au total, 26 528 tests d’ARN VIH ont été effectués durant l’essai, et 22 tests isolés ont été identifiés comme faux positifs, ce qui représente un taux de faux positifs de 0,08 %. Ce faible taux est attribué à la grande quantité de tests réalisés et à la rareté des véritables infections VIH.

Le Dr Landovitz a souligné que, bien que les résultats de tests positifs et négatifs soient rares, la majorité des résultats positifs isolés étaient des faux positifs. Il a recommandé que les directives de dépistage du VIH dans le cadre de la PrEP au cabotégravir prennent en compte ces caractéristiques de performance.

Contexte et Conséquences Cliniques

Les résultats principaux de l’essai HPTN 083 ont montré que le cabotégravir à action prolongée était plus efficace que la PrEP orale quotidienne avec le ténofovir disoproxil fumarate-emtricitabine (Truvada) chez 4 566 hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et des femmes transgenres. En décembre 2021, le cabotégravir est devenu le premier injectable à action prolongée pour la prévention du VIH approuvé par la FDA.

Dans un communiqué, le Dr Jeanne Marrazzo, directrice de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses, a déclaré que « nous continuons à apprendre comment optimiser l’ensemble des services qui accompagnent la PrEP à action prolongée, y compris le dépistage du VIH. Les résultats concernant les tests de charge virale mettent en lumière des lacunes dans l’algorithme de dépistage du VIH aux États-Unis pour la PrEP injectable au cabotégravir. »

Les résultats faussement positifs des tests d’ARN VIH ont eu des conséquences cliniques significatives, entraînant des retards dans l’administration de cabotégravir et des interruptions de traitement pour les participants concernés. Heureusement, aucun de ces participants n’a montré de signes d’acquisition du VIH jusqu’à présent.

Il est intéressant de noter que les tests faussement positifs étaient concentrés de manière disproportionnée dans neuf des 43 sites de l’étude HPTN 083, avec la moitié des événements de tests faussement positifs provenant d’un seul site. Des évaluations approfondies des processus et performances de laboratoire n’ont pas permis d’identifier la source de ces résultats erronés.

Implications pour les Politiques de Santé

Lors d’une session de questions-réponses, le Dr Cheryl Johnson de l’Organisation mondiale de la santé a souligné que les résultats suggèrent que le dépistage par acides nucléiques pour le suivi de l’implémentation du cabotégravir pourrait ne pas être nécessaire et pourrait avoir des conséquences pour les patients en raison des retards observés.

Le Dr Landovitz a répondu que la question des implications programmatiques de ces résultats est cruciale, mais il a été prudent de ne pas exprimer d’opinion sur la manière dont ces résultats devraient influencer les politiques et les programmes.

Il a ajouté que, selon son interprétation, les tests ARN pourraient causer plus de mal que de bien, sauf lorsqu’ils sont utilisés avant le début du traitement au cabotégravir ou après une pause de six mois ou plus depuis la dernière injection.

Au cours de cette étude d’extension en ouvert, 95 % des participants ont choisi de commencer ou de continuer le cabotégravir à action prolongée pour la PrEP, avec un nombre médian de 12 visites de suivi par participant. Parmi les 26 528 visites avec tests de dépistage, la majorité concernaient des utilisateurs de cabotégravir au cours des six derniers mois.

Les chercheurs ont identifié 73 tests positifs pour l’ARN VIH ou des tests non ARN. Parmi ceux-ci, 22 tests isolés d’ARN VIH étaient des faux positifs, tandis que cinq tests isolés d’ARN VIH ont été confirmés comme des positifs véritables.

Le Dr Landovitz a précisé que les résultats de cette analyse ne sont généralisables qu’à la population étudiée dans l’essai HPTN 083, selon son interprétation personnelle des résultats.

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