Impact de la Sensibilité au Contraste sur la Démence
Une analyse récente a révélé que jusqu’à 19 % des cas de démence pourraient être liés à des problèmes de vision. Cette étude, qui a examiné près de 2 800 Américains âgés, a été menée par Jason Smith, ScM, de l’École de santé publique Bloomberg de l’Université Johns Hopkins à Baltimore, et ses collègues.
Résultats Clés de l’Étude
- La déficience de la sensibilité au contraste a montré la relation la plus forte avec la démence, suivie par la déficience de l’acuité visuelle de près.
- Les résultats soulignent l’importance d’évaluer les liens entre la vision et la démence à travers plusieurs mesures.
Les chercheurs ont estimé que la fraction attribuable à la population (FAP) de la démence due à au moins une déficience visuelle était de 19 % (IC à 95 % 8,2-29,7). Les FAP, qui représentent les limites supérieures de la démence attribuables à des déficiences visuelles, ont varié selon les types de déficiences, notamment la sensibilité au contraste, l’acuité visuelle de près et l’acuité visuelle de loin.
La déficience de la sensibilité au contraste a présenté la FAP la plus élevée (15 %, IC à 95 % 6,6-23,6), suivie par l’acuité de près (9,7 %, IC à 95 % 2,6-17,0) et l’acuité de loin (4,9 %, IC à 95 % 0,1-9,9).
Implications pour la Prévention de la Démence
Les auteurs de l’étude ont noté qu’une part significative de la prévalence de la démence pourrait être évitée grâce à la prévention et au traitement des déficiences visuelles, qui sont souvent corrigibles. Ils ont souligné que la sensibilité au contraste devrait être prise en compte dans les stratégies de prévention de la démence, en utilisant des mesures au-delà de l’acuité visuelle de loin.
La perte sensorielle est devenue un facteur de risque modifiable important pour la démence. Une étude prospective a montré que la chirurgie de la cataracte était associée à une réduction de près de 30 % du risque de démence chez les personnes âgées, suggérant que les patients opérés pourraient bénéficier d’une meilleure entrée sensorielle. De plus, une étude d’autopsie a établi un lien entre la déficience auditive et les caractéristiques neuropathologiques de la démence.
Statistiques Récentes et Recommandations
Des recherches récentes estiment qu’environ 100 000 cas de démence aux États-Unis auraient pu être évités grâce à l’amélioration de la vision. En 2024, la Commission du Lancet sur la prévention, l’intervention et les soins de la démence a ajouté la perte de vision à sa liste de facteurs de risque modifiables liés à l’altération cognitive, rejoignant la perte auditive, qui avait été ajoutée en 2020.
Les experts, dont Mingguang He, MD, PhD, et Xianwen Shang, PhD, de l’Université polytechnique de Hong Kong, ont souligné l’importance d’examiner la déficience visuelle comme une priorité d’intervention pour la prévention de la démence chez les personnes âgées. Ils ont noté que la perte auditive avait été classée comme le facteur de risque modifiable le plus important pour le fardeau mondial de la démence, avec une FAP non pondérée de 22,2 % dans le rapport de 2020 de la Commission du Lancet.
Les résultats de l’étude de Smith et al. indiquent que 19 % des cas de démence étaient attribués à au moins une déficience visuelle, un chiffre comparable à celui de la perte auditive. Cependant, la FAP estimée dans cette étude est bien plus élevée que les 4,7 % rapportés dans une méta-analyse précédente, ce qui pourrait s’expliquer par la prévalence plus élevée de la déficience visuelle chez les personnes âgées.
Données Démographiques et Méthodologie de l’Étude
L’analyse a été basée sur l’Étude nationale sur la santé et les tendances du vieillissement des bénéficiaires de Medicare, incluant 2 767 adultes vivant en communauté, tous âgés de 71 ans ou plus, dont 54,7 % étaient des femmes. La prévalence d’au moins une déficience visuelle dans l’étude était de 32,2 %, la déficience la plus courante étant celle de l’acuité de près ou de la sensibilité au contraste. Au total, 11,3 % des participants avaient une démence.
Les participants présentant une déficience de l’acuité de près, de l’acuité de loin ou de la sensibilité au contraste étaient considérés comme ayant au moins une déficience visuelle. Les tests de vision ont mesuré des conditions objectives, en tenant compte des lunettes ou des lentilles de contact si nécessaire.
Les fractions attribuables à la population pour au moins une déficience étaient les plus élevées chez les participants âgés de 71 à 79 ans (24,3 %), les femmes (26,8 %) et les sous-groupes non hispaniques blancs (22,3 %). Les FAP pour au moins une déficience visuelle et pour la sensibilité au contraste étaient similaires à tous les niveaux d’éducation.
Bien que l’étude soit limitée par son design transversal et sa taille d’échantillon relativement petite, elle offre des informations précieuses sur le fardeau de la démence associé à la déficience visuelle.