La Lutte Post-Partum des Athlètes d’Élite : Un Nouveau Regard
La Réflexion de Naomi Osaka
Récemment, Naomi Osaka a partagé sur Instagram : « Mon plus grand problème est que je ne me sens pas dans mon corps. » Un an après la naissance de sa fille, la championne de Grand Chelem, qui a fait son retour sur le circuit en janvier, peine à retrouver son niveau de performance. Elle confie : « J’essaie de me dire que tout va bien, que je fais du bon travail… Mais intérieurement, j’entends ma voix crier : ‘Que se passe-t-il ?!’ »
La Vulnérabilité dans le Sport de Haut Niveau
C’est tragique, mais il est remarquable qu’elle exprime ses émotions. Historiquement, la vulnérabilité n’est pas bien accueillie dans le monde du sport d’élite, un milieu souvent marqué par « la stigmatisation des problèmes de santé mentale, une faible propension à demander de l’aide et un sentiment de sécurité psychologique limité », comme l’a souligné une étude l’année dernière. Pourtant, une grande partie du succès des athlètes d’élite repose sur leur mental. Il n’est donc pas surprenant qu’ils soient souvent exposés à des pressions qui pourraient écraser n’importe qui d’autre, ce qui les rend plus susceptibles de souffrir de problèmes de santé mentale.
Un Changement de Narratif
Osaka a contribué à faire évoluer cette perception. Son retrait médiatisé de Roland-Garros en 2021, en raison de l’anxiété exacerbée par les obligations médiatiques, a ouvert la voie à des discussions essentielles. D’autres athlètes, comme Adam Peaty et le plongeur Noah Williams, qui a récemment parlé de sa dépression, ainsi que des figures emblématiques comme Michael Phelps et Simone Biles, continuent d’alimenter ce dialogue.
Une Expérience Universelle
Ce qui est frappant, c’est qu’Osaka décrit une sensation que de nombreuses femmes ayant accouché, pas seulement les athlètes d’élite, peuvent comprendre. Le sentiment de « ne pas être dans son corps » résume parfaitement l’aliénation que l’on peut ressentir durant les mois et même les années suivant l’accouchement. Mon propre corps a été transformé par des grossesses « faciles » et des accouchements « réussis » dans la vingtaine, mais aussi par des problèmes de santé non diagnostiqués.
La Réalité de l’Accouchement
Une étude récente a révélé que l’accouchement est une expérience traumatisante pour une femme sur trois. Je pense souvent à « PMSL », le mémoire de Luce Brett, qui aborde avec humour et colère les conséquences de son accouchement, notamment l’incontinence, révélant ainsi un monde souvent ignoré des blessures liées à la naissance. Lorsque l’on donne vie à un nouvel être, il est inévitable de se sentir déconnecté de son propre corps, une réalité d’autant plus complexe lorsque ce corps est aussi l’instrument de son travail.
Des Modèles Inspirants
Ces dernières années, un nouveau récit positif a émergé autour des athlètes d’élite revenant de la maternité. Ce changement a commencé à se dessiner lorsque Jessica Ennis-Hill a remporté les championnats du monde 13 mois après avoir donné naissance, suivie d’une médaille d’argent olympique. Laura Kenny, qui a décroché deux médailles olympiques après la naissance de son premier enfant, a souligné comment cette évolution a bénéficié au sport britannique, avec neuf mères dans l’équipe GB aux derniers Jeux Olympiques, qui ont remporté sept médailles.
Briser les Stéréotypes
Normaliser le succès des mères est un puissant antidote à l’idée reçue que la maternité affaiblit les femmes. Kenny a écrit dans le Guardian que l’on devait choisir entre être une athlète olympique ou une mère. Cela devrait également signifier que les femmes reçoivent un meilleur soutien lors de leur retour au sport d’élite après l’accouchement, comme l’a décrit Denise Lewis, qui a vécu un retour solitaire après la naissance de sa fille en 2002.
Une Nouvelle Identité
Il n’est pas alarmant de dire que l’on peut ne pas être la même personne après l’accouchement. Cela ne signifie pas nécessairement que l’on est moins capable ; au contraire, on peut devenir plus fort, plus résilient. Cependant, sur les plans physiologique et psychologique, des changements se produisent. Comme l’a exprimé Brett : « Que reste-t-il de moi dans ce corps de ‘nouvelle mère’ ? » Cette lutte est plus ou moins difficile selon les femmes, qu’elles soient athlètes d’élite ou non. Il est essentiel d’entendre d’autres femmes partager leurs difficultés et d’ajouter de la nuance à la narrative simpliste du « tu peux le faire, maman ».
Un Message de Bienveillance
Osaka affirme qu’elle s’accorde « de la grâce » ; elle offre également cette grâce à toutes celles qui ont ressenti cette lutte. C’est ce qui rend son message si puissant et inspirant.