Traitement des Malformations Artérioveineuses Liées à la Mutation KRAS G12C : Une Étude Prometteuse
Amélioration Rapide des Symptômes chez Deux Patients
Une étude récente menée en France a révélé que le sotorasib (Lumakras), un inhibiteur de KRAS, pourrait être efficace pour traiter des malformations artérioveineuses graves associées à la mutation KRAS G12C. Les résultats ont été rapportés par le Dr Guillaume Canaud et son équipe de l’Hôpital Necker–Enfants Malades à Paris.
Une Approche Thérapeutique Innovante
Les chercheurs ont observé que deux patients adultes souffrant de cette condition potentiellement mortelle ont connu une amélioration rapide de leurs symptômes ainsi qu’une réduction significative de la taille de leurs malformations. Dans leur publication dans le New England Journal of Medicine, ils ont souligné que cibler la mutation KRAS G12C pourrait représenter une stratégie thérapeutique prometteuse pour les patients présentant des malformations vasculaires associées.
Contexte des Mutations KRAS
Les mutations KRAS sont fréquemment observées dans divers types de cancers, notamment le cancer du poumon non à petites cellules (NSCLC), où la mutation G12C est particulièrement répandue. Les auteurs de l’étude ont émis l’hypothèse que, étant donné l’efficacité démontrée du sotorasib chez les patients atteints de NSCLC, ce traitement pourrait également bénéficier aux patients présentant des malformations vasculaires avec la mutation KRAS G12C.
Expérimentation sur Modèles Animaux
Dans un premier temps, les chercheurs ont testé le sotorasib sur des modèles murins présentant la mutation KRAS G12C. Les résultats ont montré une réduction du volume des malformations vasculaires et une amélioration de la survie. Par la suite, le médicament a été administré à deux patients dont les biopsies avaient révélé la présence de la mutation.
Détails des Cas Cliniques
Patient 1 : Un Jeune Homme de 24 Ans
Le premier patient, un homme de 24 ans, souffrait d’une malformation artérioveineuse croissante sur le côté droit de son visage depuis sa naissance. Malgré 11 interventions endovasculaires, il avait perdu la vue et subi une maxillectomie. Les traitements antérieurs n’ayant pas freiné la progression de la malformation, il a été proposé de lui administrer du sotorasib après l’échec d’un essai clinique avec le sirolimus.
Après quatre semaines de traitement, des améliorations notables ont été observées : réduction de la douleur, cessation des saignements, diminution de la fatigue et changements esthétiques visibles. Un suivi par IRM a révélé une diminution continue du volume de la malformation sur une période de 24 mois, sans effets indésirables liés au médicament.
Patient 2 : Une Femme de 45 Ans
La deuxième patiente, une femme de 45 ans, présentait une malformation vasculaire touchant la cavité buccale, en particulier la langue, avec des répercussions sur la trompe d’Eustache droite, entraînant des infections récurrentes de l’oreille moyenne. Malgré 20 interventions chirurgicales et endovasculaires, sa condition s’était aggravée, provoquant douleur, surdité et difficultés à avaler.
Après le début du traitement par sotorasib, elle a rapidement constaté une amélioration de son état, avec une correction de la surdité et une disparition de la douleur. Bien que sa posologie ait été réduite en raison d’une diarrhée de grade 1, aucun autre effet indésirable n’a été signalé. Les examens d’imagerie après six mois ont montré une réduction de 19,8 % de l’infiltration vasculaire.
Conclusion et Perspectives
Les résultats de cette étude soulignent l’importance des tests génétiques dans le cadre des malformations vasculaires afin de permettre des traitements ciblés. Les chercheurs concluent que ces résultats prometteurs nécessitent des validations dans des études futures pour confirmer l’efficacité du sotorasib dans ce contexte.