(Crédit image : Robert Lea (créé avec Canva))
La lune pourrait-elle bientôt abriter des échantillons biologiques congelés des espèces menacées de la Terre ? Des recherches récentes indiquent que les scientifiques pourraient exploiter des zones froides naturellement présentes sur la lune, certaines n’ayant pas reçu de lumière solaire depuis des milliards d’années, pour réaliser cela.
Des études récentes estiment qu’il existe jusqu’à 8 millions d’espèces sur notre planète, dont plus d’un million sont en danger d’extinction. Inquiétant, ce chiffre pourrait n’être que la partie émergée de l’iceberg, car de nombreuses espèces pourraient disparaître avant même d’avoir été identifiées.
Un nouveau concept élaboré par une équipe de chercheurs dirigée par Mary Hagedorn du Zoo national et de l’Institut de biologie de conservation du Smithsonian met en lumière les avantages et les défis de la création d’un biorepository sur la lune. Ce réservoir de matériel cellulaire viserait à préserver des échantillons de peau animale contenant des fibroblastes, des cellules qui soutiennent et relient d’autres tissus ou organes, provenant des espèces menacées du monde.
Ce biorepository lunaire potentiel utiliserait un processus appelé « cryoconservation », qui consiste essentiellement à congeler profondément le matériel cellulaire et à induire une sorte d’animation suspendue grâce à l’environnement naturel de la lune.
« En raison de nombreux facteurs anthropiques, une grande proportion d’espèces et d’écosystèmes fait face à des menaces de déstabilisation et d’extinction qui s’accélèrent plus vite que notre capacité à sauver ces espèces dans leur environnement naturel », ont écrit Hagedorn et ses collaborateurs dans un article publié le 31 juillet dans la revue BioScience.
Pourquoi opter pour la lune ?
Si nous ne pouvons pas sauver les espèces directement, nous pouvons au moins conserver certains échantillons grâce à la cryoconservation, qui pourrait potentiellement être utilisée pour le clonage. Bien que nous ayons déjà la capacité de cryoconserver des échantillons biologiques sur Terre, le stockage s’est avéré difficile.
En effet, sur Terre, il n’existe pas d’endroits naturellement assez froids pour un stockage passif en cryoconservation, ce qui nous oblige à dépendre de la technologie (et des fonds) pour maintenir les échantillons congelés. En revanche, dans les régions polaires de la lune, il existe des zones d’ombre permanente, comme le fond des cratères, qui n’ont pas vu la lumière du soleil depuis plus de deux milliards d’années.
Dans ces régions, les températures restent généralement en dessous de moins 196 degrés Celsius (moins 321 degrés Fahrenheit). Ainsi, Hagedorn et ses collègues proposent d’utiliser ces températures froides sur la lune pour refroidir passivement les installations de stockage à long terme pour la cryoconservation.
Bien sûr, plusieurs défis logistiques doivent être surmontés pour mener à bien un projet de biorepository lunaire, que l’équipe estime prendre des décennies à réaliser.
Non seulement les échantillons doivent être correctement emballés pour le transport spatial, mais ils doivent également être stockés de manière à les protéger des niveaux de radiation élevés sur la lune. De plus, il y a la question de la coopération internationale et du financement. Néanmoins, l’équipe reste optimiste quant à la faisabilité d’un biorepository lunaire.
En fait, Hagedorn et ses collègues ont déjà commencé des recherches en utilisant le gobie étoilé (Asterropteryx semipunctata), un poisson carnivore à taches bleues, pour développer des protocoles pour le projet.
Seul l’avenir nous dira si le projet réussira ou échouera.