Il est essentiel de comprendre comment la perte de vision, qu’elle soit précoce ou tardive, influence la perception des distances sonores. Les personnes souffrant de déficience visuelle s’appuient considérablement sur leurs autres sens pour planifier leurs trajets, naviguer en toute sécurité, éviter les collisions et réaliser leurs activités quotidiennes.
Une étude récente menée par l’Université Anglia Ruskin (ARU) et l’Université d’East Anglia (UEA) met en lumière que les individus ayant subi une perte de vision partielle durant leur enfance éprouvent davantage de difficultés à évaluer avec précision la localisation des sons par rapport à ceux qui perdent la vue plus tard dans leur vie.
Cette recherche, publiée dans la revue Optometry and Vision Sciences, constitue une première en comparant la capacité d’évaluation des distances sonores chez des personnes ayant subi une perte de vision précoce (avant l’âge de 10 ans) et tardive.
Pour cette étude, 52 participants âgés de moins de 33 ans ont été recrutés. Chacun d’eux a réalisé 480 essais, durant lesquels ils devaient estimer la distance de divers sons provenant de distances allant de 1,2 mètres à 13,8 mètres, incluant des discours, de la musique et des bruits ambiants. L’ensemble des essais a été effectué sur une période d’une heure et quarante minutes.
Les résultats ont montré que les estimations de distance étaient plus marquées chez les personnes ayant une perte de vision précoce et tardive par rapport à un groupe témoin ayant une vision normale, surtout pour les sons proches plutôt que pour ceux éloignés.
Les participants ayant subi une perte de vision précoce avaient tendance à percevoir les sons émis à courte distance, jusqu’à cinq mètres, comme provenant d’une distance plus grande, contrairement au groupe témoin.
Aucune différence significative n’a été observée dans les jugements de distance entre le groupe témoin et les individus ayant une perte de vision tardive.
« Ces résultats indiquent que les personnes ayant une perte de vision dès la naissance ou durant leur enfance sont plus susceptibles de rencontrer des difficultés pour évaluer la distance des sons à courte portée, » a déclaré le professeur Shahina Pardhan, directrice de l’Institut de recherche sur la vision et les yeux à l’Université Anglia Ruskin (ARU).
« Cette étude est la première de son genre et revêt une importance particulière pour évaluer les besoins en santé des personnes ayant subi une perte de vision partielle tôt dans leur vie, comme à la naissance ou durant l’enfance, qui dépendent souvent de leurs autres capacités sensorielles. Il est évident que des difficultés à évaluer les sons à courte et moyenne distance peuvent avoir des implications en matière de sécurité, par exemple lors de la traversée d’une route. Nous espérons que cette étude contribuera à fournir des preuves qui mèneront à des solutions pour améliorer la vie des personnes souffrant de déficience visuelle à travers le monde. »
« De nombreuses études ont démontré que les personnes totalement aveugles présentent des changements mesurables dans leurs capacités auditives, affichant soit de meilleures, soit de moins bonnes performances par rapport aux personnes voyantes, selon la tâche auditive qui leur est assignée, » a ajouté le Dr Andrew Kolarik, co-auteur de l’étude. « Cette recherche montre que même une perte de vision partielle peut entraîner des modifications des capacités auditives, surtout si la vision est perdue tôt dans la vie. »
Référence de la revue :
- Shahina Pardhan, Rajiv Raman, Brian C. J. Moore, Silvia Cirstea, Saranya Velu, Andrew J. Kolarik. Effet de la perte visuelle partielle précoce par rapport à tardive sur les jugements de distance auditive. Optometry and Vision Science, 2024; DOI: 10.1097/OPX.0000000000002125