Des Requins au Brésil Testés Positifs à un Contaminant Surprenant : la Cocaïne

Découverte Inattendue chez les Requins

Des requins évoluant le long des côtes brésiliennes présentent une contamination surprenante : la cocaïne. C’est la première fois que cette drogue est détectée chez des requins sauvages. Bien que cela puisse sembler unique, les scientifiques n’avaient tout simplement pas encore effectué de tests sur ces poissons. Dans une étude récente publiée dans Science of the Total Environment, il a été révélé que tous les 13 requins examinés avaient des traces de cocaïne dans leurs muscles et leur foie.

Implications Inconnues pour les Requins

Les co-auteurs de l’étude, Enrico Mendes Saggioro et Rachel Ann Hauser-Davis, respectivement écotoxicologue et biologiste à la Fondation Oswaldo Cruz au Brésil, soulignent que les conséquences de cette contamination sur les requins restent floues. Hauser-Davis indique qu’aucune recherche n’a encore été menée sur les effets comportementaux ou physiologiques de la cocaïne chez ces animaux. Cependant, ses travaux sur la contamination environnementale chez ces prédateurs marins suggèrent que la cocaïne n’est qu’un des nombreux problèmes auxquels ils sont confrontés.

Une Pollution Alarmante

« Nous avons détecté des niveaux élevés de métaux et également des ‘produits chimiques éternels’ [substances perfluoroalkyles et polyfluoroalkyles, ou PFAS], des pesticides et des hydrocarbures aromatiques polycycliques, ainsi que des PCB et des PBDE dans plus de 30 espèces de requins et de raies », explique Hauser-Davis. Les PCB, des produits chimiques cancérigènes, ont été interdits aux États-Unis en 1976 et par les signataires de la Convention de Stockholm de l’ONU en 2001. Les PBDE, quant à eux, sont des retardateurs de flamme pouvant perturber le développement cérébral et hormonal.

Origine de la Contamination

L’intérêt des chercheurs pour la détection de drogues chez les requins a été suscité lorsque Mendes Saggioro a trouvé de la cocaïne en étudiant les contaminants dans les eaux fluviales de l’État de Rio de Janeiro. Selon le Rapport mondial sur les drogues 2020, le Brésil compte environ 1,5 million d’utilisateurs de cocaïne. De nombreuses régions du pays manquent de traitement des eaux usées, ce qui signifie que l’urine contaminée par des drogues se déverse directement dans les cours d’eau. De plus, des trafiquants de drogue pourraient parfois jeter des cargaisons de cocaïne dans l’océan pour éviter d’être arrêtés. Une émission spéciale de Shark Week sur Discovery Channel en 2023 a exploré l’idée que les requins pourraient mordre des ballots de cocaïne flottants, et a constaté que les requins s’intéressaient à des paquets factices lâchés près des Florida Keys. Cependant, les chercheurs estiment que ce n’est pas la principale voie d’entrée de la drogue dans le système des requins. Une étude de 2007 en Floride a révélé que des requins taureaux avaient été contaminés par des médicaments sur ordonnance en raison de systèmes d’égouts défaillants. D’autres poissons, proies courantes des requins, ont également été trouvés contaminés, ce qui signifie que les requins peuvent être exposés directement dans l’eau ou ingérer ces composés par leur alimentation. Étant donné la présence généralisée de médicaments légaux dans les animaux aquatiques, Chris Lowe, biologiste marin et directeur du Shark Lab à l’Université d’État de Californie à Long Beach, souligne qu’il est « un peu fou de penser qu’on ne trouverait pas de cocaïne ou d’autres drogues illégales chez les requins ».

Résultats de l’Étude

Les chercheurs ont testé des requins à nez pointu brésiliens (Rhizoprionodon lalandii), une petite espèce vivant près des côtes, dans les eaux de Rio de Janeiro. Ils ont trouvé une concentration moyenne de cocaïne de 23 microgrammes par kilogramme dans les tissus des requins, ainsi qu’une concentration moyenne de sept microgrammes par kilogramme de benzoylecgonine, le métabolite de la cocaïne. Bien que ces niveaux soient relativement bas, des études sur l’impact de la cocaïne chez les humains utilisent des doses d’environ 0,4 milligramme par kilogramme de poids corporel. Il est intéressant de noter que les femelles requins présentaient des concentrations de cocaïne plus élevées que les mâles, et la moitié des femelles capturées étaient enceintes. Des recherches antérieures sur les raies, qui sont des proches parents des requins, suggèrent qu’elles peuvent transmettre la contamination environnementale à leurs fœtus en développement.

Perspectives Futures

Mendes Saggioro prévoit de poursuivre les tests de drogues chez les requins de la région et d’étendre ses recherches aux raies vivant dans l’estuaire voisin pour évaluer l’étendue de la contamination. Son équipe souhaite également examiner les concentrations de cocaïne chez les poissons migrateurs qui passent moins de temps près des côtes.

Conclusion et Appel à l’Action

Alors que les chercheurs s’efforcent de comprendre les conséquences de la contamination par la cocaïne chez les requins, deux messages clés émergent. Mendes Saggioro et Hauser-Davis conseillent de ne pas consommer de requins, car ces animaux sont à la fois surexploités et chargés de composés indésirables. David Shiffman, biologiste de la conservation marine à l’Université d’État de l’Arizona, ajoute un autre point crucial : « Ne jetez pas vos déchets, y compris les drogues illégales, dans l’eau. »

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