Le Potentiel Économique des Énergies Renouvelables sur les Réserves Amérindiennes

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Crédit : Unsplash/CC0 Domaine Public

Une Nouvelle Opportunité Économique

Autrefois, les terres réservées aux Amérindiens étaient considérées comme peu désirables en raison de leur manque de ressources. Cependant, avec l’essor de l’industrie des énergies renouvelables, ces terres pourraient désormais offrir un levier économique significatif. Une étude menée par des chercheurs de l’Université du Wisconsin-Madison, dirigée par les professeurs Dominic Parker et Sarah Johnston, a évalué le potentiel économique des projets d’énergie éolienne et solaire sur ces réserves, tout en examinant les obstacles réglementaires auxquels les tribus font face pour y accéder.

Analyse des Obstacles Réglementaires

« C’est la première analyse exhaustive du revenu potentiel que les projets d’énergie renouvelable pourraient générer, ainsi qu’un aperçu des obstacles réglementaires rencontrés par les tribus souhaitant les développer, » explique Parker, professeur en économie agricole et appliquée. « Nous tenons à préciser qu’il ne s’agit pas d’imposer des priorités énergétiques fédérales à des tribus qui ne le souhaitent pas. »

Disparités Économiques Surprenantes

La recherche, récemment publiée dans Nature Energy, révèle que les terres réservées sont 46 % moins susceptibles d’accueillir des parcs éoliens et 110 % moins susceptibles d’héberger des installations solaires par rapport à des terres similaires à proximité. Fait intéressant, les ressources éoliennes et solaires sont particulièrement abondantes dans les 25 % de réserves les plus pauvres, souvent situées dans des zones reculées où les opportunités de revenus, comme celles offertes par les casinos ou les marchés du travail urbains, sont limitées.

Prévisions de Revenus Énergétiques

Les chercheurs ont utilisé un modèle statistique pour quantifier la disparité entre les terres réservées et non réservées pour les projets d’énergie éolienne et solaire installés d’ici 2022. En combinant ces résultats avec des prévisions de demande énergétique jusqu’en 2050, ils ont estimé que les tribus pourraient perdre plus de 19 milliards de dollars en revenus de baux et de taxes d’ici 2050, ou 11,6 milliards de dollars dans un scénario de faible électrification. En comparaison, les revenus des casinos pourraient atteindre 67 milliards de dollars d’ici 2050.

Complexité du Processus de Permis

Les chercheurs ont identifié plusieurs obstacles au développement qui expliquent la disparité entre les projets d’énergie propre sur les terres réservées et celles hors réserves. L’un des principaux défis est la complexité et l’incertitude du processus de permis, tant pour la construction des installations que pour les lignes de transmission nécessaires à l’intégration de l’énergie produite dans le réseau électrique.

Propriétés Territoriales et Développement

Pour initier un projet sur des terres privées, il est nécessaire d’obtenir des accords de location, générant ainsi des revenus pour les propriétaires. Les parcs éoliens à grande échelle, qui nécessitent plus d’espace que les installations solaires, exigent souvent l’accord de plusieurs propriétaires. En raison des politiques historiques d’attribution des terres, les réserves ont une fragmentation de propriété plus importante, avec en moyenne 14 propriétaires pour un terrain de 160 acres.

Pour construire un parc éolien nécessitant au moins 5 000 acres contigus, un développeur doit obtenir l’accord de 448 propriétaires sur 32 parcelles, rendant ainsi difficile la réalisation de projets d’énergie renouvelable pour les Amérindiens, qui constituent le groupe minoritaire le plus pauvre des États-Unis, alors que des personnes plus riches ailleurs bénéficient de subventions fédérales et étatiques.

Souveraineté Énergétique et Développement Durable

Les auteurs de l’étude soutiennent que la souveraineté énergétique, permettant aux tribus de définir leurs propres objectifs sans les contraintes réglementaires imposées par les autorités fédérales et étatiques, pourrait réduire les obstacles au développement. Cette souveraineté donnerait aux tribus le droit d’utiliser ou non les ressources naturelles de leurs terres, évitant ainsi de répéter les erreurs historiques, comme celles liées à la construction de barrages hydroélectriques sur des terres tribales au milieu du XXe siècle, souvent réalisées sans consentement tribal, nuisant aux populations de saumons et provoquant des inondations.

« Simplifier les réglementations sera essentiel pour que les tribus intéressées par le développement puissent exploiter le potentiel économique de leurs ressources, » conclut Parker. « L’enjeu est d’éviter le colonialisme vert en ne mettant pas la pression sur les tribus qui ne souhaitent pas s’engager, tout en rendant cela réalisable pour celles qui cherchent à générer des revenus. »

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