Technologie

La Malaisie et son Projet de Législation sur le « Kill Switch » Internet

Le ministre de la Loi et de la Réforme Institutionnelle, Azalina Othman Said, a récemment annoncé que la Malaisie s’apprête à introduire une nouvelle législation concernant un « kill switch » internet, visant à renforcer la sécurité numérique. Ce projet de loi devrait être présenté au parlement en octobre prochain.

Bien que les détails concernant les contenus qui seront bloqués ou les circonstances d’activation de ce kill switch restent flous, le ministre a souligné que cette initiative vise à inciter les applications de médias sociaux et les fournisseurs de messagerie à améliorer la sécurité de leurs produits. En effet, ces plateformes sont souvent détournées par des criminels pour des activités telles que la fraude financière, le harcèlement, et d’autres formes d’abus.

Objectifs de la Législation

Le kill switch proposé permettrait aux autorités malaisiennes de fermer rapidement l’accès à des sites ou services jugés dangereux, y compris les réseaux sociaux, afin d’empêcher leur utilisation comme outils de cybercriminalité.

De plus, le gouvernement malaisien envisage des modifications législatives pour mieux définir et classifier le « cyberharcèlement », ce qui les aidera à élaborer des mesures appropriées pour y faire face.

Conférence sur la Sécurité en Ligne

En septembre, la Malaisie accueillera une conférence dédiée à la discussion des dangers en ligne. Des universitaires et Frances Haugen, ancienne employée de Facebook devenue lanceuse d’alerte, sont attendus pour partager leurs perspectives sur la question.

Nouvelles Régulations pour les Plateformes de Médias Sociaux

Un jour avant l’annonce du kill switch, la Commission Malaisienne des Communications et du Multimédia (MCMC) a déclaré que toutes les plateformes de médias sociaux et de messagerie en ligne comptant plus de 8 millions d’utilisateurs enregistrés en Malaisie devront demander une licence d’ici le 1er janvier 2025, sous peine de poursuites judiciaires.

Il est important de noter que cette exigence n’est pas entièrement nouvelle. Selon la Loi sur les Communications et le Multimédia de 1998, les fournisseurs de services de réseau et d’applications étaient déjà tenus de demander une licence. Cette règle a maintenant été étendue aux plateformes de médias sociaux et de messagerie.

Réactions du Public aux Initiatives Malaisiennes

Bien que ces initiatives semblent prometteuses pour protéger les utilisateurs malaisiens contre les abus en ligne, elles suscitent des critiques.

L’organisation internationale de défense des droits de l’homme, Article 19, ainsi que 66 autres organisations, ont rédigé une lettre ouverte qualifiant les mesures de « flagrant abus de pouvoir. » Bien qu’ils reconnaissent l’importance d’une certaine régulation pour assurer la sécurité des plateformes en ligne, ils estiment que l’intervention gouvernementale n’est pas la solution. Cela pourrait, selon eux, étouffer la liberté d’expression sur les réseaux sociaux et décourager la participation citoyenne à la démocratie.

Ces accusations ne sont pas sans fondement, car les plateformes de médias sociaux ont souvent été dans le collimateur du gouvernement malaisien. Ainsi, le kill switch pourrait être perçu comme un moyen pour les autorités d’exercer une pression et de censurer les canaux de médias sociaux.

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