Dans de nombreuses régions du globe, la religion et la politique sont étroitement liées, influençant les structures sociales, culturelles et juridiques des nations. Les croyances religieuses jouent un rôle crucial dans les décisions politiques, touchant divers domaines de la gouvernance, allant de l’élaboration des lois au comportement des fonctionnaires publics. Dans certains pays, la séparation entre l’État et la religion est floue, créant une dynamique unique qui impacte tous les aspects de la vie. Dans ces contextes, les leaders religieux exercent souvent une influence considérable sur les affaires politiques, et les doctrines religieuses peuvent orienter les politiques en matière d’éducation, de droits des femmes et de liberté d’expression.

1 Le Bhoutan

Le Bhoutan, un petit royaume himalayen, se distingue par son intégration du bouddhisme dans son système de gouvernance. Le pays suit une forme de bouddhisme Mahayana, en particulier l’école Drukpa Kagyu, qui influence profondément ses lois, sa culture et sa vie quotidienne. Le Druk Gyalpo, ou roi du Bhoutan, n’est pas seulement le leader politique, mais aussi le protecteur spirituel de la nation. Ce double rôle souligne l’importance du bouddhisme dans la formation de l’identité bhoutanaise et dans l’orientation de ses politiques. La constitution du Bhoutan promeut explicitement le bouddhisme, et ses principes se manifestent dans diverses fonctions étatiques et politiques publiques.

Le système juridique bhoutanais intègre des principes bouddhistes, visant à promouvoir la paix, la compassion et l’harmonie sociale. Des valeurs bouddhistes traditionnelles, telles que la non-violence et le respect de toutes les formes de vie, sont ancrées dans le cadre juridique du pays. Par exemple, le gouvernement met activement en avant le Bonheur National Brut (BNB), une philosophie de développement qui privilégie le bien-être spirituel et mental par rapport à la croissance économique. Le BNB reflète les valeurs bouddhistes et est utilisé pour évaluer l’impact des politiques sur le bonheur et le bien-être général de la population.

De plus, l’État soutient et supervise les institutions religieuses, veillant à ce qu’elles soient en accord avec les objectifs et les valeurs nationaux. Les monastères et l’éducation monastique reçoivent un financement gouvernemental, et les moines jouent souvent des rôles significatifs dans la prise de décision communautaire.

2 L’Iran

L’Iran est une République islamique où l’autorité religieuse et politique est intimement liée, formant le cœur de son système de gouvernance. Après la Révolution iranienne de 1979, le système politique du pays s’est profondément enraciné dans l’islam chiite, en particulier dans la doctrine du Velayat-e Faqih (Gouvernance du Juriste Islamique). Cette doctrine confère un pouvoir considérable au Guide Suprême, une figure religieuse ayant le contrôle ultime sur le gouvernement, l’armée, le système judiciaire et les médias. Le Guide Suprême est choisi par l’Assemblée des Experts, un groupe de clercs élus, et sert à vie, sauf s’il est jugé inapte.

Le gouvernement iranien comprend des éléments élus et non élus. Bien qu’il existe des éléments démocratiques comme le Président et le Parlement, le Guide Suprême et le Conseil des Gardiens détiennent un pouvoir substantiel. Le système juridique iranien est fortement basé sur la loi islamique, influençant les lois pénales, civiles et familiales. Le système judiciaire, dirigé par le Chef du Pouvoir Judiciaire nommé par le Guide Suprême, applique ces lois, mêlant principes religieux et gouvernance étatique.

Ce système théocratique a conduit à des politiques sociales strictes, y compris des codes vestimentaires et des restrictions sur la liberté d’expression et de réunion, afin de maintenir le caractère islamique de la nation. Malgré des appels occasionnels à la réforme et à la modernisation, le gouvernement iranien reste profondément influencé par son idéologie religieuse.

3 Le Brunei

Brunei, souvent considéré comme le dernier royaume absolu, est un exemple fascinant de la relation entre la monarchie et la religion. Bien que ce pays soit l’un des plus riches du monde, il fait face à des défis financiers qui touchent même sa famille royale. Le sultan a récemment envisagé des mouvements vers une forme de démocratie partielle, mais la décision de l’introduire ou non lui appartient entièrement. Ce dilemme soulève des questions sur les motivations derrière ces initiatives et leur impact potentiel sur la gouvernance du pays.

Brunei : Un État insulaire riche et son système de gouvernance

Brunei, officiellement désigné comme le Royaume de Brunei, est une petite monarchie absolue située sur l’île de Bornéo en Asie du Sud-Est. Le pays est dirigé par le Sultan Hassanal Bolkiah, qui détient le pouvoir suprême sur toutes les affaires de l’État, y compris les questions religieuses. L’islam, en particulier l’école Shafi’i du sunnisme, est la religion d’État, et le système juridique est fortement influencé par la loi islamique. Cette intégration de la religion dans la gouvernance se manifeste par l’adoption du Code pénal de la Syariah, qui a introduit des lois et des sanctions islamiques strictes, telles que l’amputation, la lapidation et le fouet pour divers délits.

La décision du Sultan d’appliquer le Code pénal de la Syariah a suscité une condamnation internationale et des appels au boycott, notamment de la part d’organisations de défense des droits de l’homme et de gouvernements occidentaux. Les détracteurs soutiennent que ce code enfreint des droits humains fondamentaux, y compris la liberté d’expression et de religion, et interdit les peines cruelles et inhabituelles. Malgré cela, le Sultan défend cette mise en œuvre comme un reflet des valeurs de Brunei et de son engagement envers les principes islamiques. Ce code s’applique tant aux musulmans qu’aux non-musulmans, bien que certaines sanctions soient spécifiquement réservées aux musulmans.

Eritrée : Un contrôle religieux strict

L’Érythrée est souvent qualifiée de « Corée du Nord de l’Afrique » en raison de son niveau de censure extrême. Le gouvernement érythréen ne reconnaît officiellement que quatre groupes religieux : l’Église orthodoxe érythréenne, l’islam sunnite, l’Église catholique romaine et l’Église évangélique d’Érythrée. Cette reconnaissance officielle influence considérablement le paysage religieux, car toute pratique religieuse en dehors de ces groupes autorisés est interdite et soumise à un contrôle strict de l’État.

Le gouvernement érythréen maintient un contrôle rigoureux sur les pratiques religieuses, justifiant souvent cette surveillance par la nécessité d’assurer l’unité nationale et la sécurité. Le Bureau des affaires religieuses supervise les activités religieuses, et tous les groupes reconnus doivent s’enregistrer et fournir des informations détaillées sur leurs opérations, y compris les noms des membres, les états financiers et les biens immobiliers. L’État est également connu pour intervenir dans le choix des dirigeants religieux, renforçant ainsi son influence sur les institutions religieuses.

Les membres de groupes religieux non reconnus, en particulier les chrétiens évangéliques et les Témoins de Jéhovah, subissent de sévères sanctions, y compris l’emprisonnement, le harcèlement et la torture. Des rapports d’organisations de défense des droits de l’homme, telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch, documentent de nombreux cas d’individus détenus en raison de leurs croyances religieuses, souvent sans inculpation formelle ni procès.

Somalie : Une lutte contre le terrorisme

La Somalie, un pays en proie à l’instabilité, fait face à des défis majeurs en matière de sécurité, notamment en raison de la menace posée par le groupe terroriste Al Shabaab. Le gouvernement somalien, soutenu par des forces spéciales américaines, s’efforce de lutter contre cette organisation qui a semé la terreur dans la région. Les efforts pour éliminer Al Shabaab sont cruciaux pour renforcer la stabilité du pays et protéger les citoyens somaliens.

Les initiatives de sécurité en Somalie sont essentielles pour contrer l’influence d’Al Shabaab, qui continue de mener des attaques contre des cibles gouvernementales et civiles. La coopération internationale, notamment avec les États-Unis, joue un rôle clé dans la formation et le soutien des forces de sécurité somaliennes, afin de leur permettre de mieux faire face à cette menace persistante.

La Somalie, située dans la Corne de l’Afrique, possède un système juridique profondément ancré dans les principes islamiques. La constitution provisoire adoptée en 2012 établit l’islam comme religion d’État et stipule que toutes les lois doivent être conformes à la charia. Cette fusion entre religion et État se manifeste dans divers aspects de la gouvernance, où la charia influence tant les affaires civiles que criminelles. Par exemple, les tribunaux islamiques coexistent avec les tribunaux laïques pour traiter des affaires, notamment celles relatives au droit de la famille, à l’héritage et aux litiges personnels.

Bien que le gouvernement somalien soutienne officiellement un système parlementaire fédéral, il rencontre des difficultés pour étendre son autorité sur l’ensemble du pays en raison de la présence de régions autonomes et de groupes militants tels qu’Al-Shabaab. Ce groupe extrémiste, qui applique une interprétation stricte de la charia, contrôle de vastes territoires dans le sud de la Somalie et impose sa propre version sévère de la loi islamique, incluant des exécutions publiques, des amputations et des lapidations pour des crimes tels que le vol et l’adultère. L’influence de ce groupe complique davantage le paysage juridique en Somalie, rendant l’application de la charia inégale et souvent brutale dans les zones sous leur contrôle.

Les normes et pratiques sociales en Somalie sont fortement influencées par les traditions islamiques, affectant des domaines tels que les codes vestimentaires et les règles alimentaires. L’éducation islamique est également mise en avant, de nombreuses écoles intégrant des études religieuses dans leur programme.

Pakistan : Un système juridique islamique

Établi en 1947, le Pakistan a été créé comme une nation distincte pour les musulmans du sous-continent indien. Le système juridique et politique du pays est étroitement lié aux principes islamiques. La constitution du Pakistan déclare l’islam comme religion d’État et exige que toutes les lois soient conformes aux enseignements de l’islam tels qu’énoncés dans le Coran et la Sunnah. De plus, tant le président que le premier ministre doivent être musulmans, et le Conseil des idéologies islamiques a été mis en place pour garantir que les lois respectent les règles islamiques.

La charia exerce une influence majeure sur le système juridique pakistanais. Les ordonnances Hudood, introduites en 1979, imposent des peines de charia pour des crimes tels que le vol, l’adultère et les fausses accusations d’adultère. Ces lois ont suscité des controverses et des critiques, notamment en ce qui concerne leur impact sur les droits des femmes et leur application. En dehors du système juridique formel, des mécanismes informels et traditionnels de résolution des conflits, tels que les jirgas et les panchayats, utilisent souvent des principes de charia, renforçant ainsi l’ancrage de la loi islamique dans la société.

Le Soudan : Conflits et luttes de pouvoir

Le Soudan a connu des bouleversements politiques majeurs, notamment des manifestations qui ont éclaté en décembre 2018 en raison d’une crise économique. Ces manifestations ont constitué le plus grand défi pour le dictateur de longue date, Omar al-Bashir, qui a été renversé en avril 2019 par un coup d’État militaire. Après la chute de son régime, les espoirs de transition vers la démocratie ont été rapidement assombris par la rivalité entre les deux principaux chefs militaires, Abdel Fattah Burhan et Mohamed Hamdan Dagalo, également connu sous le nom de Hemeti. Bien qu’ils aient promis de transférer le pouvoir aux civils, leur lutte pour le contrôle a conduit à une escalade de la violence, notamment à Khartoum et dans la région du Darfour, qui continue de souffrir des conséquences d’un génocide.

Les récents échecs des cessez-le-feu ont exacerbé les tensions, mettant en péril les aspirations démocratiques des manifestants et risquant de plonger le pays dans une guerre civile. La situation au Soudan illustre comment les luttes internes peuvent compromettre les efforts de réforme et de paix, laissant la population dans l’incertitude et la peur.

Historiquement, sous la présidence d’Omar al-Bashir de 1989 à 2019, le Soudan a fondé son système juridique sur la loi islamique, ou charia. Pendant son règne, le Soudan était un État islamique où la charia régissait de nombreux aspects de la vie publique et privée. Cela incluait des règles strictes concernant les codes vestimentaires, le comportement public, ainsi que des sanctions sévères pour des crimes tels que le vol et l’adultère, alignant ainsi le système juridique sur les principes islamiques. La charia a également influencé les institutions éducatives et sociales du pays, intégrant profondément les valeurs islamiques dans la société soudanaise.

Suite au renversement d’Omar al-Bashir en 2019, la scène politique soudanaise a commencé à évoluer. Un gouvernement de transition a promis des réformes et une séparation plus marquée entre la religion et l’État. Malgré ces promesses, l’influence de la loi islamique demeure significative, en particulier dans les régions contrôlées par des factions conservatrices. Le gouvernement de transition a d’abord tenté d’abolir certaines des lois les plus sévères basées sur la charia, telles que celles imposant la peine de mort pour apostasie et la flagellation publique.

Cependant, le coup d’État militaire récent en 2021 a engendré des incertitudes quant à l’avenir de ces réformes. Le retour au pouvoir militaire suscite des inquiétudes quant à un possible retour à une gouvernance islamique plus stricte, les dirigeants militaires pouvant chercher à obtenir le soutien de factions islamistes pour renforcer leur pouvoir.

3 Yemen

La constitution du Yémen désigne l’islam comme religion d’État et exige que toutes les lois soient basées sur la charia islamique. Cela reflète les valeurs culturelles et religieuses de la majorité musulmane du pays. La constitution stipule également que le président doit être un musulman pratiquant. Les politiques publiques et les pratiques étatiques sont profondément ancrées dans les traditions islamiques, influençant tout, de l’éducation aux procédures judiciaires.

Le conflit civil en cours au Yémen a compliqué la relation entre la religion et l’État. Ce conflit implique plusieurs factions, y compris le mouvement Houthi, qui adhère à l’islam chiite zaydite et contrôle de vastes régions du pays, et le gouvernement reconnu internationalement, qui suit l’islam sunnite. Cette division a conduit à une application fragmentée de la charia, avec différentes interprétations appliquées dans différentes régions.

Dans les zones contrôlées par les Houthis, par exemple, des applications plus strictes de la charia ont été observées, affectant les droits des femmes et les libertés publiques. L’instabilité et la crise humanitaire ont également entravé l’établissement d’un système juridique unifié, rendant l’application de la charia inégale à travers le pays.

2 Maldives

Les Maldives, un État insulaire de l’océan Indien, voient l’islam non seulement comme religion d’État, mais aussi comme un élément central de leur cadre juridique et social. La constitution maldivienne exige que tous les citoyens soient musulmans, interdisant aux non-musulmans d’acquérir la citoyenneté. Cette adhésion stricte à la religion se reflète dans les lois du pays, qui reposent sur des principes islamiques. La charia influence considérablement le système juridique, notamment dans les domaines du mariage, du divorce et de l’héritage. La police religieuse veille au respect des normes islamiques, et les violations de la charia peuvent entraîner des sanctions sévères, telles que la flagellation pour adultère et l’amputation pour vol.

L’influence de l’islam aux Maldives s’étend au-delà des questions juridiques dans la vie quotidienne et la gouvernance. Les jours fériés sont principalement islamiques, et l’éducation religieuse est obligatoire dans les écoles. Le gouvernement surveille de près les pratiques religieuses et les sermons, s’assurant qu’ils soient conformes à l’islam sunnite, l’interprétation sanctionnée par l’État. Cette imbrication de la religion et de l’État conduit souvent à des réglementations strictes sur l’expression religieuse et à des libertés limitées pour ceux qui pourraient avoir des croyances différentes. Malgré son image idyllique de destination touristique, les Maldives maintiennent une position conservatrice sur les questions religieuses et sociales.

1 Arabie Saoudite

Le prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohammed ben Salmane, est perçu comme de plus en plus puissant. Avec la guerre en Ukraine perturbant les approvisionnements énergétiques, les dirigeants occidentaux sont désireux de s’approvisionner en pétrole saoudien. Cependant, la montée en puissance de ce jeune prince soulève des inquiétudes quant à son pouvoir. Les réformes qu’il a mises en œuvre dans le pays sont à la fois saluées et critiquées, et son régime est souvent associé à des violations des droits de l’homme, notamment le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi. La dynamique actuelle de l’Arabie Saoudite, en particulier dans le contexte de la crise énergétique mondiale, soulève des questions sur l’avenir de la gouvernance et des droits civils dans le royaume.

La Monarchie Absolue d’Arabie Saoudite : Un Système de Gouvernance Religieuse

L’Arabie Saoudite se caractérise par une monarchie absolue où le système juridique est profondément ancré dans les principes islamiques. Le pays est officiellement régi par le Coran et la Sunnah, qui sont les traditions du Prophète Muhammad. Le roi d’Arabie Saoudite détient des pouvoirs considérables, englobant les domaines exécutif, législatif et judiciaire, tous exercés conformément à la loi islamique. Cette structure de gouvernance implique que la vie personnelle et publique des citoyens est fortement influencée par les lois et normes religieuses.

L’Éducation Religieuse et la Régulation Sociale

L’éducation religieuse occupe une place prépondérante dans le programme scolaire national. De plus, le comportement public est surveillé par la police religieuse, connue sous le nom de Comité pour la Promotion de la Vertu et la Prévention du Vice. Cet organisme veille à l’application des normes morales islamiques, telles que les codes vestimentaires, l’assistance aux prières et la séparation des sexes dans les espaces publics. En outre, le gouvernement saoudien exerce un contrôle sur les institutions religieuses, nomme les leaders religieux et finance la construction ainsi que l’entretien des mosquées.

Influence et Contrôle de l’État sur la Religion

Le rôle de l’État dans la régulation de la vie religieuse est crucial. En 2022, environ 90 % des Saoudiens se déclaraient musulmans, ce qui souligne l’importance de la religion dans la société. Le gouvernement non seulement supervise les pratiques religieuses, mais il s’assure également que les enseignements islamiques soient intégrés dans tous les aspects de la vie quotidienne. Cela inclut la gestion des mosquées et la formation des imams, garantissant ainsi que les valeurs islamiques soient transmises de manière cohérente et uniforme à la population.

Conclusion

En somme, l’Arabie Saoudite représente un exemple frappant d’une société où la religion et l’État sont intimement liés. La monarchie absolue, combinée à un système juridique basé sur l’islam, façonne non seulement la gouvernance, mais aussi la culture et les comportements des citoyens. Ce modèle unique continue d’évoluer, tout en restant fidèle à ses racines religieuses.

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