Réforme des Actifs Numériques : Une Nouvelle Catégorie de Propriété Personnelle au Royaume-Uni
La Commission du Droit d’Angleterre et du Pays de Galles appelle le gouvernement britannique à établir une nouvelle catégorie de propriété personnelle pour les actifs numériques. Dans un rapport, elle plaide pour des réformes juridiques qui tiennent compte des caractéristiques uniques de ces actifs.
La Commission du Droit est un organisme indépendant créé pour examiner et recommander des réformes dans le droit d’Angleterre et du Pays de Galles. Le 30 juillet, elle a publié un rapport complémentaire soulignant l’insuffisance de la catégorisation actuelle des biens personnels et ses implications juridiques sur les actifs numériques.
Importance des Droits de Propriété Personnelle
Les droits de propriété personnelle jouent un rôle crucial dans diverses situations juridiques, notamment en cas de faillite ou d’insolvabilité, où les droits de propriété peuvent être compromis ou illégalement pris. Ils sont également essentiels pour définir correctement les relations juridiques, y compris les relations de garde, les arrangements de garantie et les structures impliquant des fiducies. Comme l’a souligné la Commission, « les droits de propriété sont puissants car, en principe, ils sont reconnus contre le monde entier. »
Cependant, la législation britannique présente une certaine ambiguïté concernant les actifs numériques et les droits de propriété, ce qui a conduit la Commission à formuler ses recommandations.
Définition des Actifs Numériques
Dans son rapport, la Commission a précisé sa définition des actifs numériques. Elle a défini le « crypto-token » ou « crypto-actif » comme une unité de quantité notoire résultant de l’opération active d’un logiciel par un réseau de participants et de données instanciées par le réseau. La cryptomonnaie est considérée comme un sous-ensemble de crypto-token conçu pour fonctionner comme de l’argent, tandis que l’actif numérique englobe tout actif représenté de manière numérique ou électronique.
La Commission a noté qu’il existe de nombreux types d’actifs numériques, dont tous ne peuvent pas être considérés comme des objets de droits de propriété personnelle. Dans un rapport précédent publié en juin 2023, elle avait conclu que « certains types » d’actifs numériques sont effectivement des objets de droits de propriété.
Proposition d’une Troisième Catégorie de Propriété
Malgré cette conclusion, la Commission a reconnu que certains actifs numériques ne s’intègrent pas facilement dans les catégories traditionnelles de propriété personnelle reconnues en Angleterre et au Pays de Galles. La loi anglaise classe la propriété personnelle en deux types principaux : les biens en possession (biens tangibles) et les biens en action (biens intangibles, tels que les créances ou les droits). Les actifs numériques, y compris les monnaies numériques et les jetons non fongibles (NFT), peuvent posséder l’une ou l’autre de ces qualités, voire aucune, ce qui complique la résolution des litiges devant les tribunaux.
Pour remédier à cette situation, la Commission a proposé d’introduire une « troisième catégorie » qui clarifierait les droits de propriété liés aux actifs numériques. Elle a conclu que « la flexibilité du droit commun permet de reconnaître une catégorie distincte de propriété personnelle qui peut mieux reconnaître, accueillir et protéger les caractéristiques uniques de certains actifs numériques (y compris les crypto-tokens et les crypto-actifs). »
Recommandations pour un Projet de Loi sur la Propriété
Pour mettre en œuvre cette proposition, la Commission a recommandé l’élaboration d’un « Projet de Loi sur la Propriété » qui préciserait qu’« un objet (y compris un objet de nature numérique ou électronique) ne peut pas être exclu des droits de propriété personnelle simplement parce qu’il n’est ni (a) un bien en possession, ni (b) un bien en action. »
Ce projet de loi permettrait de considérer les actifs numériques comme des biens, qu’ils s’inscrivent ou non dans l’une de ces deux catégories existantes, tout en laissant aux tribunaux le soin de développer cette troisième catégorie pour les actifs numériques.
Création d’un Panel d’Experts
La Commission a également recommandé que le gouvernement mette en place un panel d’experts de l’industrie, de praticiens du droit, d’universitaires et de juges pour fournir des conseils sur les questions factuelles et juridiques relatives à certains actifs numériques, afin d’assister les tribunaux.
Elle a ajouté que ses diverses recommandations « sont actuellement à l’étude par le gouvernement. »
Conclusion
La régulation des actifs numériques est essentielle pour leur intégration dans le cadre juridique existant. La création d’une nouvelle catégorie de propriété pourrait offrir une plus grande clarté et sécurité juridique, favorisant ainsi l’innovation et la confiance dans l’économie numérique.