Qantas : Un Rapport de Gouvernance et ses Répercussions

Une Réaction Timide du Conseil d’Administration

Dans la lignée des excuses habituelles des entreprises australiennes, le conseil d’administration de Qantas a décidé de se donner une légère réprimande suite à un rapport de gouvernance accablant concernant sa performance et sa gestion. Ce rapport, rédigé par Tom Saar, ancien partenaire chez McKinsey, met en lumière des observations déjà connues : le conseil était trop influencé par l’ancien PDG Alan Joyce, manquait de compétences, était trop réactif et trop collégial. Le fait que Qantas ait eu besoin d’une évaluation externe coûteuse pour en arriver à ces conclusions en dit long sur l’état de la compagnie aérienne.

Un Style de Leadership Centralisé

Saar a décrit le style de leadership de Qantas comme étant de type « commandement et contrôle », avec des décisions centralisées et un PDG expérimenté et dominant. Bien que le conseil se soit concentré sur des aspects financiers, commerciaux et stratégiques, il aurait dû également porter une attention accrue aux enjeux non financiers, aux employés, aux clients et à l’ensemble des parties prenantes.

Un Équilibre à Rechercher

Richard Goyder, président de Qantas, et John Mullen, président élu, ont reconnu que le mode d’engagement du conseil avec la direction n’avait pas toujours trouvé le bon équilibre entre soutien et défi. En guise de sanction, les administrateurs ayant siégé entre 2022 et 2024 et restant dans l’entreprise verront leur rémunération de base réduite de 33 % cette année. Cependant, cette mesure n’affectera pas les administrateurs sortants, tels que Jacqueline Hey et Maxine Brenner.

Des Augmentations de Rémunération Inadéquates

Il est important de noter que cette réduction de salaire doit être mise en perspective avec un conseil d’administration composé de multimillionnaires, qui a continué à s’accorder des augmentations de salaire, même lorsque Qantas a imposé un gel salarial de deux ans à ses employés, suivi d’une augmentation annuelle de seulement 3 %. Par exemple, la rémunération de Goyder pour son rôle à temps partiel a augmenté de 442 000 $ en 2019-2020 à 604 000 $ trois ans plus tard, soit une hausse de 37 %.

Promesses et Réponses du Conseil

Le conseil a promis de répondre aux recommandations du rapport, mais en dehors de leurs propres sanctions mineures, la seule réponse significative a été de réduire les primes de ses cadres supérieurs, y compris l’ancien PDG Alan Joyce, d’un total de 14,1 millions de dollars pour l’exercice 2023-2024. Cependant, la réduction de 9 millions de dollars de Joyce, soit environ 5 millions après impôts, ne représente qu’une goutte d’eau par rapport aux 130 millions qu’il a perçus durant son mandat. Malgré une série de scandales, il quitte son poste avec près de 15 millions pour sa dernière année.

Des Questions Restées Sans Réponse

Une question demeure sans réponse : pourquoi Joyce, dont la gestion a gravement terni la réputation d’une entreprise autrefois emblématique, reçoit-il encore une prime ? Si un cadre inférieur avait causé un tel préjudice, il aurait non seulement perdu sa prime, mais également son emploi. Joyce continuera également à bénéficier de primes à long terme selon les plans de rémunération précédents.

Une Communication Stratégique

Comme souvent avec les annonces de Qantas, la communication a été habilement orchestrée. Les titres évoquant une « réduction de salaire » donnent l’impression que Joyce a été sévèrement puni, alors que le montant initial était déjà exorbitant.

Un Contexte Juridique et Financier

Il est également pertinent de noter le timing du rapport, qui précède la décision du juge fédéral Michael Lee concernant le montant des dommages que la compagnie devra verser pour le licenciement illégal de 1 700 employés sous la direction de Joyce. Quel que soit ce montant, il sera probablement bien supérieur aux millions retirés à des cadres déjà fortunés. Qantas a déjà déboursé 120 millions de dollars pour régler le scandale des vols fantômes, et ce rapport permet de préparer le terrain pour un autre résultat financier de plusieurs milliards dans trois semaines.

Un Leadership Contesté

Enfin, le fait que la PDG actuelle, Vanessa Hudson, ait été incluse parmi les cadres dont les primes ont été réduites soulève des doutes quant à sa capacité à diriger efficacement l’entreprise.

Show Comments (0)
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *