Extradition de Tahawwur Hussain Rana : Un Revers Judiciaire Majeur

Décision de la Cour d’Appel des États-Unis

Washington : Un coup dur pour Tahawwur Hussain Rana, un homme d’affaires d’origine pakistanaise et canadienne, a été porté par une décision d’un tribunal américain qui a statué en faveur de son extradition vers l’Inde. Rana est recherché pour son implication dans les attentats terroristes de Mumbai en 2008, orchestrés par le groupe terroriste basé au Pakistan, Lashkar-e-Taiba. La Cour d’Appel des États-Unis pour le Neuvième Circuit a déclaré que le traité d’extradition entre les États-Unis et l’Inde permettait cette extradition.

Contexte de l’Affaire

Rana, âgé de 63 ans, a vu sa demande d’habeas corpus rejetée par la cour de district de Californie centrale, qui avait confirmé la certification d’un juge magistrat le désignant comme extradable vers l’Inde. Actuellement incarcéré à Los Angeles, il est accusé d’avoir joué un rôle dans les attaques du 26 novembre 2008 à Mumbai, en lien avec David Coleman Headley, un terroriste pakistano-américain et l’un des principaux conspirateurs de cet incident tragique.

Options Légales de Rana

Rana a la possibilité de contester cette décision. Il n’a pas encore épuisé toutes les voies légales pour empêcher son extradition vers l’Inde. Dans le cadre limité de l’examen d’habeas d’une ordonnance d’extradition, le panel de juges a déterminé que les accusations portées contre lui étaient couvertes par le traité d’extradition, qui inclut une exception de Non Bis in Idem (double risque) pour les cas où la personne recherchée a déjà été condamnée ou acquittée dans l’État requis pour l’infraction pour laquelle l’extradition est demandée.

Analyse Juridique et Éléments de Preuve

En s’appuyant sur le texte clair du traité, l’analyse technique du Département d’État américain et des précédents juridiques convaincants d’autres circuits, le panel a conclu que le terme « infraction » se réfère à un crime accusé, plutôt qu’aux actes sous-jacents, nécessitant une analyse des éléments de chaque crime. Les juges ont également noté que l’accord de plaidoyer d’un co-conspirateur n’imposait pas un résultat différent, car les accusations indiennes contenaient des éléments distincts des crimes pour lesquels Rana avait été acquitté aux États-Unis.

Preuves Présentées par l’Inde

Le panel a également jugé que l’Inde avait fourni des preuves suffisantes pour soutenir la conclusion du juge magistrat concernant l’existence d’un motif raisonnable de croire que Rana avait commis les crimes reprochés. Les juges impliqués dans cette décision étaient Milan D. Smith, Bridget S. Bade et Sidney A. Fitzwater.

Antécédents Judiciaires de Rana

Rana, citoyen pakistanais, avait été jugé dans un tribunal de district américain pour son soutien à une organisation terroriste responsable d’attaques massives à Mumbai. Il avait été reconnu coupable d’avoir fourni un soutien matériel à une organisation terroriste étrangère et d’avoir conspiré pour soutenir un complot d’attentat déjoué au Danemark. Cependant, il avait été acquitté des accusations de complot en lien avec les attaques en Inde. Après avoir purgé sept ans de prison, il a été libéré pour des raisons humanitaires, moment auquel l’Inde a demandé son extradition.

Arguments de Rana et Réponse du Gouvernement

Devant le juge magistrat qui a initialement statué sur son extradabilité, Rana a soutenu que le traité d’extradition avec l’Inde le protégeait en raison de la disposition de Non Bis in Idem. Il a également affirmé que l’Inde n’avait pas fourni suffisamment de preuves pour établir un motif raisonnable. Cependant, la cour d’extradition a rejeté ces arguments et a certifié son extradabilité. Après avoir soulevé les mêmes arguments dans une pétition d’habeas, la cour d’habeas a confirmé les conclusions de la cour d’extradition.

Interprétation du Traité par le Gouvernement

Dans son appel, Rana a soutenu qu’il ne pouvait pas être extradé pour des actes pour lesquels il avait été acquitté aux États-Unis, arguant que le terme « infraction » se rapportait aux actes sous-jacents. Le gouvernement américain a rétorqué que « infraction » désignait un crime accusé et nécessitait une analyse des éléments de chaque crime. Selon le gouvernement, le traité permettait l’extradition de Rana, car les accusations indiennes contenaient des éléments distincts des crimes pour lesquels il avait été acquitté.

Conclusion et Impact des Attentats de 2008

Le juge Smith a affirmé que les termes clairs du traité, la compréhension post-ratification des signataires et des précédents convaincants soutenaient l’interprétation du gouvernement. Au total, 166 personnes, dont six Américains, ont perdu la vie lors des attentats de Mumbai en 2008, où dix terroristes pakistanais ont mené un siège de plus de 60 heures, attaquant des lieux emblématiques et vitaux de la ville.

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