La lutte contre le harcèlement sexuel au travail : un appel à l’action
Angie, un pseudonyme pour préserver son anonymat, était serveuse lorsqu’elle a été victime de comportements inappropriés de la part de son supérieur, qui a fini par l’embrasser de force. Ce type de situation, bien que choquant, est devenu tristement courant pour de nombreuses personnes.
Le harcèlement sexuel est omniprésent, touchant un employé sur trois au cours des cinq dernières années, que ce soit dans des institutions gouvernementales ou des établissements de restauration réputés. Comme beaucoup d’autres, Angie a déposé plusieurs plaintes, mais sans résultat. Ne pouvant pas se permettre de quitter son emploi, elle a dû continuer à travailler aux côtés de son agresseur.
Un constat alarmant
Les récits de harcèlement sexuel continuent d’émerger, et des affaires retentissantes, comme celle d’une survivante de viol en Australie, soulignent le coût élevé de la dénonciation. Les changements semblent lents et insuffisants. Le rapport Respect@Work de Kate Jenkins, publié en 2020, a qualifié le harcèlement sexuel en Australie d’« endémique », révélant que près d’un travailleur sur cinq en est victime chaque année. De plus, la moitié de ces personnes subissent des harcèlements répétés, souvent pendant plus d’un an.
Des réformes nécessaires
Le gouvernement Albanese a promis de mettre en œuvre les 55 recommandations du rapport Respect@Work, y compris six réformes législatives qui avaient été négligées par l’administration précédente. Récemment, le gouvernement a tenu sa promesse en adoptant la modification sur la protection des coûts, une avancée majeure pour l’accès à la justice en Australie.
Cette réforme vise à éliminer le risque financier prohibitif connu sous le nom de « risque de coûts adverses » pour les victimes de discrimination et de harcèlement. Elle aligne l’Australie sur les pratiques d’autres pays, reconnaissant que des lois sans accès à la justice sont inefficaces.
Des statistiques révélatrices
Les chiffres sont frappants : seulement une victime sur 230 000 de harcèlement sexuel au travail engage des poursuites judiciaires en Australie, selon une analyse récente de l’ACTU. Même avec un dossier solide, le risque de perdre un procès et de devoir payer les frais juridiques de l’autre partie dissuade de nombreuses victimes de se battre pour leurs droits.
Angie, comme beaucoup d’autres, n’avait pas les moyens de prendre ce risque. Elle se retrouvait ainsi exclue de la justice, malgré la solidité de son dossier.
Un changement de dynamique
Les coûts adverses ont non seulement empêché les victimes de se rendre en justice, mais ont également faussé les résultats avant même d’atteindre le tribunal. Les avocats conseillent souvent aux entreprises accusées de discrimination de proposer des règlements peu élevés, sachant que les victimes n’ont pas les moyens de poursuivre en justice. Cette nouvelle modification vise à corriger cette inégalité de pouvoir.
Des entreprises comme Merivale et Swillhouse, récemment critiquées pour des cultures de travail dangereuses, doivent maintenant faire face à un risque réel de poursuites judiciaires si elles ne respectent pas leurs obligations. Cela offre aux victimes, comme Angie, une meilleure chance de demander des comptes, que ce soit par le biais de la Commission australienne des droits de l’homme ou des tribunaux.
Un chemin encore long
Malgré ces avancées, le rythme du changement reste inacceptable. Il a fallu quatre ans pour mettre en œuvre le rapport Respect@Work, et les objectifs semblent peu ambitieux. Bien que l’Australie ait brillé aux récents Jeux Olympiques de Paris, elle a chuté à la 24e place dans le rapport sur l’écart de genre du Forum économique mondial, une régression inquiétante.
Les résultats de l’enquête National Gender Compass révèlent que des croyances sexistes persistantes demeurent courantes. Les jeunes hommes de 15 à 19 ans sont les plus susceptibles de commettre des violences sexuelles. Une enquête sénatoriale sur les femmes et enfants autochtones disparus et assassinés a mis en lumière la violence disproportionnée à leur encontre, souvent ignorée par les médias et négligée par la police.
Un appel à l’action
Les défenseurs de la justice de genre appellent à des changements significatifs, mais le chemin reste semé d’embûches. Nous devons envisager un avenir ambitieux pour notre pays. Quel type de société souhaitons-nous pour nos filles, nos fils et nos enfants non binaires ? L’Islande, en tête du rapport sur l’écart de genre depuis 15 ans, pourrait servir d’exemple. Au minimum, nous devrions viser à surpasser la Nouvelle-Zélande, actuellement en 10e position.
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez êtes touché par des agressions sexuelles ou de la violence, appelez le 1800RESPECT au 1800 737 732 ou visitez 1800RESPECT.org.au.