La nouvelle politique permet au gouvernement Ford de prétendre qu’il ne s’oppose pas à l’énergie éolienne et solaire, tout en prenant des décisions futures sur la base rationnelle des coûts.
Publié le 12 septembre 2024 • Lecture de 4 minutes
La politique énergétique renouvelable du gouvernement Doug Ford évolue avec une régularité comparable à celle d’un moulin à vent. Après avoir écarté l’énergie éolienne et solaire, ces sources d’énergie ont brièvement été réintroduites, mais semblent à nouveau mises de côté, bien que cela ne soit pas définitif.
Beaucoup se souviendront que Ford avait mené sa campagne contre la Loi sur l’énergie verte des libéraux, qui avait imposé à l’Ontario des coûts élevés pour l’énergie éolienne et solaire. Une fois élu, il a annulé 750 projets d’énergie verte en attente, une décision qui a coûté 231 millions de dollars aux contribuables, bien que le gouvernement ait affirmé que cela éviterait des coûts futurs de 790 millions de dollars. Malheureusement, la province est restée engagée dans des projets existants et continuera à supporter leurs coûts élevés pendant des années.
En décembre dernier, l’Ontario a fait une annonce inattendue : elle allait acquérir 5 000 mégawatts d’énergie renouvelable supplémentaire, doublant ainsi la capacité éolienne et solaire de la province. Cette approche avait été mise en avant par Todd Smith, alors ministre de l’énergie. L’énergie verte semblait de nouveau à l’ordre du jour.
À la fin du mois d’août, le nouveau ministre de l’énergie, Stephen Lecce, a proposé un autre plan qui devrait décevoir les fervents défenseurs de l’énergie verte. La nouvelle stratégie d’approvisionnement énergétique de l’Ontario sera désormais « agnostique » et se basera sur les prix les plus bas pour déterminer les sources d’énergie futures. Cela pourrait inclure le gaz naturel et le nucléaire, en plus de l’éolien et du solaire.
Sur le plan politique, cette nouvelle approche est plutôt subtile. Elle permet au gouvernement Ford de prétendre qu’il ne s’oppose pas à l’éolien et au solaire tout en s’engageant dans un processus d’approvisionnement qui risque de produire peu de projets dans ces domaines. Le plan inclut plusieurs protections pour les terres agricoles et permet aux communautés de s’opposer à des projets énergétiques si elles ne les souhaitent pas. Plus de 150 municipalités de l’Ontario ont déjà dit non à l’énergie éolienne, représentant un tiers des municipalités de la province. Ces dispositions compliqueront la mise en œuvre de projets éoliens et solaires.
Cette nouvelle politique présente l’avantage de donner aux partis d’opposition un sujet de moins à critiquer, tout en prenant des décisions énergétiques sur une base rationnelle de coûts. De manière pratique, les offres ne seront pas soumises avant les élections provinciales, largement attendues au printemps prochain. Cela permet au gouvernement Ford de se présenter comme favorable à l’environnement, du moins pour l’instant.
Pour ceux qui soutiennent l’énergie renouvelable, cette agnosticisme est une mauvaise nouvelle. Ils soutiennent que l’énergie éolienne, qui est beaucoup plus répandue que l’énergie solaire, présente des avantages climatiques significatifs. De plus, ils affirment que le coût de l’énergie éolienne a considérablement diminué, au point qu’elle est désormais moins chère que d’autres alternatives. Si tel est le cas, c’est le moment pour l’industrie éolienne et ses partisans de prouver leur valeur. Un élément en faveur de l’énergie éolienne est que l’Ontario a commandé des installations de stockage de batteries à travers la province, permettant de stocker l’énergie éolienne excédentaire pour des périodes de besoin.
Malheureusement, les bonnes nouvelles s’arrêtent là. Les partisans de l’énergie éolienne ont reçu un nouveau coup dur cette semaine avec une analyse approfondie des coûts de l’énergie éolienne en Ontario par l’Institut Macdonald-Laurier, basé à Ottawa. Ce groupe de réflexion a conclu que non seulement l’énergie éolienne est coûteuse actuellement, mais qu’elle continuera à l’être à l’avenir tout en offrant des bénéfices environnementaux minimes.
L’auteur du rapport, l’économiste torontois Edgardo Sepulvada, a réalisé une analyse détaillée des coûts réels de l’énergie éolienne, en tenant compte de ses avantages environnementaux. Comme le souligne le rapport de l’Institut, l’énergie éolienne n’est précieuse que dans la mesure où elle remplace l’énergie produite à partir de gaz naturel. Si elle remplace l’énergie nucléaire ou hydraulique, qui sont souvent exemptes d’émissions, il n’y a pas de gain environnemental net.
Actuellement, l’Ontario paie 151 dollars par mégawatt-heure (MWh) pour l’énergie éolienne, dont 70 % est subventionné par les contribuables. Les utilisateurs d’énergie paient le reste. Les subventions pour rendre l’énergie éolienne et solaire superficiellement abordables coûtent au gouvernement 3 milliards de dollars par an. Au total, l’Ontario dépensera 7,3 milliards de dollars cette année pour diverses subventions électriques. Ces subventions ont commencé en 2017, sous le gouvernement libéral. Sepulvada note qu’aucun autre gouvernement provincial n’a subventionné l’énergie à ce point et pendant si longtemps.
Pour être compétitive, le prix de l’énergie éolienne devra chuter de manière significative. Sepulvada estime que le prix de l’énergie éolienne devrait être de 46 $ MW/h pour que ses avantages égalent ses coûts. L’Ontario s’attend à payer presque le double lors de la prochaine procédure d’approvisionnement.
Cependant, l’impact total de l’énergie éolienne ne peut être mesuré uniquement par les prix ou les chiffres d’émissions. Les « fermes » éoliennes et les installations solaires défigurent le paysage rural et réduisent la qualité de vie dans ces zones. Cela préoccupe peu les citadins soucieux de l’environnement, mais c’est un véritable problème pour les habitants des zones rurales de l’Ontario.
Si une entreprise d’énergie éolienne approche les municipalités de l’Ontario, celles-ci devraient simplement dire non. Elles rendraient ainsi service à leurs résidents et aux générations futures d’Ontariens.