Une psychologue spécialisée dans le traitement des enfants confrontés à des traumatismes exprime ses inquiétudes concernant un projet d’implantation d’un refuge pour sans-abri à proximité de sa clinique située au centre-ville de Saskatoon.

Publié le 14 septembre 2024  •  Dernière mise à jour il y a 3 heures  •  Lecture de 4 minutes

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Dr. Jocelyn Poock se tient devant un bâtiment sur Pacific Avenue à Saskatoon, identifié comme un site potentiel pour un refuge d’urgence provincial. Poock est préoccupée car elle gère une clinique qui aide des enfants vulnérables souffrant de troubles du développement et de traumatismes dans un bâtiment adjacent. (PHIL TANK/Saskatoon StarPhoenix) sas

Dr. Jocelyn Poock réalise que la mairie de Saskatoon pourrait ne pas être au courant de l’existence de sa clinique, située à côté du site proposé pour le refuge d’urgence.

En tant que psychologue clinicienne, elle a choisi cet emplacement discret pour sa clinique, car elle et ses collègues s’occupent d’enfants particulièrement vulnérables, allant des enfants autistes à ceux en convalescence après des traumatismes graves.

Elle a opté pour ce lieu au centre-ville, dans un bâtiment patrimonial datant de 1912, précisément pour sa discrétion.

« J’ai choisi cet emplacement de manière réfléchie », a déclaré Poock lors d’une interview jeudi.

Depuis qu’elle a appris que la ville envisageait d’installer un refuge pour sans-abri « amélioré » dans un bâtiment adjacent à celui où elle a ouvert sa clinique il y a deux ans, elle peine à trouver le sommeil.

Au cours de l’année dernière, sa clinique a proposé plus de 7 000 rendez-vous pour les enfants les plus vulnérables de la ville et de la province. Près des trois quarts des enfants traités dans sa clinique sont d’origine autochtone.

Poock craint maintenant qu’un refuge pour sans-abri ne crée un environnement dangereux, ce qui pourrait entraver le développement des enfants et des familles qu’elle aide, qui sont déjà confrontés à des traumatismes.

La mairie a diffusé un communiqué à 15h31 le 6 septembre, annonçant que le site avait été identifié comme un emplacement potentiel pour un refuge de 30 à 40 lits pour une durée maximale de 18 mois.

La ville a acquis l’ancien bâtiment de la Saskatchewan Transportation Company sur Pacific Avenue dans le cadre des préparatifs pour un futur district autour d’une arène au centre-ville. Le refuge proposé se trouve au nord du parking désigné pour la nouvelle arène.

Il est également situé à environ 250 mètres de l’ancien site d’un refuge temporaire au centre-ville sur First Avenue, géré par le Saskatoon Tribal Council. Fin 2022, ce refuge a été fermé, et le conseil tribal gère maintenant un refuge de 106 lits à côté du quartier de Fairhaven.

Le précédent centre de bien-être au centre-ville avait été jugé trop perturbateur, avec des personnes régulièrement campées sur le trottoir devant.

Poock redoute une situation similaire si le conseil approuve le site à côté de son bâtiment. Elle décrit sa réaction comme étant de la « panique totale » depuis que son agent immobilier l’a informée des projets potentiels de la ville.

Sur le parking au sud du site proposé pour le refuge, un panneau publicitaire affiche le Premier ministre Scott Moe avec les mots « Économie forte, avenir radieux ». Le gouvernement de Moe a transféré à la mairie la responsabilité de trouver des sites pour les refuges provinciaux, financés par le ministère des Services sociaux.

Cette décision a été prise suite à la réaction négative à Fairhaven, où la criminalité signalée par la police a explosé l’année dernière après l’ouverture de l’établissement provincial. La province a depuis annoncé une stratégie visant à créer des refuges plus petits que celui de Fairhaven.

Le chef tribal Mark Arcand a critiqué le site proposé pour le refuge au centre-ville, le qualifiant de solution inappropriée. Le refuge serait géré par The Mustard Seed, une organisation chrétienne à but non lucratif basée à Calgary.

The Mustard Seed devait initialement gérer un refuge de 30 lits dans un ancien caserne de pompiers dans le quartier de Sutherland, mais le conseil a rejeté ce site en février en raison de sa proximité avec une école.

Le conseil municipal a modifié un règlement pour interdire les refuges à moins de 250 mètres d’une école.

Préoccupations concernant l’implantation d’un refuge pour sans-abri

La question de l’implantation d’un refuge pour sans-abri dans un quartier sensible suscite des inquiétudes parmi les professionnels de la santé mentale. Poock, une spécialiste travaillant dans une clinique, a exprimé ses préoccupations quant à l’impact potentiel sur les enfants vulnérables de la région. Elle souligne que les enfants qu’elle traite ont souvent subi des traumatismes dans leur enfance, ce qui les rend particulièrement sensibles à de telles situations.

Impact sur les enfants et la communauté

La Rise Dance Company, située juste en face du site proposé pour le refuge, offre des cours pour les tout-petits âgés de trois à quatre ans. Poock a noté que la ville a contraint cette entreprise à se déclarer comme une école, ce qui soulève des questions sur la sécurité et le bien-être des enfants dans ce contexte.

Réactions des autorités locales

Poock a tenté de communiquer ses préoccupations au maire Charlie Clark, au conseil municipal et à la province, mais n’a pas encore reçu de réponse. Elle prévoit d’assister à une séance d’information organisée par la ville concernant le refuge. Elle est convaincue que, si les responsables entendent les inquiétudes exprimées par elle et d’autres, ils pourraient abandonner le projet. Cependant, elle a remarqué des signes d’activité sur le site, suggérant que des travaux de rénovation pourraient déjà avoir commencé. La province a prévu un budget de 250 000 dollars pour améliorer le bâtiment.

Critique de la gestion des refuges

Poock a critiqué l’approche adoptée par la ville et la province, qualifiant de « patate chaude » la gestion des refuges. Elle s’interroge également sur la rapidité avec laquelle le projet est avancé, alors que le conseil municipal doit se prononcer sur le site le 25 septembre. Cette décision intervient dans un contexte difficile, marqué par une attaque tragique survenue à l’Evan Hardy Collegiate, où une adolescente a été gravement blessée.

Priorité à la santé mentale des enfants

Dans le sillage de cet incident, il est crucial de veiller à ce que les efforts déployés par des professionnels comme Poock pour aider les enfants confrontés à des problèmes de santé mentale ne soient pas entravés par des décisions hâtives. La sécurité et le bien-être des jeunes doivent primer sur d’autres considérations dans ce débat.

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