La Couleur de la Peau et la Santé Mentale : Un Problème Ignoré
Les Défis de la Représentation
À Los Angeles, Jonnae Thompson, une actrice, chanteuse et humoriste de 37 ans, ressent depuis longtemps que sa peau brun foncé et ses cheveux naturels compliquent sa recherche d’emploi à Hollywood. Elle explique : « Il y a une connotation négative associée à ma couleur de peau. » Souvent, elle se voit proposer des rôles de méchants, tels que des intimidateurs ou des trafiquants de drogue.
Impact sur la Santé
La quête de Thompson pour une représentation plus équitable sur grand écran n’est pas seulement épuisante sur le plan professionnel, mais elle a également des répercussions sur sa santé. « Cela a clairement eu un impact négatif sur mon estime de soi, » confie-t-elle, se remémorant des moqueries qu’elle a subies à l’école. Le terme « colorisme », qui désigne la discrimination en faveur des peaux plus claires, a été popularisé par l’auteure Alice Walker dans son livre de 1983.
Colorisme et Santé Mentale
Des études récentes établissent un lien direct entre le colorisme et des problèmes de santé. Une enquête de 2023 a révélé que parmi les adultes noirs et hispaniques, ceux qui se décrivent comme ayant une peau plus foncée rapportent davantage d’expériences de discrimination. Les personnes qui subissent une discrimination quotidienne sont plus susceptibles de souffrir de dépression, d’anxiété et d’autres problèmes de santé mentale.
Conséquences Physiques
Le colorisme peut également engendrer des préoccupations de santé physique. L’utilisation de produits comme les défrisants et les éclaircissants cutanés, souvent employés par les femmes de couleur pour se conformer à des normes de beauté racialisées, expose ces dernières à des produits chimiques toxiques.
Nécessité d’une Prise de Conscience
Regina James, psychiatre pour enfants et adolescents, souligne l’importance d’une attention accrue du système de santé envers le colorisme. « La discrimination liée à la couleur de la peau est si insidieuse qu’elle peut littéralement affecter votre bien-être, » déclare-t-elle. Cette discrimination peut contribuer à une faible estime de soi et à des problèmes de santé mentale.
Un Manque de Sensibilisation
Les discussions sur la couleur de la peau sont souvent négligées par les professionnels de la santé mentale, qui manquent parfois de formation sur le sujet. Usha Tummala-Narra, psychologue clinicienne, note qu’il n’existe pas de formation spécifique sur le colorisme, ce qui laisse de nombreux praticiens dans l’ignorance.
L’Impact sur les Enfants
Les enfants noirs et autochtones, ainsi que d’autres personnes de couleur, sont souvent confrontés à des stéréotypes liés à la couleur de leur peau dès leur plus jeune âge. Une étude de 2020 a révélé que les enfants noirs à la peau la plus foncée présentent des niveaux plus élevés de symptômes dépressifs.
Témoignages Personnels
Shannon Brown, un ancien conseiller universitaire de 34 ans, se souvient des moqueries de ses camarades sur sa peau. Bien qu’il essaie de trouver de l’humour dans ces commentaires, il admet que cela devient lassant. De même, Shakun Kaushal, spécialiste en communication numérique, évoque des expériences similaires dans sa culture indienne, où la beauté est souvent associée à une peau plus claire.
La Nécessité d’un Dialogue
Kaushal insiste sur l’importance d’initier des conversations intergénérationnelles sur le colorisme. « Ce que vous dites à un enfant a un impact durable sur son estime de soi, » prévient-elle.
Reconnaître la Stigmatisation
Roopal Kundu, dermatologue, souligne que la stigmatisation liée à la couleur de la peau doit être reconnue dans les milieux de soins de santé. Elle note que certaines maladies cutanées sont souvent mal diagnostiquées chez les personnes à la peau foncée, car elles se manifestent différemment.
Vers une Meilleure Inclusion
Les professionnels de la santé mentale et physique s’accordent à dire qu’il est crucial d’améliorer la diversité dans le domaine médical. Une enquête a révélé que les personnes noires ont plus de difficultés à trouver des prestataires de santé mentale qui comprennent leur vécu. De plus, les programmes visant à promouvoir la diversité dans les écoles de médecine sont en déclin.
Conclusion
Thompson, Brown et Kaushal partagent tous l’expérience de ne jamais avoir été traités par un thérapeute qui leur ressemble. Thompson se souvient d’un incident où, à l’âge de 10 ans, elle a ingéré de l’eau de Javel dans l’espoir d’éclaircir sa peau. Si elle pouvait parler à son jeune moi, elle lui dirait : « Tu es belle. Tu es brillante. »