Survivre au Cancer : Témoignages de Femmes Nigérianes
Une Nouvelle Perspective sur la Survivance au Cancer
« Je crois que je vais encore le surmonter. » Ces mots proviennent d’une femme nigériane, Didi, qui, bien qu’inquiète d’une éventuelle récidive de son cancer, se considère comme une survivante.
Cette attitude devient de plus en plus répandue à travers le monde, alors que de plus en plus de personnes vivent après un diagnostic de cancer. Bien que la population mondiale augmente et que l’incidence du cancer soit en hausse, il est également vrai que les chances de survie s’améliorent considérablement.
Se définir comme survivante, plutôt que comme victime, a son importance. Des études montrent que cette identification est liée à de meilleurs résultats en matière de santé. L’optimisme de Didi est d’autant plus inspirant lorsqu’on considère les défis auxquels des femmes comme elle font face : un système de santé fragile, des coûts médicaux élevés, la stigmatisation liée au cancer et une société patriarcale qui accroît la vulnérabilité des femmes.
En 2020, le Nigéria a enregistré environ 124 815 nouveaux cas de cancer et 78 899 décès dus à cette maladie, principalement à cause des cancers du sein, du col de l’utérus et de la prostate. Les prévisions indiquent une augmentation de l’incidence du cancer d’ici 2040.
Comprendre l’Expérience des Survivants
La population croissante de personnes ayant survécu au cancer souligne l’importance de comprendre leurs expériences. Qu’est-ce que cela signifie d’être une survivante du cancer au Nigéria ? L’identification en tant que survivante plutôt qu’en tant que victime a-t-elle un impact ? Comment peut-on améliorer la qualité de vie des survivants ?
Ces questions ont guidé l’étude à laquelle Didi a participé, menée par des chercheurs en gérontologie et en santé publique.
Survivantes du Cancer du Sein : Une Étude Qualitative
Pour notre recherche sur l’expérience des femmes survivantes du cancer au Nigéria, nous avons adopté une approche qualitative descriptive. Nous avons interviewé 30 femmes à Abuja, dont 29 avaient été diagnostiquées avec un cancer du sein et une avec un cancer de la peau. Les participantes, âgées de 29 à 55 ans, comprenaient 16 femmes mariées, 19 mères et 29 diplômées de l’enseignement supérieur.
Ces femmes ont été recrutées grâce à un partenariat avec une organisation offrant un soutien psychosocial aux survivants du cancer, ce qui leur a permis de partager leurs expériences en toute confiance.
Nous avons analysé leurs témoignages pour dégager des thèmes principaux.
Résultats Clés de l’Étude
Trois conclusions majeures ont émergé de notre analyse :
- La stigmatisation liée au cancer est omniprésente.
- Les femmes interprètent leur expérience de manière variée.
- Se définir comme survivante peut être une source de pouvoir.
Les femmes nigérianes ont rapporté avoir fait face à des attitudes négatives. L’une d’elles a déclaré : « J’ai été moquée… ridiculisée… humiliée. » Une autre a mentionné qu’elle n’avait pas retrouvé son emploi après son traitement. De plus, elle a évoqué le comportement indélicat de son mari après sa mastectomie. La stigmatisation peut entraîner l’isolement social, la perte de revenus et la peur de demander de l’aide.
Bien que toutes les participantes se soient identifiées comme survivantes, les raisons variaient. Elles ont évoqué la force, l’espoir, l’estime de soi, une vision positive de la vie et un sentiment de contrôle. Pour certaines, leur foi religieuse a renforcé cette identité. L’une d’elles a affirmé que se voir comme une survivante l’a aidée à respecter son traitement médical. Le soutien et l’entraide ont également joué un rôle dans cette identification :
« Depuis que j’ai rejoint un groupe de soutien, je me considère comme une survivante du cancer. Je vais m’en sortir, peu importe les obstacles. »
Les femmes ont partagé leurs réflexions sur l’avenir, au-delà de leur diagnostic. Beaucoup ont fait preuve d’une grande résilience, exprimant de l’espoir pour un avenir meilleur, au-delà du cancer.
L’Importance de l’Identification comme Survivante
Dans l’ensemble, bien que certaines participantes aient évoqué des expériences négatives, elles ont rapporté que se définir comme survivantes leur offrait une perspective positive. Cela concorde avec d’autres études qui montrent que cette identification peut être source d’autonomisation.
Ces qualités sont particulièrement significatives au Nigéria, où certains patients diagnostiqués avec un cancer peuvent le considérer comme une sentence de mort ou refuser des traitements comme la chimiothérapie, pensant qu’ils peuvent être mortels.
Le cancer est extrêmement perturbateur : il implique des traitements et des changements dans les relations, les carrières et les modes de vie. La manière dont les individus choisissent de donner un sens à cette expérience fait la différence entre être un « survivant » et une « victime ».
Choisir de s’identifier comme survivante du cancer au Nigéria, c’est choisir d’avoir une voix et un rôle actif. Cela peut renforcer une personne et accroître sa résilience.
Cependant, il est crucial de fournir un soutien et de réduire le fardeau du cancer à travers un plan national au Nigéria.