Une avancée prometteuse dans la lutte contre le VIH

illustration VIH

Des recherches menées par l’Université Tulane révèlent qu’un médicament anticancéreux, le BLZ945, peut réduire de manière significative les niveaux de VIH dans le cerveau en ciblant les cellules infectées, offrant ainsi une nouvelle stratégie potentielle pour lutter contre les réservoirs persistants du VIH.

Un traitement ciblé pour éliminer le virus des zones cachées du cerveau

Une étude récente de l’Université Tulane a mis en lumière le potentiel d’un médicament expérimental, initialement conçu pour traiter le cancer, dans l’élimination du VIH des cellules infectées dans le cerveau.

Pour la première fois, des chercheurs du Centre de recherche sur les primates de Tulane ont démontré qu’un médicament anticancéreux pouvait réduire de manière significative les niveaux de SIV, l’équivalent du VIH chez les primates non humains, dans le cerveau en ciblant et en éliminant certaines cellules immunitaires qui abritent le virus.

Cette découverte, publiée dans la revue Brain, représente une avancée majeure vers l’élimination du VIH des réservoirs difficiles d’accès où le virus échappe aux traitements habituellement efficaces.

« Cette recherche constitue une étape cruciale pour aborder les problèmes cérébraux liés au VIH, qui continuent d’affecter les personnes même sous traitement efficace », a déclaré Woong-Ki Kim, PhD, directeur associé de la recherche au Centre de recherche sur les primates de Tulane. « En ciblant spécifiquement les cellules infectées dans le cerveau, nous pourrions être en mesure d’éliminer le virus de ces zones cachées, ce qui représente un défi majeur dans le traitement du VIH. »

Les limites des traitements actuels du VIH

La thérapie antirétrovirale (TAR) est un élément fondamental du traitement efficace du VIH, permettant de maintenir le virus à des niveaux indétectables dans le sang et transformant le VIH d’une maladie terminale en une condition gérable. Cependant, la TAR ne parvient pas à éradiquer complètement le VIH, rendant nécessaire un traitement à vie. Le virus persiste dans des « réservoirs viraux » situés dans le cerveau, le foie et les ganglions lymphatiques, où il échappe à l’action de la TAR.

Le cerveau représente un défi particulier en raison de la barrière hémato-encéphalique, une membrane protectrice qui le préserve des substances nocives mais qui bloque également les traitements, permettant ainsi au virus de persister. De plus, les macrophages, des cellules du cerveau, ont une durée de vie très longue, rendant leur éradication difficile une fois qu’elles sont infectées.

L’infection des macrophages est considérée comme un facteur contribuant à la dysfonction neurocognitive, touchant près de la moitié des personnes vivant avec le VIH. Éliminer le virus du cerveau est essentiel pour un traitement complet du VIH et pourrait améliorer considérablement la qualité de vie des personnes souffrant de problèmes neurocognitifs liés au VIH.

Les chercheurs se sont concentrés sur les macrophages, un type de globule blanc qui abrite le VIH dans le cerveau. En utilisant un inhibiteur de petite molécule pour bloquer un récepteur qui augmente dans les macrophages infectés par le VIH, l’équipe a réussi à réduire la charge virale dans le cerveau. Cette approche a essentiellement permis d’éliminer le virus des tissus cérébraux, ouvrant ainsi une nouvelle voie de traitement pour le VIH.

Le potentiel du BLZ945 dans le traitement du VIH

L’inhibiteur de petite molécule utilisé, le BLZ945, a été précédemment étudié pour son utilisation thérapeutique dans la sclérose latérale amyotrophique (SLA) et le cancer du cerveau, mais jamais dans le cadre de l’élimination du VIH du cerveau.

L’étude, réalisée au Centre de recherche sur les primates de Tulane, a utilisé trois groupes pour modéliser l’infection et le traitement du VIH chez l’homme : un groupe témoin non traité et deux groupes traités avec une dose faible ou élevée de l’inhibiteur pendant 30 jours. Le traitement à dose élevée a entraîné une réduction notable des cellules exprimant des sites récepteurs du VIH, ainsi qu’une diminution de 95 à 99 % des charges virales dans le cerveau.

En plus de réduire les charges virales, le traitement n’a pas eu d’impact significatif sur les microglies, les cellules immunitaires résidentes du cerveau, essentielles pour maintenir un environnement neuroimmune sain. Il n’a également montré aucun signe de toxicité hépatique aux doses testées.

La prochaine étape pour l’équipe de recherche consiste à tester cette thérapie en association avec la TAR afin d’évaluer son efficacité dans une approche de traitement combiné. Cela pourrait ouvrir la voie à des stratégies plus complètes pour éradiquer complètement le VIH du corps.

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