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La Tour Eiffel en arrière-plan, la ligne d’arrivée devant elle, Kristen Faulkner semblait ignorer qu’elle était en route pour remporter la course sur route olympique.
À 31 ans, elle s’était détachée d’un groupe de leaders avec seulement 3 kilomètres à parcourir sur le parcours de 158 kilomètres, entrant rapidement dans un état de concentration intense. Elle jeta un coup d’œil en arrière, constata qu’elle avait creusé un écart, et s’élança vers la ligne.
Lorsqu’elle la franchit, il n’y eut pas de célébration. Alors, savait-elle qu’elle avait gagné ? Oui, mais l’impact émotionnel du moment était tout simplement trop écrasant.
« J’étais assez sûre d’avoir gagné. Mais pour être honnête, je me suis dit : ‘Que vient-il de se passer ?’ Je ne pouvais pas le réaliser », a déclaré Faulkner à Eurosport après sa victoire. « C’était trop grand pour vraiment comprendre que cela s’était produit, donc il m’a fallu quelques minutes pour vérifier, re-vérifier. ‘Est-ce que je viens de gagner l’or ? Est-ce que je viens de gagner l’or ?’ Je le savais, mais je ne le savais pas. »
Faulkner est devenue la première championne olympique américaine de la course sur route en 40 ans — depuis que Connie Carpenter avait pris la première place lors de la première édition de cette discipline. Elle n’était pas considérée comme l’une des favorites avant la course. Malgré quelques résultats solides cette saison, elle était plutôt perçue comme une outsider pour décrocher une médaille.
Cependant, Faulkner abordait la course avec un état d’esprit différent. C’était soit tout donner, soit ne pas participer du tout.
« Je savais que ce serait une course très difficile. Mais je savais que si je courais, c’était pour gagner », a-t-elle déclaré. « Je ne courais pas juste pour participer. Donc, je devais vraiment entrer avec cette ambition, et si je ne visais pas la médaille, je n’allais pas courir. »
Prévue également pour participer à la poursuite par équipes sur piste, Faulkner n’était pas initialement sur la liste des partants pour la course sur route olympique. La championne nationale du contre-la-montre, Taylor Knibb, avait été choisie pour l’une des deux places disponibles ; Chloe Dygert, médaillée de bronze au contre-la-montre olympique, était l’autre participante. Cependant, Knibb a décidé de se retirer, ouvrant ainsi la voie à la future championne.
Dygert, quant à elle, a joué un rôle clé dans la victoire de Faulkner : elle a été impliquée dans une chute à moins de 50 kilomètres de l’arrivée, ce qui a déchiré le peloton et créé un chaos qui a résonné tout au long de la course. Faulkner est sortie indemne de la chute de sa coéquipière et s’est finalement retrouvée dans un groupe puissant derrière les leaders de la course, Marianne Vos (NED) et Blanka Vas (HUN).
À 10 kilomètres de l’arrivée, Faulkner et la championne du monde en titre, Lotte Kopecky, ont initié une attaque en montant la colline de Montmartre pour tenter de combler un écart de 30 secondes avec Vos et Vas. Il leur a fallu 7 kilomètres pour y parvenir, mais elles y sont parvenues.
Cependant, le quatuor de tête n’a pas roulé ensemble longtemps. Faulkner a lancé une attaque presque immédiatement après que les deux groupes se soient rejoints, forçant Vas à la poursuivre. Lorsque la Hongroise a tenté d’inciter les plus expérimentées Vos et Kopecky à contribuer, la course était pratiquement terminée : les trois ont commencé à se neutraliser, tandis que Faulkner s’éloignait vers la victoire.
« Si nous les rattrapions, je devais attaquer car je ne pouvais pas les battre au sprint », a déclaré Faulkner à propos de son mouvement gagnant. « Je savais que le meilleur moment pour attaquer serait juste après les avoir rattrapées, quand tout le monde serait un peu fatigué. C’était ma chance. J’ai pratiqué mes attaques tardives plusieurs fois cette année, donc je me sentais assez à l’aise pour le faire. Je l’ai beaucoup pratiqué. J’espérais juste que cela fonctionnerait. »
Et cela a fonctionné. À en juger par sa réaction par la suite, elle n’a pas seulement stupéfié ses concurrentes avec son attaque fulgurante, mais elle s’est également surprise elle-même.
