L’Inde et l’essor des fonds d’investissement alternatifs
L’Inde se trouve à un tournant décisif de son développement économique, en grande partie grâce à l’importance croissante des Fonds d’Investissement Alternatifs (FIA) qui jouent un rôle clé dans l’acheminement du capital à risque, tant national qu’international. À l’approche du Budget de l’Union 2024, les acteurs de l’industrie des fonds attendent avec impatience des éclaircissements qui pourraient stimuler davantage la croissance de ce secteur.
Clarification sur la fiscalité des FIA de catégorie III
Les FIA fonctionnent comme des véhicules d’investissement privés, collectant des fonds auprès d’un éventail d’investisseurs, tant locaux qu’étrangers. Ces fonds sont utilisés selon des politiques d’investissement prédéfinies visant à générer des bénéfices. Le traitement fiscal des FIA dépend de leur structure juridique (comme les trusts, les LLP ou les sociétés) et de leur catégorie (catégorie I, II ou III).
Alors que les FIA de catégorie I et II bénéficient d’un statut de « pass-through », ce même avantage n’est pas accordé aux FIA de catégorie III. Ces fonds adoptent des stratégies de trading complexes, investissant dans des titres cotés et non cotés, y compris les fonds spéculatifs et les fonds long-short. En l’absence de ce statut, les FIA de catégorie III sont soumis à une imposition au niveau de l’entité, souvent au taux marginal le plus élevé, ce qui pèse lourdement sur les investisseurs qui, individuellement, ne se trouvent pas dans de telles tranches d’imposition élevées.
De plus, les FIA de catégorie III utilisant des stratégies long-short risquent de voir l’intégralité de leurs revenus classés comme revenus d’entreprise plutôt que comme plus-values, ce qui les soumet à des taux d’imposition plus élevés en raison de la fréquence de leurs transactions. L’industrie réclame un cadre de taxation à couche unique ou des principes clairs pour distinguer le trading à court terme des investissements à long terme à des fins fiscales.
Rationalisation de la fiscalité sur les instruments cotés et non cotés
Actuellement, les plus-values provenant d’instruments cotés sont imposées à un taux inférieur (10 %) par rapport à celles des instruments non cotés (20 %). Cette disparité fiscale décourage les investissements dans le secteur non coté, en particulier dans les startups, freinant ainsi les efforts pour promouvoir une culture d’entrepreneuriat et d’innovation. Les parties prenantes exhortent le gouvernement à envisager une réduction de la charge fiscale sur les investissements non cotés ou à aligner les taux d’imposition sur ceux applicables aux instruments cotés.
Clarification sur la fiscalité des intérêts reportés
Les intérêts reportés représentent la part des bénéfices distribués aux gestionnaires de fonds en fonction de la performance du fonds, souvent considérés comme des plus-values à des fins fiscales. Ce traitement bénéficie d’un taux d’imposition direct inférieur à celui des revenus d’entreprise. Cependant, l’absence de soutien législatif pour cette pratique rend cette approche vulnérable à une éventuelle reclassification en tant que revenus d’entreprise par les autorités fiscales. De plus, des incertitudes persistent quant à l’applicabilité des taxes indirectes (comme la GST) sur les intérêts reportés perçus par les FIA, plusieurs fonds recevant des avis des autorités fiscales, soulevant ainsi d’autres questions à ce sujet. L’industrie plaide pour un cadre législatif similaire à celui de l’Union européenne (où seules les services basés sur des frais, comme les frais de gestion, sont soumis à la taxe de service) ou du Royaume-Uni (où seule une fraction des intérêts reportés est soumise à la taxe de service).
Augmentation des limites d’investissement à l’étranger
Actuellement, les FIA peuvent investir dans des entreprises de capital-risque en dehors de l’Inde jusqu’à une limite totale de 1,5 milliard de dollars, sous réserve de l’approbation de la SEBI pour chaque investissement. En revanche, d’autres juridictions internationales permettent aux fonds d’investir à l’étranger sans contraintes similaires. Les acteurs du secteur plaident pour des réformes visant à supprimer ces limitations, encourageant davantage de gestionnaires d’actifs à établir des fonds mondiaux en Inde, facilitant ainsi un plus grand afflux de capital international dans l’économie.
Règles de co-investissement
Le co-investissement, dans le jargon des fonds, désigne la situation où un gestionnaire de FIA propose des investissements à d’autres entités liées au fonds. Cette activité était jusqu’à récemment non réglementée en Inde. Pour encadrer ces activités, la SEBI a récemment introduit des réglementations définissant le champ d’application des co-investissements et imposant une exigence d’enregistrement distincte. Bien que ces réglementations visent à légitimer les activités de co-investissement, les parties prenantes soulignent la nécessité d’un examen global du régime, y compris la nécessité d’obtenir une licence distincte et des restrictions précises sur les conditions dans lesquelles les co-investissements peuvent être proposés et réalisés, ce qui pourrait dissuader les fonds mondiaux d’opérer en Inde.
Conclusion
Le soutien du gouvernement à l’industrie des fonds est essentiel pour créer un environnement économique propice à une croissance durable. Grâce à des institutions telles que la Small Industries Development Bank of India et le National Investment and Infrastructure Fund, le gouvernement a facilité une injection de capital significative dans l’écosystème. Le moment est venu pour des réformes stratégiques visant à rationaliser les cadres réglementaires, à améliorer la facilité de faire des affaires et à renforcer la position de l’Inde en tant que destination attrayante pour les investissements mondiaux.
Le Budget de l’Union 2024 a un potentiel immense pour répondre à ces demandes stratégiques du secteur des FIA, garantissant qu’il continue de propulser la trajectoire de croissance économique de l’Inde dans les années à venir.