La Lutte Contre les Répliques Numériques Non Autorisées
Contexte et Importance
Il a fallu plus de temps que prévu, mais un tournant significatif est enfin en cours. Depuis des années, des éthiciens et des décideurs politiques plaident pour une réglementation contre l’utilisation non autorisée de l’intelligence artificielle (IA). Récemment, un projet de loi bipartisan a été présenté, visant à tenir les entités responsables de la création de « répliques numériques » sans consentement.
Un Événement Déclencheur
Au début de cette année, une vidéo pornographique deepfake impliquant Taylor Swift a circulé sur Internet, provoquant une réaction négative considérable. Cet incident a semblé marquer un tournant pour les régulateurs, incitant des membres du Congrès et même la Maison Blanche à souligner l’urgence de traiter la crise des deepfakes. Des rumeurs sur l’éventualité d’une législation complète ont commencé à émerger peu après.
Le Projet de Loi NO FAKES
Le nouveau projet de loi, intitulé Nurture Originals, Foster Art, and Keep Entertainment Safe Act of 2024 (loi NO FAKES), vise à résoudre ce problème. Il prévoit que les individus et les entreprises soient tenus responsables des dommages s’ils créent, hébergent ou partagent des représentations audio ou visuelles générées par IA sans consentement. Les plateformes en ligne pourraient également être tenues responsables si elles hébergent sciemment des répliques interdites après avoir reçu des avis de retrait.
Définition et Droits
Le terme utilisé dans la législation pour désigner ces représentations générées par IA est « réplique numérique ». Selon le projet de loi, les individus auront un contrôle exclusif sur l’utilisation de leur voix ou de leur image dans ces répliques, un droit qui s’étend jusqu’à dix ans après leur décès. La loi prévaudra sur les lois d’État existantes concernant les deepfakes afin d’établir une norme nationale uniforme. Bien entendu, des exemptions sont prévues pour des œuvres telles que les documentaires, les parodies ou les commentaires protégés par le Premier Amendement.
Soutien Élargi
Co-parrainé par les sénateurs Chris Coons, Marsha Blackburn, Amy Klobuchar et Thom Tillis, le projet de loi a reçu un large soutien de la part de poids lourds de l’industrie du divertissement, tels que SAG-AFTRA, Universal Music Group, et la Motion Picture Association. Plusieurs entreprises leaders dans le domaine de l’IA, y compris OpenAI et IBM, ont également exprimé leur soutien à cette législation.
Protection des Droits
« Chaque individu mérite le droit de posséder et de protéger sa voix et son image, que l’on soit Taylor Swift ou n’importe qui d’autre, » a déclaré Coons, en référence à l’incident impliquant la pop star. Fran Drescher, présidente de SAG-AFTRA, a souligné l’importance de cette loi pour les membres de l’union, dont les moyens de subsistance sont intrinsèquement liés à leur image.
Une Protection Élargie
Bien que les célébrités soient souvent les victimes les plus médiatisées des abus liés aux deepfakes, les dangers potentiels s’étendent bien au-delà des artistes célèbres. Cette loi vise à protéger tous les citoyens contre les escroqueries utilisant des audio ou vidéos générés par IA à des fins de fraude, de diffamation, ou pire.
Un Pas Vers l’Avenir
« Alors que la technologie IA devient de plus en plus puissante, je suis ravi de voir cette législation importante pour protéger les individus contre les abus, l’exploitation et la fraude, » a noté Drescher. Anna Makanju, vice-présidente des affaires mondiales chez OpenAI, a ajouté que les créateurs et les artistes doivent être protégés contre l’imitation inappropriée, et qu’une législation réfléchie au niveau fédéral peut faire la différence.
Collaboration et Progrès
Les sponsors du projet de loi affirment avoir collaboré de manière extensive avec des parties prenantes de divers secteurs, y compris le divertissement et la technologie, pour équilibrer la nécessité de protéger les individus tout en préservant la liberté d’expression et en permettant l’innovation continue des États-Unis dans le domaine de l’IA.
Vers une Législation Complète
L’introduction de la loi NO FAKES fait suite à un autre projet de loi marquant, le DEFIANCE, qui permet aux victimes de deepfakes sexuels de poursuivre en justice pour obtenir des dommages-intérêts. Cependant, le chemin vers la signature présidentielle reste long. Le sénateur Coons a déclaré qu’ils travaillent à faire adopter cette loi à la Chambre et au Sénat dans les plus brefs délais.