Ce contenu provient de The Spark, la newsletter hebdomadaire sur le climat de MIT Technology Review.

Les camionneurs doivent transporter d’énormes charges sur de longues distances chaque jour, souvent sous une pression temporelle intense. Ils dépendent des camions semi-remorques pour accomplir leur mission. Les moteurs diesel de ces véhicules émettent non seulement des gaz à effet de serre contribuant au changement climatique, mais aussi des oxydes d’azote, qui peuvent être extrêmement nocifs pour la santé humaine.

La transition vers des camions plus propres, en particulier les plus grands, représente un défi considérable. C’est pourquoi certaines entreprises s’efforcent de faciliter cette évolution dans l’industrie. Dans mon dernier article, j’ai examiné Range Energy, une startup qui intègre des batteries dans les remorques des semi-remorques. Lorsque ces remorques électrifiées sont reliées à des camions diesel, elles peuvent améliorer l’efficacité énergétique. Si elles sont associées à des véhicules à zéro émission alimentés par des batteries ou de l’hydrogène, elles pourraient augmenter l’autonomie et l’efficacité.

Au cours de mes recherches, j’ai découvert les obstacles qui freinent le progrès dans le secteur du transport et comment les experts envisagent différentes technologies susceptibles d’apporter des solutions.

Le secteur des transports évolue lentement vers l’électrification : les véhicules électriques (VE) prennent de plus en plus de place sur les routes, représentant 18 % des ventes de nouveaux véhicules particuliers en 2023.

Les camions pourraient suivre cette tendance : près de 350 modèles de camions moyens et lourds à zéro émission sont déjà disponibles à l’échelle mondiale, selon les données de CALSTART. « Je constate une forte demande dans le domaine des camions électriques à batterie en particulier », déclare Stephanie Ly, responsable senior de la stratégie d’e-mobilité et de l’engagement industriel au World Resources Institute.

Cependant, les camions électriques posent plusieurs défis majeurs à mesure qu’ils entrent en circulation. Le premier, et peut-être le plus crucial, est leur coût. Les camions électriques, en particulier les grands modèles comme les semi-remorques, seront nettement plus chers que leurs homologues diesel actuels.

Il y a cependant des nouvelles encourageantes à ce sujet : en tenant compte des coûts de ravitaillement et d’entretien, il semble que les camions électriques pourraient bientôt rivaliser avec les diesel. D’ici 2030, le coût total de possession d’un camion de transport longue distance électrique à batterie devrait être inférieur à celui d’un camion diesel aux États-Unis, selon un rapport de 2023 du Conseil international sur les transports propres. Ce rapport a examiné plusieurs États, dont la Californie, la Géorgie et New York, et a constaté que le coût initial relativement élevé des camions électriques est compensé par des dépenses d’exploitation moindres.

Un autre défi important pour le transport électrique est le poids : plus le véhicule est grand, plus la batterie doit être lourde. Cela pourrait poser problème compte tenu des réglementations actuelles, qui limitent généralement le poids d’un ensemble routier pour des raisons de sécurité et pour éviter l’usure des routes (aux États-Unis, la limite est de 36 287 kg). Les opérateurs cherchent souvent à maximiser la quantité de marchandises transportées par chargement, donc le poids supplémentaire d’une batterie pourrait ne pas être bienvenu.

Enfin, il y a la question de l’autonomie des camions et de la fréquence de leurs arrêts. Le temps est de l’argent pour les conducteurs et les exploitants de flottes. Les batteries devront contenir plus d’énergie dans un espace réduit pour que les camions puissent parcourir des distances suffisantes. La recharge est également un aspect crucial : si les conducteurs doivent s’arrêter pour recharger leurs camions, ils auront besoin de chargeurs beaucoup plus puissants pour recharger rapidement. Cela pourrait poser des défis pour le réseau électrique, et les opérateurs pourraient devoir moderniser l’infrastructure dans certaines zones pour permettre la fourniture de grandes quantités d’énergie nécessaires à la recharge rapide de batteries massives.

Tous ces défis liés aux camions électriques à batterie s’accumulent. « Ce que recherchent vraiment les entreprises, c’est quelque chose qu’elles peuvent échanger », déclare Thomas Walker, responsable de la technologie des transports au Clean Air Task Force. Et pour l’instant, dit-il, nous ne sommes pas encore dans une situation où les batteries constituent un remplacement évident et propre.

C’est pourquoi certains experts estiment qu’il est essentiel de garder toutes les options ouvertes concernant les technologies pour les futurs camions lourds, y compris l’hydrogène.

Actuellement, les batteries devancent l’hydrogène dans la course pour décarboniser le transport, comme je l’ai abordé dans un article plus tôt cette année. Pour la plupart des véhicules et des utilisateurs, les batteries sont tout simplement plus logiques que l’hydrogène, pour des raisons allant de l’infrastructure disponible au coût du ravitaillement.

Cependant, les camions lourds représentent un cas particulier : des véhicules plus lourds, des batteries plus grandes, une recharge à haute puissance et des distances plus longues pourraient faire pencher la balance en faveur de l’hydrogène. (Il y a plusieurs « si » ici, notamment si les prix de l’hydrogène deviendront suffisamment bas pour rendre les véhicules à hydrogène économiquement viables.)

Pour un secteur aussi difficile à décarboniser que le transport lourd, nous avons besoin de toutes les solutions possibles. Comme le dit Walker, « il est essentiel de commencer avec de nombreuses options et de les réduire ensuite, plutôt que d’essayer de choisir celle qui va l’emporter, car nous ne savons vraiment pas. »


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