La Réaction d’Ofcom face à la Violence sur les Réseaux Sociaux
Préoccupations Croissantes sur l’Utilisation des Réseaux Sociaux
L’autorité britannique de régulation des communications, Ofcom, a récemment adressé une lettre ouverte aux plateformes de médias sociaux, exprimant ses inquiétudes concernant l’utilisation de leurs outils pour inciter à la violence. Cette initiative fait suite à des jours de troubles civils violents dans plusieurs villes du Royaume-Uni, déclenchés par le meurtre tragique de trois jeunes filles lors d’une attaque à l’arme blanche à Southport le 30 juillet.
Pouvoirs Renforcés d’Ofcom
Ofcom dispose de la capacité de sanctionner les plateformes vidéo qui ne protègent pas leurs utilisateurs contre des contenus susceptibles d’inciter à la violence ou à la haine. Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur la Sécurité en Ligne (OSA) au Royaume-Uni, les prérogatives d’Ofcom en matière de modération de contenu ont été élargies pour inclure divers types de plateformes, y compris les services de médias sociaux.
Les sanctions prévues par l’OSA peuvent atteindre jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires annuel mondial, ce qui confère à l’autorité des moyens considérables pour lutter contre les manquements graves en matière de modération de contenu.
Mise en Œuvre des Règles
Cependant, Ofcom est encore en phase de mise en œuvre de ce nouveau cadre. L’application des règles sur les plateformes de médias sociaux ne devrait pas commencer avant 2025, alors que l’autorité continue de consulter sur les directives que les entreprises doivent suivre pour se conformer.
Le Parlement devra également approuver ces règles avant que leur application ne débute. Actuellement, il n’existe pas de voie légale claire permettant à Ofcom d’obliger les entreprises de médias sociaux à s’attaquer aux comportements haineux qui pourraient alimenter des troubles sociaux violents.
Appels à une Action Accélérée
Malgré cela, des voix se sont élevées ces derniers jours pour demander à Ofcom d’accélérer son calendrier d’application en raison des troubles civils et d’adopter une approche plus proactive face aux géants des médias sociaux. Lors d’une intervention sur la BBC Radio 4, l’ancien ministre Damian Collins a exhorté Ofcom à « mettre les entreprises technologiques en garde ».
Collins a déclaré : « Les communications sur les plateformes de médias sociaux qui incitent à la violence et créent une véritable peur chez les gens d’être victimes d’actes violents sont déjà des infractions réglementaires en vertu de la loi. »
La Désinformation et son Impact
L’inquiétude concernant le rôle des plateformes de médias sociaux, y compris X (anciennement Twitter) d’Elon Musk, a été exacerbée par la diffusion rapide de désinformation concernant l’identité du mineur responsable du meurtre des trois filles. Les médias britanniques ont d’abord été limités dans leur capacité à rapporter l’identité du suspect, en raison de son âge. Un juge a ensuite levé cette restriction, révélant que le suspect était un citoyen britannique nommé Axel Rudakubana, mais pas avant que le vide d’information ne soit exploité par des activistes d’extrême droite sur des plateformes comme X.
Organisation de Nouveaux Troubles
Des activistes ont également utilisé des sites de médias sociaux et des applications de messagerie comme Telegram pour organiser de nouveaux troubles. Le premier incident violent a eu lieu à Southport le lendemain des meurtres, et depuis, des troubles se sont propagés dans plusieurs villes d’Angleterre et d’Irlande du Nord, avec des actes de pillage, d’incendie criminel et d’attaques racistes. Plusieurs policiers ont été blessés lors des affrontements.
Réactions de Musk et du Gouvernement
Elon Musk a personnellement pris part à la discussion, interagissant avec des contenus publiés sur X par des influenceurs d’extrême droite cherchant à exploiter cette tragédie à des fins politiques. Dans l’un de ses messages, Musk a suggéré que « la guerre civile est inévitable ». En réponse, les ministres ont rejeté ses affirmations et ont contesté la qualification des troubles publics violents en tant que manifestations, qualifiant les individus impliqués de « voyous » engagés dans des « actes criminels ».
Le gouvernement a promis d’appliquer la loi avec toute sa rigueur contre quiconque serait impliqué. Cependant, la question délicate demeure : comment gérer les grandes plateformes technologiques utilisées pour diffuser des contenus incitant à la violence et organiser de nouveaux troubles, notamment X, où le propriétaire amplifie lui-même des discours divisifs.
La Lettre d’Ofcom : Un Appel à l’Action
La lettre publique d’Ofcom, signée par Gill Whitehead, directrice du groupe pour la sécurité en ligne, représente le niveau d’intervention réglementaire le plus faible possible, sans appel fort et direct à l’action pour que les plateformes agissent. Il n’y a qu’une suggestion pour que les plateformes « agissent maintenant ».
Cependant, cela pourrait être tout ce qu’Ofcom se sent capable de faire à ce stade. Whitehead a précisé que « lorsque nous publierons nos codes de pratique et nos directives finaux plus tard cette année, les services réglementés disposeront de trois mois pour évaluer le risque de contenu illégal sur leurs plateformes et devront ensuite prendre des mesures appropriées pour empêcher son apparition ».
Attentes Futures
Ofcom s’attend à un « engagement continu » avec les entreprises pendant la période de mise en œuvre de l’OSA. « Nous saluons les approches proactives déployées par certains services en réponse à ces actes de violence à travers le Royaume-Uni », a ajouté Ofcom, concluant en suggérant que les plateformes ne devraient pas attendre que les « nouvelles obligations de sécurité » entrent en vigueur, mais peuvent plutôt « agir maintenant » pour garantir que leurs services soient « plus sûrs pour les utilisateurs ».
Cependant, sans un régime pleinement mis en œuvre pour contraindre les plateformes à améliorer leurs pratiques, la lettre d’Ofcom pourrait être trop facilement ignorée par certains acteurs cherchant à semer le chaos.