Les vagues du vieillissement : Une nouvelle perspective sur le processus de l’âge
Des recherches récentes révèlent que le vieillissement ne se produit pas de manière linéaire, mais plutôt en vagues. Bien que l’on puisse avoir l’impression d’une dégradation progressive, des études indiquent que des changements significatifs se produisent à des étapes précises de la vie. La première de ces vagues se manifeste généralement dans la quarantaine.
Une étude approfondie sur le vieillissement
Une équipe dirigée par Michael Snyder à l’Université de Stanford a analysé des données biologiques provenant de 108 participants âgés de 25 à 75 ans, tous résidant en Californie. Leur méthode consistait à rassembler un maximum d’informations pour identifier des schémas liés à l’âge.
Cette approche a permis de découvrir des résultats surprenants, notamment concernant les effets du vieillissement sur les personnes de 40 ans, qui sont souvent considérées comme « d’âge moyen ». Ces découvertes pourraient non seulement répondre à des questions fondamentales sur le vieillissement, mais aussi ouvrir la voie à de nouveaux traitements pour atténuer certains des aspects les plus désagréables de ce processus.
Les résultats de l’étude
Publiée dans la revue Nature Aging, l’étude a permis de collecter une quantité impressionnante de données sur les participants, incluant l’expression génétique, les protéines, les métabolites et d’autres marqueurs chimiques. Les chercheurs ont également prélevé des échantillons de peau, de selles, de salive et de mucus nasal pour analyser les communautés microbiennes présentes.
Chaque participant a fourni ces échantillons tous les quelques mois pendant une période médiane de 1,7 an, ce qui a abouti à un total de 5 405 échantillons, englobant plus de 135 000 caractéristiques biologiques. Selon Snyder, « l’objectif est d’obtenir une image très complète de la santé des individus ».
Les changements significatifs à la quarantaine et à la soixantaine
Les analyses ont révélé que 7 % des molécules et microbes observés ont montré des changements progressifs, tandis que 81 % ont évolué à des étapes de vie spécifiques, notamment autour de 44 et 60 ans. Les modifications observées à 60 ans semblent être liées à la fonction rénale et cardiaque, ainsi qu’à des maladies comme l’athérosclérose, qui rétrécit les artères. En effet, le risque de développer des maladies cardiovasculaires augmente considérablement avec l’âge, touchant environ 40 % des personnes âgées de 40 à 59 ans, et atteignant 75 % chez celles de 60 à 79 ans.
Les changements observés autour de 40 ans ont surpris Snyder, bien qu’il reconnaisse qu’ils semblent logiques. Beaucoup d’entre nous ressentent une certaine rigidité à cet âge, et la récupération après une blessure peut prendre plus de temps.
Les implications de ces découvertes
Des modifications dans notre capacité à métaboliser les lipides et l’alcool semblent également se produire dans la quarantaine, mais les raisons de ces changements restent floues. Il n’est pas certain si cela signifie que notre corps devient moins efficace pour décomposer l’alcool ou si les individus consomment simplement moins d’alcool en vieillissant.
Cette question soulève un débat central sur le vieillissement : s’agit-il d’un programme intrinsèque qui nous mène vers la dégradation, ou est-ce simplement le résultat de l’expérience de la vie ? Bien que la réponse ne soit pas encore claire, il est probable que ce soit une combinaison des deux. Nos corps subissent divers stress environnementaux au fil du temps, et avec l’âge, nos cellules deviennent moins capables de se diviser et d’éliminer les déchets moléculaires accumulés.
Réflexions sur l’impact des changements moléculaires
Il est difficile de tirer des conclusions définitives de cette étude, car l’équipe de recherche n’a pas mesuré d’autres indicateurs physiologiques du vieillissement, tels que la force musculaire ou la fragilité. Colin Selman, biogérontologue à l’Université de Glasgow, souligne que bien que l’étude ait collecté une grande quantité de données, elle provient d’un nombre relativement restreint de participants sur une période limitée. Aucun d’entre eux n’a été suivi pendant les deux ou trois décennies nécessaires pour observer les deux vagues de changements moléculaires.
Les résultats soutiennent cependant l’idée que le vieillissement n’est pas un processus linéaire. Selman note que l’idée d’une dégradation continue à partir de 40 ans est trop simpliste. Snyder espère que des études comme la sienne permettront d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques pour contrer certains des changements moléculaires nuisibles associés au vieillissement. « La durée de vie en bonne santé des gens est de 11 à 15 ans plus courte que leur espérance de vie », dit-il. « Idéalement, nous voudrions vivre le plus longtemps possible en bonne santé, puis mourir. »
Vers un avenir plus sain
Pour l’instant, il n’existe pas de médicaments ciblant le vieillissement. Les conseils traditionnels demeurent : bien manger, bien dormir, faire de l’exercice et éviter les comportements à risque comme le tabagisme et une consommation excessive d’alcool.
Il est essentiel de trouver un équilibre entre des choix de vie sains et ceux qui apportent du plaisir. Comme le souligne Selman, « nous pouvons faire certaines choses, mais au final, lorsque notre heure est venue, elle est venue. »