La Réalité ‌des Conducteurs de Taxi au Kenya : Un Modèle Économique en Détresse

Depuis l’arrivée des applications de ⁣transport⁢ comme Uber et Bolt au Kenya en ⁣2015, les passagers ont bénéficié de trajets à bas prix, tandis que‍ les conducteurs ont vu leurs revenus diminuer.‍ Neuf ans ​après‍ leur lancement, la ⁣promesse d’une meilleure expérience pour les conducteurs semble s’éloigner.

Des Grèves Répétées pour Revendiquer de Meilleures Conditions

Le 16 ‌juillet, les chauffeurs de taxi ont organisé leur quatrième grève depuis‌ 2020, dénonçant des salaires ​insuffisants et des conditions de travail inéquitables. Les conducteurs affirment que les tarifs ‍ne reflètent pas la réalité économique du pays.

« Un trajet de 25 km coûte environ 1 000 KES (7,52 $). Après avoir déduit la commission de 18 % versée à l’entreprise et d’autres frais, il ne reste presque rien pour entretenir le véhicule », a déclaré Steve Mutisya, un⁣ conducteur de ⁤35 ans.

Des⁣ Coûts de Fonctionnement Élevés

Pour un trajet de 1 000​ KES (7,52 $), Mutisya ne conserve qu’environ 569 KES (4,33 $) après avoir payé 222 KES (1,69 $) pour⁢ 1,25 litre de carburant, 180 KES ⁢(1,37 $) de frais de service de 18 % et 28,8 KES ​(0,22 $) de TVA sur le ⁢service.

En 2022, Uber et Bolt ont ajusté leurs tarifs après que le ministère des ⁤Transports a plafonné la commission à 18 %. Cela a temporairement satisfait‍ les conducteurs, mais l’augmentation ‌des prix du carburant et des pièces de⁢ rechange a mis les opérateurs⁢ dans une situation précaire.

Une‍ Sensibilité au Prix qui Pèse sur les Conducteurs

Les applications de transport craignent que les ‌clients soient sensibles aux prix, ce qui pourrait entraîner une baisse de ​la demande si les tarifs ​augmentent. Malheureusement, cette situation met ‍en péril la viabilité économique des conducteurs.

Depuis la révision des prix en 2022, le coût du carburant a grimpé de 50 KES‍ (0,37 $) par litre. De plus, l’augmentation des droits d’importation sur les pièces de rechange, passant de 25 % à 35 %, ainsi qu’une taxe‌ d’accise de 20 %, ‍a considérablement alourdi⁤ les frais ‌d’entretien ​des véhicules.

« En 2022, les plaquettes de frein me ⁤coûtaient 1 200 KES (9 $) et un⁤ bon entretien variait entre 6 000 KES (45 $) et 10 000 KES (75 $). ‌Aujourd’hui, les plaquettes⁣ de⁤ frein coûtent 6 000 KES »,‌ a ajouté Mutisya.

Des Débiteurs ⁣en Détresse

Les conducteurs ayant contracté des prêts pour ‌acquérir leurs véhicules se retrouvent souvent dans ‍une⁢ situation financière difficile. Selon la ⁤Banque centrale du Kenya, le⁤ secteur des transports représente 45,6 ⁢milliards KES (3,3 milliards $) des prêts non ⁢performants du secteur ⁣bancaire, qui s’élèvent à ‍651,8 milliards KES (4,9 milliards $).

« J’ai pris un prêt de 120 000 KES (902 $) pour compléter mes économies pour acheter cette voiture. J’ai dû demander de l’aide à ma famille pour ⁣rembourser la dette, car mes revenus ne suffisaient pas », a déclaré John Munyao, un conducteur de Bolt à Nairobi. « Je connais des collègues‍ qui ont emprunté pour agrandir ‍leur flotte et qui peinent maintenant à rembourser. »

Appel à une Réforme des Tarifs

L’Association des Transports de Ridehail, ⁣représentant le secteur, demande aux entreprises d’impliquer les conducteurs dans la détermination ⁣des tarifs minimums et de base. « Ceux qui fixent les prix ne supportent pas les coûts d’exploitation », a déclaré ​Zakaria⁤ Mwangi, secrétaire général de l’association. « ‍En fin de compte, ce sont les⁤ applications de taxi qui déterminent le coût de chaque course, pas le conducteur. »

Conducteurs de taxi au Kenya
Des compagnies d’assurance ont cessé⁢ de couvrir certains modèles de voitures populaires parmi les conducteurs‍ de taxi, comme​ la Suzuki ‌Alto. Image | The Star
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