Les résultats de l’une des plus grandes expérimentations de revenu de base universel (RBU) aux États-Unis, soutenue par le milliardaire Sam Altman, viennent d’être publiés et ne surprennent guère.
Après trois années à verser 1 000 dollars par mois à 1 000 individus à faible revenu, sans conditions, et 50 dollars par mois à un groupe témoin de 2 000 personnes, une équipe de chercheurs d’OpenResearch, fondée par Altman, a constaté que les bénéficiaires dépensaient principalement cet argent pour des besoins essentiels, devenaient plus sélectifs dans leurs choix d’emploi et utilisaient davantage les soins médicaux.
Peut-être le plus important, cette aide a renforcé le sentiment d’autonomie des participants, les rendant plus enclins à créer leur propre entreprise, à accepter des emplois moins rémunérateurs pour plus d’indépendance, à mieux gérer leurs finances pour planifier l’avenir et à améliorer leurs perspectives grâce à une formation supplémentaire.
Merci de nous rappeler ce que nous savions déjà, Sam : le RBU rend les personnes surmenées et pauvres moins malheureuses.
En 2016, Altman, alors président de Y Combinator, a annoncé son intention de financer une étude sur le RBU via l’incubateur de startups.
« Je pense qu’il est bon de commencer à étudier cela tôt, » a déclaré Altman il y a près d’une décennie. « Je suis assez convaincu qu’à un moment donné dans le futur, alors que la technologie continue d’éliminer les emplois traditionnels et que de nouvelles richesses massives sont créées, nous verrons une version de cela à l’échelle nationale. »
Altman a exprimé le souhait que l’étude aborde certaines des questions fondamentales du débat sur le RBU, comme savoir si cela inciterait les gens à travailler ou les pousserait à « rester chez eux à jouer à des jeux vidéo », ou si les bénéficiaires créeraient plus de valeur économique que ce qu’ils recevaient. Le futur fondateur d’OpenAI a également affirmé qu’il était impossible d’avoir une véritable égalité des chances sans une forme de RBU, et qu’il sera « ridicule de penser qu’on a utilisé la peur de ne pas pouvoir manger comme moyen de motiver les gens » dans 50 ans.
« Associé à l’innovation qui réduit le coût d’une vie de qualité, en faisant cela, nous pourrions finalement progresser vers l’élimination de la pauvreté, » a ajouté Altman.
Essayez de dire cela à vos collègues chefs d’entreprise américains – ils semblent ne pas comprendre le message.
Les défis du RBU
Bien que les résultats de l’étude de Y Combinator, publiés le 21 juillet 2024, soient généralement positifs et montrent les avantages d’un paiement en espèces sans conditions, tout n’est pas rose.
Par exemple, les bénéficiaires étaient plus susceptibles de se rendre à l’hôpital, de consulter un spécialiste, d’aller chez le dentiste et de réduire leur consommation d’alcool et de drogues – des résultats positifs, mais qui n’ont pas conduit à une amélioration nette de la santé des participants.
« En moyenne, nous ne trouvons pas de preuves directes d’un meilleur accès aux soins de santé ou d’améliorations de la santé physique et mentale, » indiquent les chercheurs dans leur rapport. Pour de nombreux participants, « les 1 000 dollars supplémentaires par mois peuvent ne pas suffire à surmonter les barrières systémiques plus larges à l’accès aux soins de santé et à réduire les disparités en matière de santé. »
En d’autres termes, le RBU n’est qu’un élément d’un ensemble plus vaste visant à améliorer les conditions des Américains les plus pauvres.
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Le RBU pourrait contribuer à la santé à long terme grâce à un meilleur accès aux opportunités, comme le montre le fait que les bénéficiaires étaient 10 % plus susceptibles de chercher activement un emploi par rapport au groupe témoin.
Cependant, ces bénéficiaires ne cherchaient pas nécessairement un emploi mieux rémunéré et étaient prêts à accepter une baisse de salaire pour un travail qu’ils trouvaient plus épanouissant, leur laissant plus de temps libre pour poursuivre des loisirs ou des études.
Les employeurs pourraient ne pas apprécier le fait que les bénéficiaires étaient moins enclins à postuler pour des emplois qu’ils ne souhaitaient pas, en raison d’une plus grande indépendance économique, et une baisse de 2 % de l’emploi des bénéficiaires, ainsi qu’une moyenne de 1,3 heures de travail en moins par semaine, ne plaira probablement pas aux entreprises non plus.
Nous avons contacté l’équipe de recherche, et bien que nous n’ayons pas reçu de réponse, elle a déclaré à CBS MoneyWatch que la diminution de l’offre de travail était « modérée » et ne risquait pas de bouleverser les fondements de l’économie américaine.
« Les gens font plus de choses, et si les résultats montrent que les gens apprécient d’avoir plus de temps libre – que c’est cela qui augmente leur bien-être – c’est positif, » a déclaré Eva Vivalt, économiste à l’Université de Toronto et l’une des principales chercheuses, à CBS.
Malheureusement, Vivalt a ajouté qu’il n’y avait aucune preuve que le fait que les bénéficiaires soient plus sélectifs dans leur emploi ait réellement aidé – l’étude n’a apparemment trouvé aucun effet sur la qualité de l’emploi, ce qui signifie que les gens ne gagnaient pas plus d’argent en attendant un meilleur emploi.
À ce jour, près de 200 expériences de RBU ont été menées dans le monde, la grande majorité aux États-Unis. Plusieurs États américains dirigés par des républicains ont interdit les essais ou programmes de RBU dans leurs juridictions.
Le soutien d’Altman au RBU est resté constant ces dernières années, l’entrepreneur affirmant en 2021 que l’IA développée par son entreprise transformerait tellement l’économie que « encore plus de pouvoir se déplacerait du travail vers le capital. »
« Si la politique publique ne s’adapte pas en conséquence, la plupart des gens finiront dans une situation pire que celle d’aujourd’hui, » a déclaré Altman en 2021. Attention, Sam – vous frôlez dangereusement les discours de gauche de plus en plus mal vus dans la Silicon Valley. ®
