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Timo Resch profite d’une journée ensoleillée en Californie, lors de l’un des événements les plus prestigieux de la Monterey Car Week, le Quail. En tant que nouveau PDG de Porsche Cars North America (PCNA) depuis novembre dernier, il se trouve dans une position professionnelle très favorable.
PCNA a récemment enregistré son meilleur trimestre à ce jour, avec une augmentation des ventes de 13 % par rapport à la même période en 2023. La marque affiche une dynamique constante, ce qui est crucial alors que Porsche s’engage dans l’électrification sur un marché de plus en plus hésitant.
Nouveaux modèles électriques en approche
Porsche s’apprête à lancer son deuxième véhicule électrique, une version entièrement électrique du SUV Macan, qui est le modèle le plus abordable de la marque. Cela sera suivi par une version électrique du 718, le modèle de sport le plus accessible de Porsche. Ces lancements interviennent après l’introduction d’une nouvelle génération de 911, qui est disponible en version hybride pour la première fois, ainsi qu’un nouveau Panamera, offrant encore plus de puissance et d’autonomie grâce à son système hybride rechargeable amélioré.
Resch, assis entre un Macan Électrique d’un blanc éclatant et un Taycan Turbo GT d’un violet éclatant, déclare que c’est « la plus grande refonte de notre portefeuille de produits que nous ayons jamais réalisée ». Bien que l’initiative d’électrification soit toujours présente, elle a récemment perdu un peu de son élan. L’entreprise avait initialement prévu d’atteindre 80 % de véhicules électriques d’ici 2030, mais le mois dernier, Porsche a décidé de ralentir et a indiqué à Reuters que cet objectif dépend désormais de la demande des clients.
Resch aborde la situation avec pragmatisme, affirmant que la mission principale de l’entreprise est de répondre aux attentes de ses clients. « Je pense que le marché nous le dira, les clients nous le diront. Avoir des options et des choix disponibles, c’est ce qui définit la marque Porsche », explique-t-il.
Le nouveau Macan électrique sera un test de cette théorie, car il ne remplace pas son prédécesseur à moteur à combustion, mais vient plutôt le compléter. « Nous avons le Macan Électrique, et pour l’avenir prévisible, le Macan à moteur à combustion », précise Resch.
Au moins dans un premier temps, les versions électrique et à essence du Macan seront disponibles simultanément, occupant côte à côte les salles d’exposition des concessionnaires, chacune cherchant à attirer l’attention des clients.
Intérêt régional pour le Macan électrique
Bien que Resch ne divulgue pas de chiffres précis concernant les précommandes ou l’intérêt pour le Macan Électrique, il mentionne que l’intérêt varie selon les régions. « Si vous regardez la carte, aux États-Unis, il y a des États où l’électrification est bien avancée. Ils disposent d’une bonne infrastructure et d’une forte demande. Dans d’autres États, cela avance un peu plus lentement », explique-t-il.
Le Macan électrique sera d’abord présenté dans les deux Centres d’Expérience Porsche aux États-Unis, situés à Los Angeles et Atlanta, où les intéressés pourront constater par eux-mêmes si le SUV électrique répond aux attentes.
« Nos concessionnaires et nos clients sont très impatients de voir enfin la voiture, de prendre le volant et de l’expérimenter », ajoute Resch.
Défis liés au développement logiciel
L’insistance de Resch sur le terme « enfin » est due aux difficultés rencontrées lors de la conception du Macan électrique. Une série de problèmes de développement logiciel a retardé la mise en production de ce SUV entièrement électrique, construit sur la plateforme PPE, qui servira également de base au prochain Audi Q6 E-Tron.
Le développement logiciel a été un point de friction au sein du groupe Volkswagen (la société mère de Porsche) pendant des années, en grande partie à cause des retards internes de la division Cariad. Ces difficultés ont conduit, en partie, à un investissement récent de 5 milliards de dollars et à un partenariat avec Rivian, permettant à VW d’accéder à la pile logicielle de la startup.
Porsche a également collaboré avec Google et Apple pour intégrer leur code source. Alors que General Motors privilégie l’intégration des appareils mobiles en interne, Porsche s’oriente vers une intégration mobile de plus en plus poussée.
Resch affirme que Porsche continuera à développer ses propres interfaces de voiture, des systèmes d’infodivertissement faciles à utiliser et complets. « Mais en même temps, si les clients souhaitent d’autres choix, nous leur fournirons ces options », précise-t-il.
Collaboration avec Apple et Google
Cela signifie que les futures expériences à bord des Porsche intégreront des applications Android natives tout en offrant une intégration encore plus poussée d’Apple CarPlay. Bientôt, votre iPhone pourra contrôler non seulement l’écran central de la voiture, mais également le tableau de bord derrière le volant.
« Nous avons évidemment une relation de longue date avec Apple. Nous avons un très bon échange sur l’orientation de l’industrie. C’est pourquoi il est bon de s’aligner avec eux, car nous savons qu’Apple est également très axé sur le client », explique Resch. « Mais cela ne signifie pas que nous sommes enfermés dans quoi que ce soit. »
Encore une fois, Resch souligne que la demande des clients pousse Porsche à collaborer plus étroitement avec le géant technologique de Cupertino. « Nous avons une part assez élevée d’utilisateurs d’Apple », dit-il.
Apple est donc perçu comme un partenaire sûr pour la marque, mais Resch n’est pas enclin à établir des alliances dans un domaine : la politique.
Lorsque je l’interroge sur la situation politique de plus en plus tendue autour des véhicules électriques sur le marché américain, c’est la seule fois où il marque une pause dans ses réponses rapides pour réfléchir. En fin de compte, il revient à son mantra : « Je pense qu’en tant que marque, il est préférable d’offrir toujours des choix », déclare-t-il. « Ce dont nous avons vraiment besoin, c’est de plus de choix pour les clients avec différentes variations afin qu’ils puissent vraiment choisir. C’est ce à quoi ils sont habitués sur le marché automobile auparavant. C’est aussi ce à quoi ils sont habitués chez Porsche. Et si vous leur donnez le choix, ils trouveront naturellement leur chemin. »