Technologie

L’essor des porte-avions : Une révolution maritime

L’innovation des porte-avions a commencé avec Eugene B. Ely, qui, en novembre 1910, a réalisé le premier lancement d’un aéronef depuis un navire. Bien que son nom soit souvent éclipsé par celui des frères Wright, Ely a utilisé une plateforme en bois construite sur le croiseur Birmingham des États-Unis pour poser les bases de ce qui deviendrait le porte-avions moderne. À l’époque, le croiseur n’était pas conçu pour transporter les avions qu’il lançait, et la plateforme rudimentaire ne garantissait pas un décollage ou un atterrissage en douceur, rendant les tentatives d’Ely assez chaotiques.

Peu après la Première Guerre mondiale, la Marine américaine a adopté le concept d’Ely, et certains cuirassés, comme l’USS Texas, ont été équipés de plateformes similaires. Les limitations de ces structures en bois et le besoin de navires capables de transporter des avions ont conduit à l’émergence d’un nouveau design permettant à un navire de transporter et de lancer des chasseurs. Huit ans après le premier lancement d’Ely, la Royal Navy britannique a transformé le HMS Argus en le premier navire conçu avec un pont d’envol plat de pleine longueur.

Le HMS Argus : Une avancée majeure

Le HMS Argus a marqué un tournant dans la guerre navale, permettant aux puissances militaires d’attaquer plus efficacement depuis la mer et les airs. Initialement un paquebot construit en 1914, l’Argus a été équipé d’ascenseurs permettant de déplacer les avions des hangars situés sous le pont vers la surface. Bien qu’Ely ait prouvé qu’il était possible de lancer un aéronef depuis un navire, son modèle ne répondait pas aux exigences d’un porte-avions moderne. Avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale, la puissance navale d’une nation est devenue cruciale pour remporter des victoires.

Contrairement à la plateforme temporaire de 80 pieds utilisée par Ely, l’Argus disposait d’un pont de près de 550 pieds et d’un hangar de 330 pieds en dessous. Cela offrait aux avions l’espace nécessaire pour atteindre les vitesses requises, évitant ainsi les incidents survenus lors des essais d’Ely, comme le bris de l’hélice. Bien que l’Argus ait été le précurseur du porte-avions moderne, le pont d’envol plat n’était que le début d’une série d’innovations à venir.

L’angle du pont d’envol : Une nouvelle norme

Comme pour toute innovation, des améliorations ont rapidement été apportées aux porte-avions. L’Argus a démontré que le concept pouvait fonctionner à grande échelle, mais des complications subsistaient. Aujourd’hui, les tâches les plus périlleuses sur un porte-avions se déroulent sur le pont d’envol, un problème déjà rencontré par les équipages des premiers porte-avions. Dans le design traditionnel, le pont était encombré d’autres aéronefs et de personnel, rendant l’atterrissage plus dangereux pour les pilotes qui pouvaient mal évaluer leur approche. Avec un pont d’envol incliné, il y avait plus d’espace pour les avions stationnés ou en taxi, sans restreindre la zone d’atterrissage.

La Marine britannique a été la première à tester le nouveau design de pont incliné sur le HMS Triumph en 1952. Peu après, les États-Unis ont emboîté le pas, reproduisant les tests de la Royal Navy sur l’USS Midway. Les essais se sont poursuivis sur l’USS Antietam, qui a été converti au nouveau design incliné en décembre 1952 et envoyé dans les eaux cubaines pour des tests supplémentaires en janvier suivant. Malgré quelques complications mineures, dont un pilote souffrant d’une blessure au dos, le design incliné a été jugé pratique. Après quelques ajustements à l’angle du pont, les États-Unis ont commencé à l’utiliser comme norme pour les futurs porte-avions.

Des innovations qui ont façonné le porte-avions moderne

Bien que les Britanniques aient été les pionniers du pont d’envol moderne, la Marine américaine a joué un rôle clé en répondant aux préoccupations concernant la capacité des avions à atteindre les vitesses de décollage appropriées. Tout comme les avions commerciaux nécessitent une longue piste pour décoller en toute sécurité, les porte-avions ont besoin d’un espace suffisant pour permettre aux chasseurs de s’élancer. Les jets de chasse, bien qu’ils aient une grande poussée, nécessitent un coup de pouce pour quitter le navire, ce qui a conduit la Marine américaine à tester un système de catapulte sur ses porte-avions.

En 1915, trois ans avant que la Royal Navy ne modifie le HMS Argus, les États-Unis ont testé une catapulte alimentée par air comprimé à bord du cuirassé USS North Carolina. Bien que ce design ait été fonctionnel, la catapulte n’a été intégrée aux porte-avions américains qu’après la Seconde Guerre mondiale. La technologie des systèmes de catapulte pour porte-avions continue d’évoluer, avec des perspectives d’avenir se tournant vers l’utilisation de champs magnétiques pour générer la poussée nécessaire au lancement des aéronefs depuis le pont d’envol.

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