Gros ‍plan ​sur des grains de café avec des grains torréfiés sur la table

Pour de⁤ nombreuses personnes, l’odeur d’un café fraîchement préparé annonce le début d’une journée réussie. Cependant,⁢ la⁢ caféine peut provoquer des ‌maux de tête ‌et des tremblements chez d’autres. C’est pourquoi beaucoup‌ préfèrent une tasse de café décaféiné.

En tant ⁤que professeur de chimie, j’ai souvent expliqué pourquoi​ certaines⁢ substances se dissolvent dans certains liquides⁣ et pas dans d’autres. Les processus de décaféination ⁤illustrent⁤ parfaitement ces concepts chimiques. Il est important de noter qu’aucune méthode de décaféination ne parvient à éliminer ‍totalement la caféine ; en moyenne, ​une tasse de 240 ml contient encore environ 7 milligrammes de caféine.

Les producteurs de café qui ⁣décaféinent leurs grains ​cherchent à éliminer la caféine tout en préservant la majorité des autres composés aromatiques et gustatifs. La ⁣décaféination a ⁢une histoire riche, et aujourd’hui, presque ‌tous les producteurs de café utilisent l’une des trois méthodes‌ principales.

Toutes ces techniques, ⁣également‍ appliquées à ‍la décaféination du thé, commencent par⁤ des ‌grains de café verts, c’est-à-dire non torréfiés, qui ont été ​préalablement humidifiés. L’utilisation de grains torréfiés donnerait un café avec un arôme et un goût⁤ très différents, car les étapes de décaféination élimineraient ⁣certains composés de saveur et ‍d’odeur générés ⁢lors de la torréfaction.

Méthode au⁣ dioxyde de carbone

La⁢ méthode au dioxyde de ⁤carbone, relativement récente, a été mise au point au début des années 1970. Elle ​consiste⁣ à utiliser‌ du CO₂ sous haute pression pour extraire la caféine des grains de café humidifiés. Le CO₂ est injecté dans un ⁢récipient scellé contenant les grains de café, et les molécules de caféine se dissolvent dans le CO₂.

Une⁢ fois le CO₂ chargé en‌ caféine séparé des grains, il est passé soit dans un conteneur d’eau, soit sur un lit de charbon actif.​ Le charbon actif, qui a été⁤ chauffé à des températures élevées et exposé à ‌la vapeur et à l’oxygène, présente des pores qui filtrent la caféine et d’autres composés chimiques, dont ⁢certains influencent le goût du café.

Ces composés ‍se lient dans les pores du charbon actif ou restent dans l’eau. Les producteurs sèchent ensuite les grains ⁤décaféinés à l’aide de chaleur, ​ce qui permet à tout CO₂ restant ‌de s’évaporer. Ils peuvent ensuite réutiliser le même CO₂ après l’avoir re-pressurisé.

Cette ⁣méthode‍ élimine entre 96 et 98 % de la caféine, et le⁢ café résultant⁤ ne conserve qu’une trace ⁤minimale de ‌CO₂.

Bien que cette technique nécessite un équipement coûteux pour la production et la manipulation du CO₂, elle est largement utilisée pour décaféiner⁢ les cafés de‌ grande consommation.

Processus de l’eau suisse

Le processus ⁤de l’eau suisse, qui a été ⁢commercialisé au début ​des années 1980, utilise de l’eau chaude pour‌ décaféiner ‌le⁣ café.

Dans un premier temps, les producteurs immergent un​ lot ‌de grains de⁣ café‌ verts dans de⁣ l’eau chaude, ce qui permet ⁣d’extraire ⁢à la fois la⁣ caféine et d’autres composés chimiques des grains.

Cela ressemble à ce qui se passe lorsque vous‍ préparez du ‍café ​avec des ⁤grains‌ torréfiés : vous⁣ placez ‍des grains foncés dans de l’eau claire, et les substances responsables ‌de⁣ la couleur sombre​ du café ⁢se diffusent dans⁣ l’eau.‍ De manière similaire, l’eau chaude extrait ‌la caféine des grains non décaféinés.

Au cours de l’immersion, la concentration de caféine est plus élevée dans les grains que dans l’eau, ce ⁢qui entraîne un transfert ‍de caféine des grains vers​ l’eau. Les producteurs retirent ensuite les grains de l’eau et les plongent dans une nouvelle eau, ​sans caféine,⁤ ce‌ qui permet de répéter le⁤ processus et d’extraire encore plus​ de caféine. Ce cycle peut être‌ répété jusqu’à dix⁢ fois, jusqu’à ce qu’il ne reste presque plus de ⁢caféine dans les ⁢grains.

L’eau ​résultante, qui ​contient désormais la caféine et les ⁢composés de saveur dissous, est filtrée à travers des filtres à charbon actif. Ces filtres retiennent la caféine‌ et d’autres composés chimiques⁢ de taille similaire, ‍tels que ‌les ‌sucres ​et les polyamines, tout en permettant à la plupart des autres composés de rester dans l’eau filtrée.

Les producteurs utilisent ensuite cette‌ eau filtrée, saturée de saveur mais presque dépourvue ⁤de caféine, pour tremper‌ un nouveau lot ​de‌ grains de⁢ café. Cette étape permet⁢ aux composés‍ de saveur perdus⁣ lors du processus d’immersion de ⁣réintégrer les grains.

Le processus de l’eau suisse est​ apprécié pour son approche sans produits chimiques et sa capacité à préserver la majorité ⁢des saveurs naturelles du café. Cette méthode a démontré qu’elle⁢ pouvait éliminer entre 94 et 96 % ​de la ‌caféine.

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