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Améliorons le bien-être de notre jeune personnel médical
15 juillet 2024
En tant qu’étudiante en médecine en quatrième année, je suis témoin des défis auxquels font face mes collègues résidents.
« Je n’ai pas dormi depuis 28 heures. »
« Ma fille de 5 mois passe plus de temps à la crèche qu’à la maison. »
« Je travaille chaque week-end pour gagner un peu plus. »
Ces déclarations préoccupantes sont souvent exprimées par les médecins résidents, surtout au début de l’année académique. Bien que les médecins expérimentés puissent également partager leurs propres expériences difficiles durant leur formation, il est essentiel de se demander si cela justifie la dévalorisation des résidents actuels qui travaillent jusqu’à 80 heures par semaine dans des environnements stressants.
Les États-Unis ont fait des progrès significatifs en matière de santé mentale et de bien-être. Une simple recherche en ligne sur le terme « bien-être » génère une multitude de résultats. Cependant, en ce qui concerne les médecins, il semble y avoir une attitude d’indifférence, souvent résumée par des phrases telles que : « Vous devez vous accrocher, c’est ce que vous avez choisi, et vous êtes bien rémunéré. »
Mais est-ce juste ? Est-ce même exact ? Les résidents, comme leur nom l’indique, sont historiquement censés vivre à l’hôpital, sacrifiant sommeil, exercice, interactions sociales et moments importants de la vie de leurs proches. Ils reçoivent une compensation minimale avec la promesse d’une gratification différée. Il n’est donc pas surprenant qu’une méta-analyse de 2015 ait révélé que près de 29 % des résidents présentaient des signes de dépression. En tant qu’étudiante en médecine, cela ajoute une pression supplémentaire à mon esprit déjà surchargé.
Une rémunération injuste est un facteur majeur contribuant à l’épuisement des résidents. Selon une enquête en ligne, 76 % des résidents estiment qu’ils ne sont pas suffisamment rémunérés pour leur travail. Malgré des semaines de travail pouvant atteindre 80 heures, les résidents de première année gagnent en moyenne 62 722 dollars par an. Dans certaines semaines éprouvantes, cela revient à environ 12 dollars de l’heure, et 64 % des résidents rapportent que leur salaire ne couvre pas le coût de la vie, les poussant souvent à travailler en dehors de leur emploi principal pour joindre les deux bouts. À cela s’ajoute le fardeau des dettes d’études, aggravé par l’inflation croissante.
Comment est donc déterminée la rémunération des résidents ? Environ 86 % du salaire de chaque résident est financé par le CMS et le VA, moins de 12 % proviennent des États, et seulement 2 % des hôpitaux et de la philanthropie. Le CMS calcule le coût de formation de chaque résident à l’hôpital en utilisant une formule basée sur des données datant de 1984. Ce cadre de compensation obsolète persiste en raison de la structure unique de la résidence médicale.
Contrairement aux industries fonctionnant dans une économie de marché libre, où des salaires compétitifs attirent des employés qualifiés, les étudiants en médecine passent par un processus de correspondance pour obtenir une place dans un programme, ce qui limite leur pouvoir de négociation. De plus, l’absence d’avantages tels que des repas gratuits, des congés familiaux et médicaux, et des jours de vacances adéquats dans certains programmes peut exacerber le sentiment des résidents d’être considérés comme de la main-d’œuvre bon marché, malgré tous leurs efforts.
Bien qu’il soit vrai que les médecins gagnent plus que le revenu moyen des ménages, de nombreux résidents doivent d’abord faire face à des défis financiers importants, avec la promesse d’un revenu potentiel conditionné à l’achèvement de leur formation. Aujourd’hui, il n’est pas rare de rencontrer des résidents avec des dettes d’études allant de 200 000 à 500 000 dollars.
En fonction des plans basés sur le revenu, cela pourrait se traduire par des paiements mensuels de 3 000 dollars ou plus, ce qui représente une pression financière pouvant influencer des décisions de vie cruciales, telles que le choix de carrière ou la planification familiale. L’inégalité des revenus et l’absence de filet de sécurité économique ne sont pas uniques aux résidents ; il est également essentiel que d’autres professionnels de la santé, responsables de décisions critiques concernant les soins aux patients, tels que les infirmiers praticiens et les assistants médicaux, soient également correctement rémunérés.
Au-delà d’une rémunération équitable, plusieurs autres voies peuvent être explorées pour améliorer le bien-être des résidents. Bien que les preuves concernant l’efficacité des programmes de bien-être dans la formation médicale soient limitées, il est clair que des changements significatifs doivent impliquer à la fois les résidents et leurs institutions. Des programmes réussis ont mis en œuvre des avantages pratiques tels que l’accès à des centres de fitness à prix réduit, la garantie d’une alimentation saine, et l’octroi de temps supplémentaire pour des activités de bien-être. Une enquête a révélé que les avantages les plus appréciés par les résidents étaient l’assurance santé, les congés payés et les allocations de repas. Améliorer le bien-être des résidents ne nécessite pas beaucoup et peut être réalisé efficacement avec les ressources institutionnelles.
Le mal-être des résidents ne doit pas être considéré isolément. L’épuisement des résidents est corrélé à des taux plus élevés d’erreurs médicales et d’événements indésirables. L’impact économique de l’épuisement professionnel des médecins est estimé à près de 5 milliards de dollars par an en raison de la perte de productivité et du turnover fréquent. Assurer le bien-être des médecins résidents ne concerne pas seulement la satisfaction individuelle ; il s’agit de cultiver un cycle positif où des résidents épanouis deviennent des médecins compétents, ce qui se traduit par une meilleure satisfaction des patients.
Avec une pénurie de médecins qui se profile, il est crucial de prioriser le soin et le soutien de notre jeune personnel médical. À l’approche de ma résidence, je continuerai à militer pour améliorer la situation pour moi-même et mes collègues.