Critique de Nobody Wants to Die
Je suis passionné par le film noir, les histoires de détectives captivantes, les dialogues percutants et le vrai crime. Bien que ces genres soient souvent sous-représentés dans le domaine des jeux vidéo, ils ne sont pas totalement absents. Parmi eux, on trouve Nobody Wants to Die. Ce jeu se distingue non seulement par son récit noir rétro-futuriste impressionnant, mais aussi par sa réflexion troublante sur des problématiques contemporaines, telles que les inconvénients de l’immortalité et l’inégalité économique massive.
Éternellement Jeune
La découverte de Nobody Wants to Die a été une agréable surprise pour moi. L’histoire se déroule plusieurs siècles dans le futur. Pour de nombreux joueurs, son esthétique évoquera des jeux et des films classiques. Des influences de Blade Runner, BioShock, Le Cinquième Élément et Chinatown se mêlent pour créer une vision forte. Des voitures volantes envahissent le ciel urbain, tandis que le décor allie Art Déco et une ambiance industrielle. Ce mélange de styles sert de métaphore visuelle pour illustrer la stratification sociale.
Dans l’univers de Nobody Wants to Die, à l’âge de 21 ans, vous devez céder votre corps à l’État, sauf si vous pouvez en payer le loyer. Les individus peuvent changer indéfiniment de corps, achetés lors d’enchères, échappant ainsi à la mort, mais seulement s’ils en ont les moyens. Ce concept soulève de nombreuses questions philosophiques et offre des métaphores percutantes. Par exemple, les riches peuvent s’approprier les corps des plus pauvres, ce qui évoque une exploitation manifeste. L’un des atouts de Nobody Wants to Die est sa capacité à aborder ces idées profondes sans lourdeur.
Chasseur de Démons Personnel
Vous incarnez James Karra, un détective au caractère bien trempé qui ne respecte pas les règles et ne tolère pas l’ineptie. Karra est hanté par la mort de sa femme et traîne avec lui un lourd bagage émotionnel et des addictions. L’intrigue débute lorsque Karra et sa partenaire, Sara, qui communique par radio, sont appelés à enquêter sur un suicide présumé. La victime est Green, le créateur ultra-riche de la technologie d’immortalité. Karra et Sara utilisent divers outils pour examiner la scène, dont un dispositif portable capable de remonter le temps. Les équipements de Karra sont des amalgames inventifs de technologie numérique et mécanique, typiques du rétro-futurisme.
L’enquête soulève bien plus de questions qu’elle n’apporte de réponses, et l’arc narratif s’étoffe. Je ne dévoilerai pas davantage sur l’intrigue, qui se déroule sur environ six heures de jeu. Plusieurs fins sont également disponibles, et la qualité de l’écriture ainsi que des visuels incitent à au moins une seconde partie.
Sur le plan mécanique, quelques petites frustrations subsistent, comme les mini-jeux de timing associés à certains équipements. Les enquêtes, quant à elles, laissent peu de place à la créativité. Bien que Karra prenne de nombreuses décisions influençant l’histoire, la plupart des scènes d’investigation sont scénarisées.
Scénario de Maître
Le noir se caractérise par des personnages sombres, une prose incisive et un ensemble de tropes. Le héros confronté à ses démons au fond d’un verre, l’amour perdu, les trahisons et les manipulations. Nobody Wants to Die embrasse tous ces éléments. Grâce à une écriture et une interprétation vocales excellentes, le jeu rend hommage au genre. Le scénario réussit à développer ses personnages et son univers de manière approfondie, sans jamais tomber dans la superficialité.
De plus, l’art directionnel du jeu et son attention minutieuse aux détails de l’univers sont impressionnants. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un monde ouvert, les scènes et les zones sont reliées par des transitions cinématographiques. Comme dans les meilleurs décors rétro ou cyberpunk, Nobody Wants to Die propose des environnements que j’aurais voulu explorer en profondeur, même si je n’aimerais pas y vivre. La bande sonore intense du jeu rend hommage aux classiques du noir, oscillant entre orchestral et jazzy, tout en maintenant une tension constante. Malheureusement, elle peut parfois devenir répétitive, avec des boucles de musique trop évidentes.
Sur PC, j’ai rencontré quelques problèmes graphiques, peut-être liés à un flou de mouvement excessif, où le changement de champ de vision rendait tout flou. À part cela, le jeu fonctionnait bien sans problèmes majeurs.
Rejouez, Karra
Comme les meilleures œuvres de fiction de genre, Nobody Wants to Die utilise son récit, ses personnages et son univers pour aborder des préoccupations plus profondes. En l’occurrence, l’allégorie traite des inconvénients de l’immortalité ainsi que des spectres du pouvoir et de la richesse. Bien que certaines parties du jeu ne soient pas aussi efficaces que l’écriture et le jeu d’acteur, Nobody Wants to Die laisse une impression forte et durable. C’est l’un des jeux les plus originaux et marquants que j’ai joués cette année.
Les Points Positifs
- Construction du monde exceptionnelle
- Écriture et interprétation excellentes
- Narration et thèmes intrigants
- Ambiance immersive
85
Les Points Négatifs
- Quelques bugs
- Certains mini-jeux agaçants
- Des tropes parfois trop familiers